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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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chemin de Tilsit. Louise fond en larmes, mais n’en obéit pas moins au désir de son mari. Elle se met bravement en route afin d’affronter « le monstre ». Le 6 juillet 1807, la souveraine, tout de blanc vêtue, le deuil des reines, arrive au « palais » de son époux : un ancien moulin branlant. Napoléon se fait annoncer. C’est à peine s’il lui demande des nouvelles de son voyage. Il la considère comme seule responsable du conflit qui lui a été imposé et attaque aussitôt :
    — Comment avez-vous osé me déclarer la guerre ?
    — Sire, la gloire du Grand Frédéric nous a trompés, elle était si éclatante que cette erreur nous était vraiment permise.
    Elle s’enhardit et demande :
    — Ne nous laisserez-vous pas Magdebourg et la Westphalie ?
    — Vous demandez beaucoup, mais je vous promets d’y songer... Vous avez une bien jolie robe, qu’est-ce que c’est, madame, cette étoffe-là... Est-ce du crêpe ou de la gaze d’Italie ?
    Louise l’interrompt, les larmes aux yeux :
    — Sire, parlerons-nous chiffons dans un moment aussi solennel ?
    Le soir, au dîner, assise à côté du vainqueur, elle épuise tous les moyens de séduction. N’est-elle pas la plus belle reine de son temps ? Mais Napoléon se contente de lui dire :
    — Pourquoi donc portez-vous un turban ? Ce n’est pas pour faire la cour à l’empereur Alexandre puisqu’il est en guerre avec les Turcs.
    Faire la cour à Alexandre ? Non ! Il l’a déçue, terriblement déçue ! Conquis par Napoléon, épris même, le tsar pactise avec l’ennemi commun ! Elle le lui dira d’ailleurs sans ambages :
    — Vous m’avez cruellement trompée.
    Le dîner terminé, Napoléon tend une rose à la reine :
    — Je l’accepte, murmure-t-elle, mais au moins avec Magdebourg.
    Il n’a rien promis. « La reine de Prusse est réellement charmante, écrira-t-il à Joséphine, elle est pleine de coquetterie pour moi, mais n’en sois point jalouse, je suis une toile cirée sur laquelle cela ne fait que glisser. Il en coûterait trop cher pour faire le galant. »
    Lorsqu’ils se quittent, elle supplie encore :
    — Est-ce possible qu’ayant vu d’aussi près l’homme du siècle, il ne me laisse pas la satisfaction de pouvoir l’assurer qu’il m’a attachée pour la vie ?...
    — Je suis à plaindre, madame, c’est un effet de ma mauvaise étoile.
    Mais il est heureux comme il ne l’a jamais été – et ne le sera jamais plus...
    La Prusse subit un véritable écrasement. Napoléon, stipulera le traité, « par égard pour S.M. l’Empereur de toutes les Russies et voulant donner une preuve du désir sincère qu’il avait d’unir les deux nations par les liens d’une confiance et d’une amitié inaltérable », condescend simplement à ne retirer à Frédéric-Guillaume que ses places fortes – dont Magdebourg – les territoires à l’ouest entre le Rhin et l’Elbe, et toute la part du gâteau polonais découpé lors des fameux partages. C’était « un chef-d’oeuvre de destruction », ainsi que l’écrivait Pozzo di Borgo, horrifié. Et ce n’était pas tout : la Prusse se trouvait contrainte d’entrer dans l’alliance française et les provinces qui lui étaient arrachées allaient former un royaume pour Jérôme !
    « Vous avez été reconnu roi de Westphalie, écrira Napoléon à son frère, le royaume comprend tous les États dont vous trouverez ci-joint l’énumération. » Cassel sera la capitale de ce royaume de 7 000 kilomètres carrés qui, aux provinces prussiennes, réunissait le duché de Brunswick et quelques duchés de Hesse enlevés à leur propriétaire « à cause de sa perfidie ». Il n’y avait dans cette mosaïque, hors la langue commune, aucune unité historique ou géographique. La Westphalie n’était bordée ni par le Rhin ni par la mer. C’est Talleyrand qui se chargera de composer les armoiries de cette arlequinade, en rassemblant deux lions, un cheval et un aigle qui s’ébattaient dans les armes des principautés et duchés composant le nouveau royaume.
    — Cela fait bien des bêtes, remarquera l’Empereur.
    Il faut assagir le nouveau roi, donc le marier et lui faire épouser sa fiancée depuis la fin de 1806, la grassouillette Catherine de Wurtemberg, fille du ventripotent roi de Wurtemberg par la grâce de Napoléon... si ventripotent que l’on avait fait faire des encoches dans les tables devant lesquelles il devait

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