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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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façade du château...
    — Que c’est beau la Malmaison !...
    Mais attendre davantage devenait imprudent ! Les Prussiens sont là... On entend le canon qui se rapproche et les ponts que l’on fait sauter pour retarder la marche de l’ennemi. Peut-être à cet instant, l’Empereur se souvient-il de sa récente conversation avec Fleury de Chaboulon :
    — Votre Majesté n’est point faite pour se sauver !
    — Où voyez-vous que je me sauve ?
    — Qu’il serait beau de voir Napoléon le... Grand, après avoir déposé cette couronne placée sur sa tête, après vingt années de gloire, venir s’offrir en sacrifice pour racheter l’indépendance de la patrie.
    Se rendre à l’ennemi ? Oui, peut-être...
    — Ce dénouement serait fort beau !
    Mais il n’avait pas accepté ; cependant l’idée restait là, tenace, obsédante...
    Brusquement, il s’arrache à ses souvenirs et se jette dans la calèche où, selon le passeport délivré par Fouché, il doit jouer le rôle du secrétaire de Béker !
    Et ce sont les premiers tours de roue sur la route de Sainte-Hélène...
    Tandis que les chevaux montent au pas la première côte, Napoléon. remarque que le courrier Amaudru porte un couteau de chasse à tête d’aigle. Ce signe pourrait le faire reconnaître ! L’arme est déposée dans la voiture... Amaudru a obéi avec une mauvaise humeur évidente. Arrivé en haut de la côte, il part au galop, non pour préparer les relais, mais pour fuir... Il déserte. On ne le reverra plus.
    Dans la voiture, le silence règne. Pas un mot n’est échangé jusqu’à Rambouillet. Il fait nuit noire lorsque les voyageurs s’arrêtent devant le perron du château. Richard, le concierge, se dépêche d’ouvrir les appartements.
    Après un souper improvisé, les officiers croient que l’Empereur va donner l’ordre d’atteler, mais il décide de se mettre au lit. Espère-t-il un appel du gouvernement provisoire ? La nuit est mauvaise. Ali entend son maître se retourner sans cesse et chercher un sommeil qui le fuit. Au matin, il revêt un frac bleu. Napoléon et ses compagnons montent en calèche. Les postillons évitent la rue où, en dépit de l’heure matinale, une centaine d’habitants s’est massée. A vive allure, l’équipage rejoint le chemin de Chartres par le parc. Tandis qu’ils roulent sur la grand-route, Béker offre de temps en temps à l’Empereur une pincée de tabac. Sur le couvercle en ivoire de la tabatière est gravé le profil de Marie-Louise. Napoléon prend la boîte entre ses mains, la regarde, puis la rend à son compagnon en soupirant, sans proférer une parole.
    À Vendôme, la maîtresse de poste se présente à la portière.
    — Vous venez de Paris ? Est-il vrai qu’il est arrivé un malheur à l’Empereur ?
    Mais, soudain, elle change de couleur ; elle a reconnu Napoléon sous son déguisement. Les larmes lui viennent aux yeux, et, c’est en sanglotant et sans ajouter un mot, qu’elle regagne la maison. Désormais, pendant les relais, l’Empereur, se renfonçant dans le fond de la voiture, la main écrasant sa joue, fera semblant d’être assoupi profondément.
    Durant toute la journée, la course se poursuit sans histoire. Il fait chaud et l’Empereur fait acheter par Ali plusieurs livres de cerises qu’il mange tout au long de l’étape. On approche de .Tours à la fin de la nuit. Napoléon craint que Fouché ne l’ait fait devancer par quelque émissaire... Il appelle le préfet, le comte de Miramon, et l’interroge en faisant les cent pas sur la route. Le fonctionnaire ne sait rien et, un quart d’heure plus tard, la calèche repart.
    Poitiers est traversé sans incident, mais – ce samedi 1 er juillet – la chaleur est telle que l’Empereur se repose durant deux heures au relais situé à la sortie de la ville. À Saint-Maixent, les habitants s’amassent autour de la voiture arrêtée devant l’hôtel de la Poste. Un officier de la Garde nationale s’approche et demande les passeports.
    Le document est curieusement établi. Il n’est question que d’un général, de son secrétaire et d’un domestique. Or, avec Ali qui est sur le siège, les voyageurs sont au nombre de cinq... et pas un n’est en uniforme ! Le rassemblement grossit et l’inquiétude étreint les voyageurs.
    L’officier est parti pour l’hôtel de ville avec le passeport... et ne revient pas ! Béker remarque dans la foule un lieutenant de gendarmerie, l’appelle, se

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