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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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d’apprendre la présence de Marie et du petit bâtard près de Napoléon, et saisira aussitôt ce prétexte pour ne pas venir le retrouver. Aussi, au cours d’une promenade, demande-t-il à son « épouse polonaise » de quitter l’île. Marie s’incline. Elle partira le lendemain soir, le samedi 3 septembre. Soulagé, l’Empereur invite à déjeuner quelques officiers polonais qui sont à la tête de la poignée de chevau-légers et de lanciers venus rejoindre le proscrit. Le repas est servi sous la tente. Un des convives a apporté une flûte et joue une mazurka. Sous les ombrages, Napoléon enlace Marie dont une écharpe d’hermine couvre les épaules, et danse... Tous les soucis sont oubliés. Le soir, il exige que le petit Alexandre prenne place à table.
    — Il est bien trop turbulent, déclare Marie.
    — Cela importe peu, répond l’Empereur, j’ai été très diable et très volontaire lorsque j’étais petit. Je donnais des coups à Joseph et je le forçais encore à faire mes devoirs. Si j’étais puni par du pain sec, j’allais l’échanger contre le pain de châtaignes de nos bergers, ou j’allais chez ma nourrice qui me donnait des poulpettes que j’aime beaucoup !
    — Je crois, Sire, remarque Marie, que si on en offrait à Votre Majesté, elle les trouverait moins bonnes !
    — Pas du tout, j’en mangerais avec plaisir !
    Mais l’enfant devient vite insupportable.
    — Tu ne crains donc pas le fouet ? lui demande Napoléon. Eh bien, je t’engage à le craindre, je ne l’ai reçu qu’une fois et je me le suis toujours rappelé...
    Il raconte alors à son fils l’histoire de la mémorable fessée administrée par Mme Letizia au petit Napoleone à Ajaccio, parce qu’il s’était moqué de sa grand-mère, Mme Fesch, en imitant sa claudication.
    — Eh bien, que dis-tu de cela ?
    — Mais je ne me moque pas de maman, répond l’enfant.
    L’Empereur l’embrasse en s’exclamant :
    — C’est bien répondu !
    Tandis que tombe la nuit, ils se promènent de nouveau parmi les fleurs qui forment un tapis multicolore sous les hauts châtaigniers. Que de changements depuis Finckenstein et Schoenbrunn ! Que l’on est loin ici du faste des Tuileries ! Les deux amants évoquèrent-ils la gloire passée, le destin de la Pologne ou les espérances de l’avenir ? Leurs coeurs eux-mêmes avaient changé, leur amour de naguère n’était plus désormais que le tendre attachement de deux vieux amis...
    Le lendemain soir, Napoléon accompagne Mme Walewska jusqu’à Marciana-Alta. C’est déjà la séparation. Marie offre à l’exilé de lui laisser ses bijoux :
    — Vous avez besoin d’argent.
    Napoléon refuse... Après un dernier au revoir, la comtesse descend maintenant vers Poggio et Marciana-Marina où le brick est venu jeter l’ancre. L’Empereur, une immense détresse lui serrant le coeur, la regarde s’éloigner. Le ciel s’est couvert de gros nuages aux reflets plombés, le vent souffle, une lourde et oppressante chaleur pèse sur l’île. Et, soudain, l’orage éclate, des trombes d’eau s’abattent. Napoléon envoie aussitôt un officier à Marie : il interdit l’embarquement. Mais Bernotti, qui accompagne la comtesse, en voyant la mer se creuser dangereusement, a déjà donné l’ordre au brick de mouiller de l’autre côté de l’île, dans l’anse plus abritée de Porto-Longone. Dès qu’il apprend ce changement d’itinéraire, Napoléon saute à cheval et, sous la rafale, galope vers Porto-Longone. Il longe la mer, traverse Procchio, gravit le mont qui domine la plage de la Biodola, descend vers Bivio Boni, passe près de l’endroit où la comtesse Walewska a débarqué deux jours auparavant. Après une incroyable chevauchée de trente-quatre kilomètres, il atteint, trempé, le petit port, alors que le jour va se lever... pour apprendre que Marie, obéissant à sa volonté, a quitté l’île. En dépit du danger, le brick, tandis que les lames déferlaient sur le pont, est parvenu à gagner la haute mer.
    En attendant d’avoir des nouvelles, Napoléon reste à Porto-Longone où s’est embarquée Mme Walewska. Il va s’installer chez le dévoué colonel Germanovski – Polonais, lui aussi... – et gouverneur de la forteresse de San Giacomo qui a été construite par Philippe III d’Espagne, sur le modèle de la citadelle d’Anvers. C’est aujourd’hui un pénitencier. L’on ne peut visiter les six petites pièces que

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