Napoléon
bien... »
Napoléon semble maintenant le désirer, lui aussi, et ne plus considérer comme un obstacle la médiocrité des Mulini ou de ses autres «palais ». Il envoie à Aix le colonel Laczinski, porteur d’une lettre dans laquelle, cette fois, il prie Marie-Louise de venir le rejoindre. L’ex-impératrice – elle est encore sincère – paraît toujours vouloir partir pour Porto-Ferrajo, mais l’empereur d’Autriche lui ordonne de regagner Vienne directement : « Que tu n’ailles pas, lui écrit-il, avant la fin du Congrès, à Parme ou dans les villes de là-bas, car cela peut nuire à ton fils sans être vraiment utile. Tu sais que je ne te veux que du bien et que je ne t’écris pas cela pour rien. Ta présence dans notre voisinage pendant le Congrès peut devenir plus nécessaire que tu ne le penses. »
Poussée, en outre, par Neipperg, entourée, dit-elle, de « contre-police autrichienne, russe et française », la malheureuse remet à Laczinski une lettre destinée à l’Empereur et dans laquelle elle dépeint sa situation de prisonnière. On l’empêche de s’embarquer pour l’île d’Elbe : « Malgré cela, fie-toi à mon désir d’y aller, il me fera affronter tous les obstacles, et certainement à moins que l’on n’emploie la force, je serai bientôt avec toi, mais je ne sais a quoi l’on se portera. Je suis bien malheureuse de ne pas être déjà avec toi à ton heureuse île, cela serait le paradis pour moi ; fie-toi à moi, je t’écrirai franchement, si c’était moi qui m’opposerais à y aller, tu me connais assez pour cela, et je te prie de ne pas croire ce que l’on pourrait te dire là-dessus. Je tâcherai de partir le plus tôt possible, en attendant, je ne laisse pas reposer un moment ton officier... » Et Laczinski repart.
Neipperg, alors, attaque. Sans doute n’est-il pas encore devenu l’amant de Marie-Louise, mais exerce-t-il sur elle assez d’influence pour empêcher toute fugue. Napoléon, qui ne se doute encore de rien, envoie à Aix un second messager : le capitaine Hurault, époux d’une des lectrices de l’ex-impératrice, qui remet à Marie-Louise une nouvelle lettre : « Ton logement est prêt et je t’attends dans le mois de septembre pour faire la vendange. Personne n’a le droit de s’opposer à ton voyage. Je t’ai écrit là-dessus. Viens donc. Je t’attends avec impatience. »
Nous connaissons les réactions de Marie-Louise par le rapport que Neipperg adresse à Vienne : « Cet écrit fit la plus profonde impression sur l’Impératrice et affecta immédiatement sa santé. Cette nouvelle preuve d’une conduite sans les moindres égards (sic) confirme à elle seule l’Augustissime Princesse dans son aversion (sic) contre un voyage auprès de Son mari. Ce voyage ne se fera jamais sans l’autorisation de Votre Majesté, car il semble lui inspirer bien plus la peur que le désir d’être réunie à son mari... »
Neipperg est parvenu à ses fins et « l’Augustissime Princesse » écrit le 31 août à son père : « J’ai reçu, il y a trois jours, un officier de l’Empereur avec une lettre dans laquelle il me dit de venir sans attendre, toute seule à l’île d’Elbe où il m’attend en se consumant d’amour... Soyez assuré, très cher papa, que maintenant j’ai moins envie que jamais d’entreprendre ce voyage et je vous donne ma parole d’honneur de ne vouloir jamais l’entreprendre sans vous en demander la permission. »
Quelques jours plus tard, sur le chemin du retour vers l’Autriche – exactement le 27 septembre, à l’auberge du Soleil d’Or, au Righi – l’amoureuse Marie-Louise, après avoir renvoyé le domestique désigné pour dormir au travers de la porte de sa chambre, se donnait à Neipperg. À son arrivée à Vienne, elle écrira à sa mauvaise conseillère, Mme de Montebello, en employant un ton désinvolte inhabituel chez elle : « Figurez-vous que dans les derniers jours de mon séjour à Aix, l’Empereur m’a envoyé message sur message pour m’engager à venir le rejoindre, à faire une escapade avec M. Hurault tout seul, et m’a fait dire de laisser mon fils à Vienne, qu’il y était et que lui n’en avait pas besoin ; j’ai trouvé cela un peu fort et je lui ai répondu franchement que je ne pouvais venir à présent... Je n’irai pas pour le moment dans l’isle d’Elbe et je n’irai jamais (car vous savez mieux que personne que je n’en ai pas envie), mais
Weitere Kostenlose Bücher