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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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la dépêche parlait aussi « de lier les communications avec le gros de l’armée ».
    Quant au premier messager, parti dans la nuit du samedi au dimanche, on n’en avait plus entendu parler. Aussi, lorsqu’un peu plus tard, l’angoisse le serrant à la gorge, Napoléon demandera à Soult combien d’officiers il avait envoyés pour porter à Grouchy, le 17 au soir, l’ordre formel de venir le rejoindre :
    — J’en ai envoyé un, répond le nouveau major-général.
    — Ah ! s’écrie l’Empereur. Ah ! Monsieur ! Berthier en aurait envoyé cent !
    Cependant Grouchy, l’esprit toujours obnubilé par les ordres de l’Empereur lui enjoignant de poursuivre Blücher, veut se rendre à Wavre ! Et n’en démord pas... Comme l’a fort bien dit le commandant Lachouque, la guerre d’inspiration était interdite à un lieutenant de l’Empereur.
    Soult, rappelons-le, – avait envoyé une dépêche, le 18 juin, à une heure et demie de l’après-midi, dépêche qui atteindra Grouchy à cinq heures devant Wavre. Cette fois, le texte est précis : « En ce moment, la bataille est engagée sur la ligne de Waterloo en avant de la forêt de Soignes. Ainsi manoeuvrez pour rejoindre notre droite. Nous croyons apercevoir le corps de Bülow sur les hauteurs de Saint-Lambert. Ainsi ne perdez pas un instant pour vous rapprocher de nous et nous joindre et écraser Bülow que vous prendrez en flagrant délit. »
    Que le maréchal ait lu – comme certains l’ont dit – la bataille est gagnée pour la bataille est engagée, peu importe ! La suite de l’ordre n’en demeurait pas moins nette et précise : sans perdre un instant Grouchy devait rejoindre l’Empereur. Mais il était cinq heures et, même s’il avait enfin compris et avait obéi à ce nouvel ordre, Grouchy serait arrivé trop tard devant le Mont Saint-Jean...

    Drame affreux : la bataille est en train « d’échapper » à l’Empereur. Les charges – furieuses et légendaires – de Ney, vont commencer. L’Empereur a donné son accord pour laisser le maréchal « balayer » le plateau, et lui a envoyé les cuirassiers de Michaud en renfort. Celui-ci, passant avec ses lourds cavaliers devant son camarade Lefebvre-Desnouettes placé à la tête de la cavalerie légère de la Garde, lui crie :
    — Je vais attaquer, soutiens-moi ! Lefebvre-Desnouettes s’imagine que la charge est générale et s’ébranle à la suite des cuirassiers. Ainsi que l’a si clairement expliqué Louis Madelin – il faut toujours en revenir à lui –, toute cette masse allait combattre « sans ordres précis, sans plan, sans direction, Ney usurpant, en quelque sorte, ce commandement que, Murat écarté, Grouchy s’était naguère vu attribuer. Le maréchal, enchanté de voir arriver deux fois plus de chevaux qu’il n’en attendait, put, lui aussi, croire que Napoléon entendait qu’il enlevât à l’esbroufe tout le Mont Saint-Jean et, à la tête de cette considérable cavalerie, il s’élança droit sur la ligne anglaise stupéfaite. »
    Certains officiers – tel l’aide de camp Kennedy – s’étonnèrent que l’on tentât, contrairement à l’usage, une attaque de cavalerie contre une infanterie « encore non ébranlée » par les décharges de l’artillerie. Abrités par un repli de terrain derrière lequel les soldats de Wellington s’étaient mis à plat ventre, les « habits rouges » avaient assurément peu souffert de la canonnade,
    Ney fonce cependant avec ses cavaliers habillés et casqués d’acier. Les sabres et les lances jettent des éclairs dans la poussière soulevée par des milliers de sabots : un bruit de tonnerre roule, s’avance et couvre les sonneries des trompettes. C’est admirable, mais nullement décisif. Les tirailleurs anglais de la première ligne sont balayés par la vague de fer et de chevaux, mais ceux du deuxième rang résistent et cinq mille dragons, hussards et lanciers ennemis réussissent à « reconduire » Ney jusqu’au bas de la côte.
    Napoléon – il s’est maintenant avancé à la hauteur de la Belle-Alliance – se rend compte de l’immense erreur du prince de la Moskowa qui, ce jour-là, semble si exalté que certains ont pu parler de folie.
    — C’est un mouvement prématuré qui pourra avoir des résultats funestes pour cette journée !
    Et quelques minutes plus tard, on entend encore l’Empereur soupirer :
    — Le malheureux, c’est la seconde fois depuis avant-hier

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