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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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Bertrand – et finalement donne l’ordre à Nicholls de voir le « général », même par la force. Napoléon fait alors mettre des .barres derrière les volets de ses fenêtres, et placer des fusils et des pistolets près de son lit. « Il jurait, nous dit Ali, d’étendre sur le seuil de la porte celui qui serait assez hardi pour franchir cette limite. Il ajoutait qu’on ne pénétrerait dans son intérieur que lorsque lui, Napoléon, ne serait plus qu’un cadavre. »
    Un voile noir va continuer à former un écran entre Longwood et le reste du monde. C’est maintenant presque la solitude. L’Empereur ne reçoit plus d’étrangers. Montholon a laissé partir Albine avec un sentiment voisin de l’épouvante. Il déclare à Lowe « qu’il ne prolongera pas son séjour dans l’île plus de six mois après le départ de sa femme. » Mme de Montholon a d’ailleurs reçu la mission de trouver un remplaçant. Les Bertrand, eux aussi, ne pensent qu’à la relève...
    On attendait cependant d’Europe l’arrivée d’un médecin, d’un prêtre, de deux domestiques... Et ici se place un nouveau drame.
    Le 22 mars 1818, le grand-maréchal Bertrand écrivait de Sainte-Hélène au cardinal Fesch qui vivait, à Rome, auprès de Madame Mère : « Nous avons senti, et nous sentons tous les jours le besoin d’un ministre de notre religion. Vous êtes notre évêque. Nous désirons que vous nous en envoyiez un français ou italien. Veuillez, dans ce cas, faire choix d’un homme instruit, ayant moins de quarante ans, et surtout d’un caractère doux et qui ne soit pas entêté des principes antigallicans. »
    D’autre part, le maître d’hôtel et le cuisinier étaient alors malades. « Il serait donc nécessaire, ajoutait Bertrand, que vous, ou le prince Eugène, ou l’Impératrice, envoyassiez un maître d’hôtel et un cuisinier français ou italien, de ceux qui ont été au service de l’Empereur ou qui le seraient des membres de la famille. » Enfin Bertrand demandait que l’on se mît à la recherche d’un médecin français « d’une réputation faite ».
    Si le maître d’hôtel et le rôtisseur sont désignés sans difficulté, Madame Mère et Fesch arrêtent leur choix sur un abbé corse, le cacochyme Buonavita, prêt à descendre au tombeau, – il quittera d’ailleurs Sainte-Hélène avant la fin de la tragédie – et un pauvre prêtre, Vignali, d’une ignorance effarante, « une sorte de pâtre ». Comme médecin, ils écartent la candidature du docteur Foureau de Beauregard – ancien premier médecin de l’Empereur – et choisissent Antommarchi, un simple préparateur de dissections à l’amphithéâtre de Florence.
    — Jusqu’à présent, avouait lui-même cet étrange praticien, je ne me suis occupé que de cadavres.
    « Je tiens de source sûre, annonçait sir John Webb à lord Burgess, ministre d’Angleterre à Florence, qu’il possède plus de talent pour l’intrigue que de connaissances médicales, ces dernières se bornant à la seule anatomie qu’il a étudiée sous la direction de M. Mascagni. »
    Les autres membres de la famille poussent des cris. Pourquoi envoyer à Sainte-Hélène ces trois incapables ? Parce que Madame Mère et le cardinal Fesch sont persuadés que Napoléon a quitté sa prison ! Ils en sont convaincus car ils tiennent l’extraordinaire nouvelle d’une voyante autrichienne, une visionnaire qui soutient qu’elle voit quotidiennement la Madone...
    On croit rêver en lisant cette lettre datée du 31 juillet 1819, et adressée par le prélat à Las Cases : « D’après toutes nos lettres, vous avez dû comprendre l’assurance que nous avons de la délivrance et des époques de la manifestation, quoique les gazettes et les Anglais veulent toujours insinuer qu’il est toujours à Sainte-Hélène, nous avons lieu de croire qu’il n’y est plus et, bien que nous ne sachions ni le lieu où il se trouve, ni le temps où il se rendra visible, nous avons des preuves suffisantes pour persister dans nos croyances et pour espérer même que, dans peu de temps, nous l’apprendrons d’une manière humainement certaine. »
    Et il ajoute : « Il n’y a pas de doute que le geôlier de Sainte-Hélène oblige le comte Bertrand à vous écrire comme si Napoléon était encore dans ses fers ! »
    Napoléon ignorait le drame qui se jouait à Rome. En recevant, après quatre années de captivité, ce premier secours de sa famille, il

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