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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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Hollande : « Le roi d’Espagne vient d’abdiquer ; le prince de la Paix a été mis en prison... J’ai résolu de mettre un prince français sur le trône d’Espagne. Le climat de la Hollande ne vous convient pas. Je pense à vous pour le trône d’Espagne. Répondez-moi catégoriquement. Si je vous nomme roi d’Espagne, l’agréerez-vous ?... »
    Louis, vexé d’être déplacé comme un sous-préfet – « indigné » même, ose-t-il déclarer – refuse, et c’est Joseph qui reçoit l’ordre d’échanger son trône de Naples contre celui de Madrid. Napoléon se souvient qu’il est Corse, il a le tort de vouloir associer le clan à sa fortune, cette fortune qui dépasse l’échelle des valeurs humaines. Non seulement ses frères ne sont nullement préparés à la tâche qui leur incombe l’intelligent Lucien refusant toujours d’entrer dans le système sans sa femme – mais de plus ils se considèrent comme des rois de droit.
    — On n’est pas roi pour obéir, soupirera Murat qui oublie ainsi avoir dit fort justement un jour à Napoléon :
    — Il faut au plus grand homme qui ait existé le plus puissant empire et après avoir créé des comtes, des ducs, des princes d’empire, il vous faut aussi des rois d’Empire.
    La formule est bonne, mais Louis, Jérôme, Joseph, et, prochainement Murat, parlent de « leurs peuples ». Dans l’esprit de l’Empereur, les souverains de Hollande, de Naples ou de Westphalie – et demain d’Espagne – ne sont uniquement que des vice-rois qui doivent servir avant tout l’intérêt français, et ne régner que sur des royaumes inféodés. Il faudra encore attendre quatre années avant que Napoléon comprenne son erreur et qu’il s’exclame :
    — Tous ces Français que j’ai faits rois oublient bien vite qu’ils sont nés dans cette belle France et que leur plus beau titre est celui de citoyen français.
    En attendant, ils ne sont même pas des alliés sur lesquels le frère à qui ils doivent tout puisse compter. À Naples, Joseph, n’opérant aucune réforme, ne s’entourant que d’idéologues, s’est ‘montré un lamentable souverain. Chef de guerre tout aussi incapable, avec une armée de quarante-cinq mille hommes, iln’a même pas tenté une descente en Sicile. Mieux ! Il s’est fait prendre l’île de Capri par les Anglais qui le narguent ainsi sous ses yeux, avec d’autant plus d’insolence.
    C’est pourtant à lui que Napoléon offre l’Espagne ! Sans doute l’Empereur ne s’est-il pas encore emparé de la couronne de Charles Quint, mais il ne doute pas du succès de l’opération. Il exploitera assez indignement, il faut le reconnaître, la présence de deux rois en plein désaccord pour en imposer un troisième...

    Napoléon quitte Paris le 2 avril 1808 pour Bayonne. Broglie, qui le voit passer aux Ormes, l’a remarqué : « Ce n’était déjà plus ce jeune premier consul que j’avais rencontré, pour la première fois, arpentant lestement les Tuileries, donnant son bras droit à Bourrienne, tenant sous le gauche un petit sabre turc, svelte, dégagé, le teint olivâtre et le regard fauve. Même à l’extérieur, tout était changé. Le buste était court et épais, les petites jambes charnues, le teint plombé, le front chauve, la figure affectant la médaille romaine. Je ne dirais point, comme la servante de notre auberge, que, dans tout ce qu’il fît, il avait la couronne sur la tête et le sceptre à la main. Je n’ai, quant à moi, rien vu de pareil. Mais, faisant nombre, comme un autre, parmi les badauds qui se pressaient à son entrée et à sa sortie, il me parut qu’en lui tout sentait l’empereur – et l’empereur des plus mauvais jours. »
    Broglie a vu juste : Napoléon prépare alors une bien ténébreuse machination. Qui en sera le deus ex machina  ? Qui va conduire les Bourbons au guet-apens de Bayonne ? Qui mettra Ferdinand VII dans l’obligation de disparaître ? Qui fera abdiquer Charles IV au profit de Joseph Bonaparte ?
    Le général Savary, nouveau duc de Rovigo.
    On devine la grimace de Murat en recevant à Madrid, au palais du prince de la Paix où il s’est installé, le « haut gendarme » de Napoléon, venu luiapporter non seulement les ordres du maître, mais aussi une grande déception : le trône d’Espagne n’est pas pour lui ! Cependant, pour l’instant, le grand-duc de Berg s’efforce de faire bon accueil au duc de Rovigo qu’il déteste pourtant. De

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