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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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changement de front afin de faire face aux Prussiens qui sans relâche dévalent de la gauche anglaise. Une seule solution : se former en carré et battre en retraite.
    Partout d’Hougoumont à Plancenoit, l’armée française est culbutée, écrasée, enfoncée. Partout elle plie, lâche pied, et fuit. C’est la fin...
    Un dernier cri parcourt la « morne plaine », le plus terrible celui-ci :
    — Sauve qui peut !
    — Venez voir, mes amis, comment meurt un maréchal de France ! hurle Ney, essayant de rallier – mais en vain – quelques pelotons pour se lancer dans une ultime charge : celle de la mort.
    La nuit descend sur le champ de bataille. L’Empereur a trouvé refuge au centre de l’un des carrés du 1 er régiment des grenadiers de la Garde. Napoléon est entré dans l’Histoire en frappant les trois coups de Toulon, Vendémiaire et Arcole. Sortir de l’Histoire l’épée à la main, frappé par une balle ennemie, quelle belle fin pour sa légende ! Il cherche la mort, mais celle-ci ne veut pas de lui ! C’est protégé par un triple rang de baïonnettes qu’il recule vers la France.
    L’ennemi ne parvient pas à entamer les carrés de la Garde. Cambronne, au milieu du 2 e bataillon du 1 er chasseurs, lance sa phrase immortelle :
    — La Garde meurt et ne se rend pas !
    Cria-t-il encore « autre chose » ? La légende l’affirmera toujours... En dépit de Cambronne lui-même qui déclarera ne se souvenir de rien et qui, peut-être, pour prouver qu’une bonne fois pour toutes, il avait dit à l’ennemi ce qu’il avait sur le coeur, épousera une Anglaise...
    Et c’est la retraite de Waterloo.
    Cent cinquante musiciens précèdent la Garde tout en jouant – pour la dernière fois – les airs triomphants du Carrousel. Les bonnets à poil suivent en bon ordre alors que les boulets et la mitraille anglaise continuent à pleuvoir. Derrière eux, autour d’eux, devant eux, c’est la panique et la débandade vers la France, tandis que la cavalerie ennemie sabre les traînards. La route est si encombrée par le flot des vaincus que l’Empereur, tel un automate, s’avance à travers champs...
    La cohue traverse Genappe. Il faut lire le récit que fera plus tard, la rage au coeur, le capitaine Coignet : « Les soldats de tous les corps et de toutes les armes, marchant sans ordre, confondus, se heurtaient, s’écrasaient dans les rues de cette petite ville, fuyant devant la cavalerie prussienne qui faisait un « hourra » derrière eux. C’était à qui arriverait le plus vite de l’autre côté du pont jeté sur la Dyle. Tout se trouvait renversé. Il était près de minuit. Au milieu de ce tumulte aucune voix ne pouvait se faire entendre... Rien ne pouvait les calmer... Ils n’écoutaient personne, les cavaliers brûlaient la cervelle de leurs chevaux, des fantassins se la brûlaient pour ne pas rester au pouvoir de l’ennemi ; tous étaient pêle-mêle. Je me voyais pour la seconde fois dans une déroute pareille à celle de Moscou. »
    Dans la nuit, en arrière des Quatre-Bras, près de quelques grenadiers qui ont allumé un feu, l’Empereur s’est arrêté et, impuissant, assiste à l’atroce débâcle. Un témoin le voit, « debout, immobile, les bras croisés sur sa poitrine, et regardant vers Waterloo ! » Soudain une idée lui traverse l’esprit : il faudrait essayer de placer quelques troupes aux Quatre-Bras :
    — Il est déjà tard, dit-il au colonel de Baudus, si, en arrivant, l’ennemi voit cette position occupée, il est probable qu’il arrêtera là sa poursuite.
    « Je repartis au galop, écrira le colonel de Baudus ; mais en approchant des maisons, je fus accueilli à coups de fusils. Je revins en prévenir l’Empereur, et je l’engageai à se retirer, car il n’était plus couvert par personne. Quelques larmes s’échappèrent de ses yeux. »
    C’est avec ces larmes de l’Empereur que se terminent à la fois la bataille et l’épopée.

    Dans la nuit du 20 au 21 juin la berline impériale s’arrête à la maison de poste de Villers-Cotterêts. Le jeune Alexandre Dumas est accouru avec les badauds. De nouveau, l’Empereur quitte sa somnolence et demande :
    — Où sommes-nous ?
    — A Villers-Cotterêts, sire.
    — À combien de lieues de Soissons ?
    — A six lieues, sire.
    — À combien de lieues de Paris ?
    — A vingt lieues, sire.
    — Faites vite !
    Et, comme il y a huit jours, il retombe dans son

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