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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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qu’il compromet le sort de la France !
    Tandis que les roquettes – les fusées à la Congreve inventées par le major britannique Whyniates – rayent le ciel, effrayent les combattants et font cabrer les chevaux, la bataille n’est maintenant plus qu’une suite de charges furieuses et insensées. Dix fois, sous le chaud soleil, les lourdes masses de chevaux, de cuirasses et de sabres levés se lancent sur les Anglais en un galop éperdu et, malgré la précision de la fusillade ennemie, parviennent jusque sur les rangées de baïonnettes hérissées qui ouvrent les poitrails et désarçonnent les hommes. Dix fois les cuirassiers viennent se reformer autour d’un petit bois, chaque fois un peu moins nombreux et, de nouveau, leurs chevaux, haletants, l’écume à la bouche, croupes bondissantes, crinières frémissantes, vont s’abattre sur les lignes anglaises et tentent d’y percer la fameuse brèche. Les trompettes s’époumonent, les hennissements de douleur se mêlent à la clameur des hommes et au crépitement des armes à feu. Chaque fois, la charge héroïque de ces centaures drapés de fer est rejetée vers la plaine. « J’étais ému plus que je ne puis l’exprimer, dira le colonel Trefcon, et malgré les dangers que je courais moi-même, j’avais les larmes aux yeux et je leur criai mon admiration ! Les carabiniers surtout me frappèrent. Je vis leurs cuirasses dorées et leurs casques briller sous le soleil, ils passèrent à côté de moi et je ne les revis plus ! »
    On entend Ney crier encore une fois à Drouet d’Erlon :
    — Tiens bon, mon ami, car toi et moi, si nous ne mourons ici, nous serons pendus par les émigrés !
    Pendant ce temps, la Garde est parvenue à s’emparer de Plancenoit. Là, c’est au tour des ennemis à fuir « comme frappés d’épouvante ». Ils jettent armes et bagages pour rejoindre plus vite la gauche anglaise. De Ja cinquième division britannique forte de quatre mille hommes, il ne reste plus que cinq cents combattants.
    — Je n’y puis rien, déclare paisiblement Wellington, il faut qu’ils gardent leur position comme moi jusqu’au dernier homme. Dieu veuille que la nuit ou Blücher arrive !
    C’est Blücher qui arrivera le premier au rendez-vous.
    Les Français occupent les coteaux au-delà de Plancenoit. Cependant, les fuyards anglais répandent un « instant la terreur qui les anime » dans les rangs des Prussiens de Bülow. Toute la gauche ennemie vacille, mais l’Empereur ne peut envoyer des renforts pour exploiter ce succès – et sa besogne faite, la Garde rejoint Napoléon. Dès son arrivée, l’Empereur se met à sa tête et se dirige à son tour vers le plateau.
    À cet instant, du côté de la ferme de Papelotte, les Prussiens – le gros de Blücher, cette fois, fort de trente mille hommes – débouchent sur le champ de bataille. Ils vont bientôt l’envahir. Napoléon envoie une partie de ses forces dans leur direction. Il en détache encore pour les confier à Ney qui prétend qu’avec l’infanterie « il enlèverait tout ». Mais les décharges des tireurs anglais couchent dans les seigles et les blés, comme un gigantesque coup de faux, la première vague française. La seconde ligne oscille, et un grand cri traverse le champ de bataille comme une traînée de poudre :
    — Nous sommes trahis !
    Napoléon s’est placé près de la Haye-Sainte, à quelques pas en arrière de deux batteries d’artillerie de la Garde où la mitraille ennemie décime les canonniers, mais les survivants n’en poursuivent pas moins leur feu nourri.
    Les Prussiens de Blücher, bien que fatigués par leur marche harassante, repoussent les Français et obligent l’Empereur à revenir vers la Belle-Alliance, tandis que la cavalerie anglaise charge avec autant de fougue que Ney – mais avec plus d’efficacité. Les fantassins, taillés en pièces, se trouvent entremêlés avec les dragons de Wellington. Les rescapés se jettent le ventre dans les « grains ». Les cavaliers ennemis s’arrêtent et sondent dans le dos des Français avec leurs lances ou leurs sabres « comme des médecins tâtent le pouls, pour voir si l’on est mort ».
    Un autre cri encore jamais entendu court maintenant de bouche en bouche :
    — La Garde recule !
    Les huit bataillons de la Vieille Garde qui se sont formés pour se porter en avant vers le plateau du Mont Saint-Jean, et qui sont parvenus au fond du vallon, effectuent, en effet, un

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