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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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placé hors des relations civiles et sociales et que, comme ennemi et perturbateur du repos du monde, il s’est livré à la vindicte publique. »
    Perfide, Talleyrand se frotte les mains en voyant l’empereur d’Autriche s’avilir, au point de signer calmement ce document qui n’était rien d’autre qu’une gifle infamante administrée au mari de sa fille, au père de son petit-fils !
    — Il fallait lui faire mettre sa signature au bas d’une sentence de mort civile, expliquera le prince, et non d’une déclaration de guerre. On peut toujours traiter avec un ennemi ; on ne se remarie pas avec un condamné.

    Le lundi 13, l’Empereur quitte Lyon pour l’hôtel Sauvage de Maçon.
    À Paris, le roi n’a désormais plus d’espoir qu’en Ney. Depuis le 10 mars, le maréchal barre la route de Paris, répétant sans cesse qu’il ramènera Bonaparte dans une cage de fer.
    — Il vaudrait mieux le ramener mort dans un tombereau, suggère le sous-préfet de Poligny qui est partisan des méthodes expéditives.
    — Non, répond Ney, vous ne connaissez pas Paris. Il faut que les Parisiens le voient.
    Le 11 mars, on apporte au prince de la Moskowa la proclamation écrite par l’Empereur en vue du golfe Jouan. Après avoir poussé un soupir, on l’entend s’exclamer :
    — On n’écrit plus comme ça !... Le Roi devrait écrire ainsi. C’est de cette manière qu’on parle aux soldats et qu’on les émeut !
    Puis, marchant de long en large dans son bureau, il répète à haute voix : « La victoire marchera au pas de charge. L’Aigle avec les couleurs nationales volera de clocher en clocher jusqu’aux tours de Notre-Dame ! »
    Cependant Ney, après avoir poussé un lourd soupir, demeure résolu à combattre. Il n’a pourtant sous ses ordres que six mille hommes peu sûrs, échelonnés de Besançon à Bourg, tandis que l’Empereur a maintenant auprès de lui quatorze mille soldats ! Le maréchal va bientôt recevoir le billet que lui a adressé Napoléon : « Venez me reprendre à Chalon, je vous recevrai comme au lendemain de la Moskowa. » Puis il apprendra que, partout, claquent les drapeaux tricolores. On vient enfin lui dire – ce qui est alors faux – que Louis XVIII s’apprête à quitter Paris ; on lui révèle – ce qui est inexact – que l’Angleterre se trouve dans le complot et que Metternich – ce qui peut alors paraître plausible – a été mis au courant avant le départ de l’île d’Elbe et qu’il a fermé les yeux pour ennuyer le tsar... Alors que, jusqu’à présent, le sang français n’a pas coulé, Ney, en combattant son ancien chef, va-t-il déclencher une guerre civile ? Il n’ignore pas les sentiments de ses soldats. Désespéré, il déclare :
    — Que voulez-vous, je ne puis arrêter l’eau de la mer avec la main !
    Les affronts subis durant ces derniers mois remontent en foule à son esprit :
    — Je ne veux plus être humilié, je ne veux plus que ma femme revienne chez moi les larmes aux yeux des humiliations qu’elle a reçues dans la journée. Le roi ne veut pas de nous, c’est évident !...
    Le 14 mars – ce soir-là l’Empereur couchera à Châlon-sur-Saône, à l ’hôtel du Parc –, le maréchal réunit ses troupes. Il regarde ses hommes mornes et pâles... Ney va perdre la tête.
    — J’étais dans la tempête, avouera-t-il plus tard devant le tribunal royal qui l’enverra face à un peloton d’exécution.
    Ses soldats le voient tirer son épée du fourreau, la lever bien haut :
    — Officiers, sous-officiers et soldats, crie-t-il, la cause des Bourbons est à jamais perdue !...
    Un grand cri de Vive l’Empereur ! couvre sa voix. Une clameur de délivrance jaillit des poitrines et c’est aussitôt une embrassade générale. Le maréchal parcourt les rangs « comme un homme en délire », embrassant « jusqu’aux fifres et aux tambours ».
    Deux jours plus tard, la nouvelle connue à Paris, un placard est accroché à la grille de la colonne Vendôme : «  Napoléon à Louis XVIII. Mon bon frère, il est mutile de m’envoyer encore des soldats. J’en ai assez ! »
    La belle sérénité du roi – pour ne pas dire son inconscience – commence à être atteinte. L’ordonnance que le souverain a signée afin d’appeler les gardes nationaux aux armes – on espérait réunir trois millions d’hommes ! – n’a donné aucun résultat. Il en est de même pour le rappel sous les drapeaux des cent

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