Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
Vom Netzwerk:
fois que j’entre en discussion avec cette prêtraille.
    Épouvanté à la pensée de voir naître un schisme sous son pontificat, Pie VII accepte, à contrecoeur, de fermer ses ports aux Anglais. Napoléon exige plus encore : Rome doit faire cause commune avec l’Empire et se déclarer « l’ennemi » de tous les ennemis de la France ! Attitude inadmissible pour le lieutenant de Dieu sur la terre ! Aussi, cette fois, le Pape refuse-t-il de s’incliner... et le 10 janvier 1808, le général Miollis reçoit l’ordre de marcher sur la Ville éternelle.
    — Il n’y aura pas de résistance militaire, soupire Pie VII, mais nous ordonnerons qu’on ferme les portes de Rome. Nous nous retirerons au château Saint-Ange avec les personnes qui voudront nous accompagner ; on ne tirera pas un coup de fusil parce que nous avons en horreur l’effusion de sang, mais il faudra que votre général fasse briser les portes. Nous nous placerons à l’entrée du fort, les troupes seront obligées de passer sur notre corps et l’univers chrétien saura que l’Empereur fait fouler aux pieds celui qui l’a sacré...
    Les cardinaux, moins courageux, font comprendre au Saint-Père que le martyre n’arrangerait point les choses. Le mieux est de céder à la force. En attendant la fin de la tragédie, Pie VII supportera avec résignation le joug et les vexations des occupants. On poussera l’inconvenance jusqu’à lui remettre son courrier ouvert !
    Cependant, c’est le Pape, cette ombre d’homme, qui aura le dernier mot. Napoléon le dira un jour :
    — Il n’y a que deux puissances dans le monde, le sabre et l’esprit... À la longue, le sabre est toujours battu par l’esprit.

 
    IX
 
LE GUET-APENS DE BAYONNE
ou
« LA PENTE IRRESISTIBLE »
    Le meilleur moyen de tenir sa parole est de ne jamais la donner.
    N APOLÉON .
    L E Saint-Père a été contraint de se plier au blocuscontinental et, en ce printemps de 1808, Napoléon dans le conflit qui l’oppose à l’Angleterre vient de marquer un nouveau point. En revanche,tout à fait à l’ouest, les Anglais ont fait beaucoupplus que commercer avec le continent européen : ilsy ont pris pied grâce à la complaisance du Portugal devenu une manière de colonie britannique.
    À Fontainebleau – le 15 octobre 1807 – Napoléonavait lancé ces mots à l’ambassadeur de Lisbonne :
    — Je ne souffrirai pas qu’il y ait un envoyé anglaisen Europe ! Si le Portugal ne fait pas ce que je veux,la maison de Bragance ne régnera plus en Europedans deux mois.
    Le gouvernement de Lisbonne, en accord avecLondres fit le simulacre d’adresser une déclaration de guerre aux Anglais, mais Napoléon ne se laisse pas duper par cette comédie. Aussi ordonne-t-il, le 27 octobre 1807, à Junot, mis à la tête d’une fort lamentable armée de conscrits, d’envahir le Portugal. Cependant, pour atteindre la frontière portugaise, les troupes françaises devront traverser plusieurs provinces espagnoles. Et c’est ainsi que l’affaire du Portugal – qui ne sera d’ailleurs qu’une promenade militaire, en dépit de la médiocrité de l’armée de Junot – va se transformer en l'affaire d’Espagne. Non point parce que Charles IV veut s’opposer au passage des troupes françaises d’invasion – la platitude de ce roi Bourbon devant Napoléon finit par écoeurer – mais, bien au contraire parce que, convoitant une part du gâteau portugais, le roi d’Espagne en signant – ce même 27 octobre 1807 – avec l’Empereur un traité de partage, devient son allié. Aussi, tout naturellement, lorsque se déclenchera à Madrid un conflit familial, qui dégénérera vite en conflit national, le descendant de Louis XIV appellera-t-il Napoléon au secours.
    Point de personnages plus désastreux que les membres de la famille royale espagnole – « des crétins sans chair, sans âme et sans sentiment », précisait la comtesse d’Albany – et il sufffit de regarder l’impitoyable tableau de Goya pour se convaincre qu’il n’y a là nulle exagération. Un jeu de massacre ! Ils sont trois dégénérés au prognathisme prononcé : Charles IV, sa femme Marie-Louise, leur fils le prince des Asturies et, brochant sur le tout, Manuel Godoy, une manière de taureau devenu Premier ministre, amant depuis vingt ans de la reine et favori du roi qui a nommé « son cher Manuel » prince de la Paix.
    Charles IV se souvenait qu’il appartenait à la famille des Bourbons seulement

Weitere Kostenlose Bücher