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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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interpelle le colonel Roussille.
    — Je vous donne l’ordre d’ouvrir.
    — Je ne reçois d’ordres que du général.
    — Je le destitue.
    — Je connais mon devoir, je n’obéirai qu’au général.
    Fou de colère, La Bédoyère, s’adressant aux soldats de Roussille, s’écrie :
    — Arrachez-lui ses épaulettes !
    Quelques instants plus tard, les charrons du faubourg Saint-Joseph enfoncent les portes aux cris de Vive l’Empereur ! tandis que le général Marchand et seulement deux à trois cents hommes s’enfuient au grand galop par la porte Saint-Laurent.
    Plus tard, à Sainte-Hélène, Napoléon approuvera l’attitude loyaliste du commandant de la place de Grenoble :
    — Marchand s’est bien conduit, dira-t-il ; je n’ai pu l’employer (durant les Cent-Jours) à cause de la politique.
    On demeure surpris en constatant que le même sentiment lui fit garder bien peu de reconnaissance envers celui qui, en accourant vers lui avant Grenoble, avait doublé les effectifs de son « armée ».
    — La Bédoyère a agi comme un homme sans honneur, déclara-t-il encore ; il a trahi puisqu’il avait juré fidélité au roi !
    Cette fois, la même « politique » l’obligera, arrivé à Paris, à nommer général le jeune colonel du 7 e de ligne et, en ce soir, du 7 mars, La Bédoyère est le sauveur !
    À l’hôtel des Trois Dauphins {50} où Napoléon est descendu, on lui apporte à défaut des clefs, les vantaux de la porte de Bonne.
    Le lendemain, il passe en revue ses forces et, en défilant devant lui, les hommes montrant leurs cocardes, crient : « C’est celle d’Austerlitz !... C’est celle de Friedland !... Je l’avais à Marengo ! »
    Et l’Empereur pourra s’exclamer :
    — Jusqu’à Grenoble, j’étais aventurier ; à Grenoble, j’étais prince.

    Ce même jour, à six heures du matin, un courrier porteur d’une dépêche urgente arrive chez le prince de Metternich. Le ministre s’est couché vers trois heures du matin, après une conférence fort tardive des représentants des cinq puissances, qui se trouvent toujours réunis à Vienne pour le fameux Congrès. Le valet de chambre, voyant sur l’enveloppe tracés ces mots : «  Du Consulat général impérial et royal à Gênes  », croit devoir réveiller son maître et lui remet la dépêche. « J’essayai de me rendormir, racontera le chancelier, mais après ce réveil il me fut impossible de retrouver le sommeil. Vers sept heures trente, je me décidai à ouvrir l’enveloppe. Elle ne contenait que les six lignes suivantes : « Le commissaire anglais Campbell vient d’entrer dans le port pour s’informer si personne n’avait vu Napoléon à Gênes, après sa disparition de l’île d’Elbe. La réponse étant négative, la frégate anglaise a repris la mer sans tarder. »
    Metternich saute de son lit, s’habille en hâte et, à huit heures du matin, se fait annoncer près de l’empereur François.
    — Napoléon paraît avoir envie de courir de grands risques, constate l’empereur, c’est son affaire. La nôtre est de donner au monde cette tranquillité qu’il a troublée pendant tant d’années. Allez tout de suite trouver l’empereur de Russie et le roi de Prusse ; dites-leur que je suis prêt à donner l’ordre à mes armées de prendre une fois de plus la route de la France. Je ne doute point que ces deux souverains ne se joignent à ma marche.
    « À huit heures quinze, raconte Metternich, j’étais chez l’empereur Alexandre qui tint le même langage que l’empereur François. À huit heures trente, le roi Frédéric-Guillaume III me donna la même assurance. À neuf heures, j’étais rentré chez moi. J’avais déjà convoqué le feldmarschall prince Schwarzenberg. À dix heures, les ministres des Quatre Puissances se réunissaient dans mon bureau... »
    On vit arriver Talleyrand en clopinant, un Talleyrand empesé, inaccessible, enflé d’insolence, préparant déjà en lui-même la « mise hors la loi du brigand ». Pour l’instant, enveloppé dans son flegme, il était presque le seul à prendre la nouvelle avec calme. Son collègue Alexis de Noailles ne parlait pas, il hurlait :
    — Maintenant qu’il s’est échappé, il faut le pendre !
    Ce à quoi le roi de Prusse répondit avec sagesse :
    — Avant de le pendre, il faut le prendre et ce ne sera guère facile !

    Alors que le jeudi 9 mars Napoléon va passer la nuit à Bourgoin – à l’ancien

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