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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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papes les plus saints ne l’étaient pas... En réalité, le fond des choses est que je veux que le Pape accède à la confédération, j’entends qu’il soit l’ami de mes amis, et l’ennemi de mes ennemis... Pour venir au fait, je vous ai mandé afin de vous dire de quitter Dresde dans trois jours et de partir immédiatement pour Rome, et de signifier péremptoirement au Pape qu’il ait à entrer dans la confédération.
    — Votre Majesté, répondit Mgr Arezzo, me permettra de lui répéter ce qui lui a déjà été dit tant de fois : que le Pape étant le père commun des fidèles ne peut se séparer des uns pour s’attacher aux autres : son ministère étant un ministère de paix, il ne peut faire la guerre à personne, ni se déclarer l’ennemide qui que ce soit sans manquer à ses devoirs et compromettre son caractère sacré.
    — Mais je ne prétends pas qu’il fasse la guerre à personne ! s’exclame l’Empereur. Je veux qu’il ferme ses portes aux Anglais et qu’il ne les reçoive pas dans ses États et que, ne pouvant défendre ni ses ports, ni ses forteresses, il me les donne à défendre. Soyez assuré qu’à Rome, ils ont perdu la tête... Je veux être en sûreté dans ma maison. L’Italie tout entière m’appartient par droit de conquête. Le Pape m’a couronné, non pas roi, mais empereur de France, et je succède non pas au droit des rois, mais à ceux de Charlemagne. Si je laisse des souverains en Italie, ce n’est pas pour qu’ils favorisent mes ennemis et me donnent des sujets d’inquiétude. Je veux que vous représentiez tout cela au Pape... Si vous avez la bonne fortune de le persuader, vous lui rendrez un grand service. Je vous avertis toutefois que tout doit être fini pour le 1 er janvier : ou bien le Pape consentira, alors il ne perdra rien, ou bien il refusera, et alors je lui ôterai ses États. Les excommunications ne sont plus de mode et mes soldats marcheront sans hésiter où je voudrai...
    Lorsqu’on rapporta ces paroles à Pie VII, il déclara :
    — Vous êtes les plus forts. Vous serez quand vous le voudrez les maîtres de mes États. Toutes les ressources qu’ils peuvent offrir, vous en disposerez à votre volonté. Je ne serai jamais assez peu sage pour entreprendre de vous résister, mais n’exigez pas mon autorisation expresse et que l’Empereur daigne considérer que les protestations que je ferais auraient moins pour objet de lui déplaire que d’éviter les plaintes de ses ennemis qui deviendraient les miens. Au reste, Sa Majesté peut, quand elle le veut, exécuter ses menaces et m’enlever ce que je possède. Je suis résigné à tout et prêt, si elle le veut, à me retirer dans un couvent ou dans les catacombes de Rome... Si l’Empereur nous renverse, son successeur nous relèvera.
    La lune de miel entre le Pape et l’Empereur estbien morte. Le drame monte... Le 22 juillet 1807, en réponse à un message presque comminatoire du Pape, Napoléon adresse à Eugène une lettre d’une rare violence : « Mon fils, j’ai vu dans la lettre de Sa Sainteté... qu’elle me menace. Croirait-elle donc que les droits du trône sont moins sacrés aux yeux de Dieu que ceux de la tiare ? Il y avait des rois avant qu’il n’y eût des papes... Ils veulent me dénoncer à la chrétienté ! Cette ridicule pensée ne peut appartenir qu’à une profonde ignorance du siècle où nous sommes ; il y a une erreur de mille ans de date. Le pape qui se porterait à une telle démarche cesserait d’être le pape à mes yeux. Je ne le considérerais que comme l’antéchrist envoyé pour bouleverser le monde... Que veut faire Pie VII ?... Mettre mes trônes en interdit ? M’excommunier ?... Croit-il notre siècle revenu à l’ignorance et à l’abrutissement du IX e siècle ?... Certes, je commence à rougir et à me sentir humilié de toutes les folies que me fait endurer la cour de Rome ; et peut-être le temps n’est-il pas éloigné, si l’on veut continuer à troubler les affaires de mes États, où je ne reconnaîtrai le Pape que comme évêque de Rome ? »
    Dans sa fureur, Napoléon va jusqu’à déclarer qu’il envisage de renouveler à son profit le parti pris autrefois par Henry VIII :
    — Je ne craindrai pas de réunir les églises gallicane, italienne, allemande, polonaise, dans un concile, pour faire mes affaires sans pape, et mettre mes peuples à l’abri des prétentions des prêtres de Rome... C’est la dernière

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