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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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emplois ; c’est que toute espèce de servage et de liens intermédiaires entre le souverain et la dernière classe du peuple soit entièrement abolie... Il faut que vos peuples jouissent d’une liberté, d’une égalité, d’un bien-être inconnus aux peuples de la Germanie, et que ce gouvernement libéral produise, d’une manière ou d’une autre, les changements les plus salutaires au système de la Confédération et à la puissance de votre monarchie... Soyez roi constitutionnel ; quand la raison et les lumières de votre temps ne suffiraient pas, dans votre position, la bonne politique l’ordonnerait. »
    Jérôme se moque bien de tout cela et la cour de Cassel sera un gouffre que les minces recettes westphaliennes ne parviendront jamais à combler. « Vous prenez votre royaume pour une femme », lui écrira l’Empereur.
    Il faudra, en outre, rembourser à la France les dettes énormes faites par le roi et que la caisse d’amortissement a bien voulu payer : trois millions – près de dix millions de nos francs actuels – pour ne parler que de la somme dépensée par Jérôme durant les trois mois qui suivent son mariage... Et il y a le reste ! Un reste de quatre-vingts millions de francs de notre époque ! Le frère de l’Empereur finira par emprunter à tout le monde et installera dans sa capitale une tribu de banquiers juifs. Jérôme-Napoléon pourra alors s’amuser tout à sa guise... et ne s’en privera point ! Une nuit, la garde arrêtera quatre ou cinq ivrognes hurlant à tue-tête et insultant les passants. Le chef de poste reconnaîtra avec stupéfaction Sa Majesté westphalienne et ses ministres. Jérôme multipliera également les aventures féminines d’où naîtront une cohorte de bâtards... Catherine se résignera. Enivrée d’amour, elle se mettra, à adorer son cher Fifi – ainsi qu’elle l’appelait. N’est-ce pas l’apanage de la plupart des reines d’accepter dignement d’être trompées ?

    Le 29 juillet 1807, vingt-quatre heures après son retour de Prusse, Napoléon donne aux Tuileries ses audiences dès 8 heures du matin. « Je crois le voir encore, dira le chancelier Pasquier, tel qu’il était ce jour-là, vêtu de son costume d’apparat... Les traits de sa figure calme et sérieuse rappelaient les camées représentant les empereurs romains. Il était petit, et cependant, l’ensemble de sa personne était en harmonie avec le rôle qu’il avait à soutenir. L’habitude du commandement et le sentiment de ses forces le grandissaient. Une épée étincelante de pierreries pendait à son côté ; le fameux diamant connu sous le nom de « Régent » en formait le pommeau. Son éclat ne permettait pas d’oublier que cette épée était la plus rude et la plus victorieuse qui eût paru dans le monde depuis celles d’Alexandre et de César. »
    — Je vous dispense de me comparer à Dieu, déclare Napoléon au ministre Decrès, je veux croire que vous n’avez pas réfléchi à ce que vous m’écriviez.
    Decrès n’a pourtant point tort : l’Empereur peut se prendre pour une émanation divine. L’ancien petit Nabulione a humilié les empereurs, rogné les ongles des rois, coupé leurs ailes aux aigles russes, allemandes et autrichiennes et, maintenant, après dix mois de campagne, il est heureux de redevenir empereur.
    — J’aime le pouvoir, moi, dit-il à Roederer, mais c’est en artiste que je l’aime... Il y a en moi deux hommes distincts : l’homme de la tête et l’homme de coeur ; je joue avec les enfants, je cause avec ma femme, je leur fais des lectures, je leur lis des romans...
    Il s’offre le luxe de traiter de haut, et même avec une certaine arrogance Louis XVIII, contraint par la nouvelle politique du tsar de quitter Mitau et d’aller se réfugier en Angleterre. Comme Alexandre annonce la nouvelle à son récent allié, Napoléon écrit à Savary qui le représente à Saint-Pétersbourg : « Le tsar est dans l’erreur s’il croit que j’attache la moindre importance à ce que peut faire le comte de Lille ; s’il estlas d’habiter la Russie, il peut venir à Versailles ; je ferai pourvoir à tout ce qui lui est nécessaire. »
    L’Empereur – plus que jamais ébloui, fasciné par lui-même – perd le sens de la mesure. Il règne – il faut bien se résigner au mot – en despote.
    — J’ai assez fait le métier de général, déclare-t-il, je vais reprendre celui de Premier ministre et recommencer mes

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