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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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ballon.
    — Mais que me font votre titre et votre nom ridicule ?
    — S’il vous avait dit que vous étiez duchesse, dit Rapp survenant dans le salon et en prenant les deux mains de Mme Junot, je suis sûr que vous l’auriez embrassé comme vous allez m’embrasser...
    — Et de grand coeur, répondit-elle en lui présentant sa joue.
    — Et de plus, annonce encore Rapp, vous avez le plus joli nom de la troupe. Vous êtes duchesse d’Abrantès...
    Berthier, déjà prince de Neuchâtel, est promu vice-connétable, Son Altesse Sérénissime le prince de Bénévent, autrement dit Talleyrand, se trouve nommé vice-grand électeur.
    — Le seule vice qui lui manquât, ricane Fouché en apprenant la nouvelle distinction donnée à son ennemi.
    Napoléon demeurait cependant fidèle à son principe qui voulait qu’un de ses ministres ne puisse cumuler son portefeuille avec une charge de grand dignitaire. Aussi, dès les premiers jours du mois d’août – décision grave pour l’avenir – retire-t-il au prince de Bénévent le ministère des Relations extérieures pour le confier à Champagny. Assurément, Talleyrand espérait que l’Empereur ferait pour lui une exception. Il manifeste alors une certaine rancoeur que cache mal son ton de détachement : « En 1807, affirmera-t-il plus tard, Napoléon s’était depuis longtemps déjà écarté, je le reconnais, de la voie dans laquelle j’ai tout fait pour le retenir, maisje n’avais pu, jusqu’à l’occasion qui s’offrit alors, quitter le poste que j’occupais. Il n’était pas si aisé qu’on pourrait le penser de cesser des fonctions actives près de lui. »
    En fait, Talleyrand ne cessait qu’ « officiellement » ses fonctions. L’Empereur continuera à utiliser ses talents de diplomate, le tenant au courant des affaires et le chargeant des négociations les plus délicates. Mais en le renvoyant du ministère, en le blessant, il allait, selon le mot si juste d’Albert Sorel, « lui fournir l’occasion de se montrer infidèle ». L’été suivant, il exécutera avec brio cette infidélité...
    Pour ceux qui le touchent de près, Napoléon ne se contente pas de les titrer, il les marie. C’est ainsi qu’il donne comme épouse au prince d’Arenberg Stéphanie Tascher de la Pagerie, une petite cousine de sa femme. Une fois de plus, l’Empereur n’a nullement consulté les goûts de la fiancée. Durant toute la cérémonie du mariage, on voit la jeune fille pleurer à gros sanglots et « suffoquer de douleur ». On passe son temps à lui offrir des sels. Pendant le bal, les larmes continuent à rouler sur son visage.
    Puis le maître, au cours de la réception, passe sa « revue » habituelle :
    — Qui êtes-vous ? demande-t-il à une invitée.
    — Sire, je suis Mme Charpentier.
    — La femme du général ?
    — Oui, Sire.
    — Ah ! mon Dieu, comme ce costume de quadrille vous va mal. Vous êtes bien changée.
    Les questions de l’Empereur, comme ses réparties, sont toujours attendues avec terreur. Ne l’a-t-on pas entendu dire un jour à une dame qui venait de lui donner son nom :
    — Ah ! bon Dieu ! on m’avait dit que vous étiez jolie !
    Ce soir-là, aux côtés de Mme Charpentier, se trouvait une fort jolie femme couverte de diamants qui scintillent de mille feux. L’Empereur paraît stupéfait et s’adressant à elle lui demande :
    — Qui êtes-vous, Madame ?
    — Sire, répond-elle en minaudant, je suis Mme Simon.
    — Ah ! oui je sais... dit l’Empereur qui passe en éclatant de rire.
    Il s’agit, en effet, de la trop galante ex-Mlle Lange, la célèbre comédienne. En 1799, elle avait commandé à Girodet son portrait en Danaé. Elle l’avait refusé et l’artiste s’était vengé en envoyant au Salon sa toile représentant la comédienne « lapidée par des gros sous » – portrait qui causa un tel scandale que Mlle Lange dut abandonner le théâtre. L’Empereur s’était souvenu de l’affaire...
    Au cours de ce même bal, il s’arrête devant Mme de Chastenay, cette jeune chanoinesse, voisine des Marmont, qui, en 1795, avait reçu le jeune général Buonaparte, lorsqu’en disgrâce, il remontait vers Paris quelques mois avant Vendémiaire. Mme de Chastenay, aujourd’hui ruinée, s’est placée dans la galerie de Diane et, d’une main tremblante, présente à Napoléon le placet d’où dépend son avenir. L’Empereur regarde la solliciteuse, royaliste de surcroît, sa

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