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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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Amérique. Craignant que la foule ne s’oppose à son départ, il fait sortir son carrosse par la grande entrée, tandis qu’il traverse à pied le jardin. À la porte donnant sur les Champs-Élysées, attend la voiture du grand-maréchal Bertrand. Le soleil est éclatant. Napoléon remonte, pour la dernière fois, les Champs-Élysées. Il passe devant l’Arc de Triomphe inachevé et auquel travaillent des ouvriers, puis la berline descend le grand chemin conduisant à Neuilly.

    Malmaison est tout en fleurs. Le lendemain, Napoléon reçoit la visite de la comtesse Walewska et du petit Alexandre. Longuement elle pleure dans ses bras et lui propose de le suivre vers l’exil... Il lui promet de l’appeler auprès de lui si les événements le permettent... Mais – et elle le sait bien – les événements obligeront l’Empereur à tisser sa légende, à se peindre en martyr pour la postérité, à forger ainsi le trône de l’Aiglon – et non à finir bourgeoisement sa vie au côté de l’une de ses maîtresses — fût-elle la douce Marie...
    Il accueille maintenant son banquier Laffitte :
    — Tenez, lui dit-il, voici huit cent mille francs. Je vous enverrai cette nuit dans un fourgon trois millions en or, je vais mettre de plus dans votre calèche mon médailler. Vous me garderez ça.
    « Je m’approchai de son bureau, a conté Laffitte, je m’assis sur son fauteuil, je pris du papier et j’allais écrire lorsque, me retenant le bras, il me dit :
    — Qu’allez-vous faire ?
    — Vous donner une reconnaissance, Sire.
    — Je n’en ai pas besoin.
    — Je puis mourir, je dois garder le secret : cette somme n’étant pas inscrite sur mes livres, il vous faut un titre.
    — Et si je suis arrêté en route, je puis vous compromettre.
    — Quand je rends un service, Sire, je ne calcule pas le danger.
    — N’importe, je dois le calculer pour vous. Je n’en veux pas.
    « Une somme aussi considérable, poursuit le banquier, confiée sans titre ! Les débris de sa fortune, le pain de son exil ! Je n’ai pas reçu de témoignage de confiance aussi glorieux, ni qui m’ait tant touché {52} . »
    Le lendemain, l’Empereur envoie chercher la reine Hortense. Elle le trouve dans le jardin éblouissant de soleil. À son côté un homme que la fille de Joséphine ne connaît pas. Un jeune enfant qui paraît avoir neuf ou dix ans se tient auprès d’eux. Il s’agit du petit comte Léon, le fils de Mlle Denuelle.
    — Hortense, interroge l’Empereur en entraînant sa belle-fille à l’écart, regardez cet enfant, à qui ressemble-t-il ?
    — C’est votre fils, Sire, c’est le portrait du roi de Rome.
    — Vous le trouvez ? Il faut donc que ce soit. Moi, qui ne croyais pas avoir le coeur tendre, cette vue m’a ému. Vous paraissez instruite de sa naissance. D’où la connaissez-vous ?
    — Sire, le public en a beaucoup parlé, et cette ressemblance me prouve qu’il ne s’est pas trompé.
    — J’avoue que j’ai longtemps douté qu’il fût mon fils. Cependant je le faisais élever dans une pension de Paris ; l’homme qui s’en était chargé m’a écrit pour connaître mes intentions sur son sort ; j’ai désiré le voir et, comme vous, sa ressemblance avec mon fils m’a frappé.
    — Qu’allez-vous en faire ? Sire, je m’en chargerais avec plaisir, mais ne pensez-vous pas que ce serait donner sujet à la méchanceté de s’exercer contre moi ?
    — Oui, vous ayez raison. Il m’eût été agréable de le savoir auprès de vous, mais on ne manquerait pas dé dire qu’il est votre fils. Lorsque je serai établi en Amérique, je le ferai venir.
    « Je m’approchai de cet enfant beau comme un ange, a raconté Hortense. Je lui demandai s’il était content dans sa pension et à quoi il s’amusait ; il me répondit que, depuis quelque temps, lui et ses camarades jouaient à se battre et qu’ils faisaient deux partis : l’un appelé les Bonapartistes et l’autre les Bourbonistes. Je voulus savoir de quel parti il était :
    — De celui du roi, me dit-il.
    « Et quand je lui en demandai le motif, il me répondit :
    — Parce que j’aime le roi et que je n’aime pas l’Empereur...
    — Quelle est la raison qui vous fait ne pas aimer l’Empereur ?
    — Je n’ai aucune raison, si ce n’est que je suis du parti du Roi.
    L’enfant parti, Napoléon confie à Hortense :
    — Cette vue m’a ému : il ressemble à mon fils. Je ne me croyais pas

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