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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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d’ailleurs presque contrarié par les attentions du gouverneur ; il aime mieux rester brouillé avec le personnage, ainsi qu’il l’avoue à Bertrand...

    Le matin du 4 octobre 1820, Napoléon part à cheval avec Bertrand et Montholon. Archambault et trois domestiques suivent avec des provisions. Ils s’engagent sur la route longue de cinq kilomètres que Lowe a fait construire pour rejoindre Plantation à Longwood, mais ils l’abandonnent à mi-parcours. L’Empereur a, en effet, décidé d’aller déjeuner de l’autre côté du pic de Diane, à Mount Pleasant, chez un ancien haut fonctionnaire devenu planteur : sir William Doveton, dont les descendants habitent toujours à Sainte-Hélène. De là, on découvre tout le sud de l’île. Partout, dans les taillis et les pâturages, des massifs d’arums, de fleurs du Cap, de mimosas, d’immortelles, de daturas, de jupes de demoiselles. Les chemins sont bordés de piquets taillés dans du bois qui, quelques semaines plus tard, prendra racines, branches et feuilles, et se transformera en arbres tortueux. Le paysage où se dresse le pic de Lothe et qui est borné du côté de la mer par les aiguilles acérées des Oreilles d’âne – l’ancien cratère – est grandiose et d’une sauvage beauté. Ce dantesque éboulis de couleur brun-rouge et violacée rappelle les Canadas de Ténériffe.
    Dominant ce cirque, adossé à des croupes boisées d’araucarias, dont les silhouettes semblent échappées de quelque estampe japonaise, voici Mount-Pleasant. On dresse la table sous un grand cèdre entouré de fleurs d’hibiscus et de camélias blancs. Sir William est invité par l’Empereur à partager le repas : pâté froid, dinde froide, fricassée de poulet, jambon et porc. On prend le café au salon avec Mr Greentree, fille de sir William. Il est plus de neuf heures du matin : c’est l’heure du breakfast anglais, aussi le planteur est-il tout surpris de voir ce que Napoléon mange à cette heure matinale. On sert même du Champagne.
    Au retour, le phaéton l’attend à Hut’s Gâte. Il s’assoupit, tandis que la voiture le ramène vers Longwood. Ce fut la dernière promenade de l’Empereur hors de l’enceinte.
    Quelques jours plus tard, Lowe se trouve brusquement devant son prisonnier qui, à demi étendu dans le phaéton, fait une courte promenade à l’intérieur des limites. « Dès qu’ils m’aperçurent, racontera-t-il, ils ordonnèrent de prendre une autre route, mais cela ne put se faire assez vite pour empêcher de bien voir le profil du général Bonaparte, à environ trente pas de distance. Il portait un chapeau rond et un surtout vert étroitement boutonné sur la poitrine. Je le trouvai beaucoup plus pâle que la dernière fois que je l’avais vu, mais il n’avait pas maigri, J’aurais été pourtant porté à croire à un relâchement des fibres et à l’incapacité, pour le moment, de tout exercice actif. Un teint d’une pâleur morbide caractérise en général sa physionomie, et toute indisposition ajoute naturellement à cette pâleur ».
    C’est déjà la pâleur de la mort... Six mois après cette rencontre, l’Empereur ne sera plus qu’un agonisant.
    Il ne parvient pas à oublier Albine. Le départ de Mme de Montholon continue à le bouleverser et à assombrir ses pensées.
    — Votre femme semait des fleurs sur ma tombe, explique-t-il à Montholon, depuis son départ il n’y croît plus que des ronces.
    Des ronces ! Il pense, en prononçant ce mot à Fanny... Mme Bertrand ne vient plus à Longwood et refuse d’accompagner le prisonnier dans ses promenades. Depuis le départ de la comtesse de Montholon, le charme indéniable de la femme du grand-maréchal a agi sur l’exilé. Il se mit à aimer son « buste de salon »... L’élégante Fanny est grande, mince, blonde aux yeux noirs. « Cette dame, nous dit Marchand un peu naïvement, avait beaucoup de charme dans la conversation : elle avait une taille élégante, un pied charmant... » Seul le nez fâcheusement proéminent gâte un peu le visage. Napoléon lui fait comprendre qu’une place est à prendre.
    — Elle est si sotte qu’elle ne vient pas me voir, constate l’Empereur ; et pourtant je pourrais lui donner un médaillon de diamants.
    Mais Fanny se drape dans sa dignité : il ne peut être question de tromper le grand-maréchal !
    Cependant, Antommarchi est reçu quotidiennement chez les Bertrand – ils sont maintenant installés, sur le

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