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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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l’Empereur est vraiment d’une inconséquence, d’une légèreté... »
    C’est fini. Marie-Louise est redevenue autrichienne et ne sera plus jamais à Napoléon.

    Le 1 er janvier 1815, le valet de chambre Marchand entre dans la chambre de l’Empereur aux Mulini :
    — Que me donnes-tu pour mes étrennes ?
    — Je ne peux que former le voeu de voir Votre Majesté réunie à l’Impératrice et au roi de Rome.
    Napoléon le regarde, les yeux humides, et se lève en soupirant :
    — Pauvre enfant !
    Au commissaire Campbell, il se plaint d’une voix émue :
    — Mon fils m’est enlevé comme jadis les enfants des vaincus pour orner le trophée des vainqueurs. On ne peut citer dans les temps modernes pareille barbarie.
    Cependant, pour le 1 er janvier, Marie-Louise écrit sa dernière lettre à l’Empereur : « J’espère que cette année sera plus heureuse pour toi, tu seras au moins tranquille dans ton isle et tu y vivras heureux de longues années pour le bonheur de tous ceux qui t’aiment et te sont attachés comme moi. Ton fils t’embrasse et me charge de te souhaiter la bonne nouvelle année et te dire qu’il t’aime de tout son coeur ; il parle bien souvent de toi et grandit et se fortifie d’une manière étonnante. Il a été un peu malade cet hiver, j’ai tout de suite consulté Frank qui m’a rassurée en disant que ce n’était que des accès de fièvre éphémère ; effectivement, il a tout de suite été bien. Il commence à savoir passablement l’italien, et il apprend aussi l’allemand ; mon père le traite avec bien de la bonté et de la tendresse. Il a l’air de l’aimer tendrement, il joue beaucoup avec lui... »
    Que d’événements en une année ! Depuis bientôt douze mois, elle n’a pas vu son mari et leur vie conjugale semble déjà estompée par le temps...

    Pauline est venue – définitivement cette fois – rejoindre son frère. La « petite païenne » est arrivée avec sa calèche, un monceau de robes transparentes, et s’est installée au premier étage des Mulini, dans l’appartement préparé pour Marie-Louise. Toujours aussi paresseuse, elle se fait descendre sur un carré de velours garni de poignées, de son étage au rez-de-chaussée, pour bavarder avec son frère. Elle se prétend « toujours souffrante », ...ce qui ne l’empêche pas de danser « comme une femme qui jouit d’une très bonne santé », nous affirme le mamelouk Ali. Elle reprend ses habitudes et, ainsi que le disait Mme de Staël, « ajoute une page et une image à l’histoire galante des dieux ». Aux Mulini, comme à San Martino, on retrouve sa statue par Canova. Elle est nue – totalement – et dans une position bien joliment instable.
    — Cela ne vous a point gênée de poser en si simple appareil ? lui demanda un jour quelqu’un.
    — Pourquoi ? Il y avait du feu, répondit-elle en riant.
    La « petite païenne » est toujours la complaisance même – cela l’amusait – et, ainsi qu’autrefois aux Tuileries ou à Fontainebleau, elle facilite les aventures de son frère en choisissant trois dames de compagnie jolies et souriantes : Mmes Colombani, Bellina et Lise Le Bel. La première était sage, les deux autres ne l’étaient point... et l’Empereur aime toujours les amours d’antichambre. Il les trouve commodes et sans complication. La jeune Lise Le Bel – « charmante personne », nous dit Marchand, « qui ajoutait à sa beauté en la faisant adroitement valoir », renchérit Pons de son côté – avait été « distinguée » – l’expression est encore du valet de chambre – à Saint-Cloud. Mais la présence trop ostensible du beau-père, l’adjudant-commandant Le Bel, avait, un soir, à Longone, gêné l’Empereur. Le mari de la jolie Espagnole Bellina, le Polonais chef d’escadron Stupiski – sut plus adroitement et silencieusement fermer les yeux. Le charme inexprimable de la jeune femme – cette fois, c’est encore Pons qui parle – sut d’autant plus sûrement se déployer « qu’aucune Castillane n’avait jamais mieux dansé le fandango : danse enivrante qui se prête si bien au développement de toutes les grâces ». Ces « grâces », Napoléon les paya quatre mille francs-or à son retour aux Tuileries et, écrit le naïf Marchand : « A quelques jours de là, cette dame reçut une invitation à dîner et. put offrir elle-même ses remerciements à Sa Majesté {39} . » Pauline, « dont les

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