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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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praticien de son choix qui, selon lui, deviendrait une manière d’espion placé à son chevet par le gouverneur. Aussi, durant les six mois qui vont suivre, Napoléon demeura sans autres soins que ceux appliqués par ses fidèles en suivant les prescriptions d’O’Meara.
    Au cours de l’été 1818, Montholon écrivait à Marie-Louise : « L’Empereur Napoléon se meurt dans les tourments de la plus affreuse et de la plus longue agonie. Oui, Madame, celui que les lois divines et humaines unissent à vous par les liens les plus sacrés, celui que vous avez vu recevoir les hommages de presque tous les souverains d’Europe, celui sur le sort duquel je vous ai vue répandre tant de larmes lorsqu’il s’éloignait de vous, périt de la mort la plus cruelle, captif sur ce rocher au milieu des mers, à deux mille lieues de ses plus chères affections, seul, sans amis, sans parents, sans nouvelles de sa femme, de son fils, sans aucune consolation. » Il suppliait Marie-Louise d’intervenir. Elle ne répondra même pas !
    Au mois de janvier 1819, l’Empereur est si peu bien – les évanouissements succèdent aux évanouissements, il se plaint d’une violente douleur au côté droit – qu’il accepte de se faire examiner par un ami d’O’Meara, médecin à bord du Conqueror, le docteur Stokoë. Celui-ci diagnostique une hépatite chronique.
    — Combien de temps peut-on vivre avec une maladie de cette sorte ? questionne-t-il.
    — Mon Dieu ! il y a des gens qui atteignent avec cela un âge fort avancé.
    — Oui, mais les chances sont-elles les mêmes dans un climat tropical ?
    — Non.
    — Quel est le danger à craindre ?
    — Que l’hépatite devienne aiguë.
    Stokoë répète le mot à Hudson Lowe. Ce mot qui, répandu en Europe, aurait prouvé l’indéniable climat insalubre du plateau de Longwood avait le don de mettre le gouverneur en transes. Aussi mène-t-il la vie dure à Stokoë et celui-ci préfère, lui aussi, demander son rapatriement.
    Le gouverneur, après avoir traité le médecin de « grand coupable », le fera passer en cour martiale, en l’accusant d’avoir, entre autres griefs, employé pour parler du « Général » le mot : le patient, et d’avoir rédigé « des bulletins alarmants de santé ». Le malheureux sera mis à la retraite avec une pension de cent livres... Voilà ce qu’il pouvait en coûter à un médecin assez hardi pour oser affirmer que le prisonnier de Longwood était atteint d’hépatite.
    Et l’Empereur – durant sept nouveaux mois – demeura sans médecin...

    Au début du mois de mars 1819, Napoléon apprend que les souverains et les ministres réunis en congrès à Aix-la-Chapelle, ont décidé de maintenir à Sainte-Hélène jusqu’à sa mort le prisonnier de l’Europe – ce « pouvoir de la Révolution, concentré dans un individu ». Voici le vaincu, ainsi que l’a demandé la Russie, « mis hors la loi des nations » ! Jusqu’alors Napoléon avait espéré pouvoir un jour quitter sa prison. Désormais le rocher sera son tombeau ! Et il n’a pas encore cinquante ans ! La désillusion est totale, atroce ; il s’enferme chez lui et refuse de sortir. Il se sent, ce soir-là, bien bas... Ses insomnies deviennent interminables – et lorsqu’il sort, tout en sueur, d’un bref sommeil lourd et épais, c’est pour retrouver la médiocrité de sa courette et, toujours, le plateau où soufflent les permanents alizés...
    Le 2 avril 1819, il recevra pour la dernière fois un visiteur. Il s’agit d’un cousin de lord Liverpool – Ricketts – revenant des Indes. Napoléon, malade ce jour-là, le reçut couché. « Il ressemblait, écrira Ricketts, au tableau qui le représente penché sur le cabestan du Northumberland et à un portrait français où un lancier couronne son front. Son teint ne me parut pas plus blême que d’ordinaire, pas de cernure particulière aux yeux, aucune marque indiquant qu’il souffrît d’une maladie de foie ou d’une autre grave affection. »
    Durant quatre longues heures, il parle :
    — Dites à lord Liverpool que je désire quitter cette île qui est néfaste aux personnes atteintes de mon mal. Je souffre depuis longtemps, Sainte-Hélène est malsaine ; les troupes de la garnison éprouvent une forte mortalité. Qu’on me place quelque part, en Europe, que vos ministres m’assignent une résidence dans n’importe quel comté ; ils ne s’en repentiront pas. Je suis un soldat, je

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