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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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qui ne souffre que pour avoir été l’ami de la France, et, en même temps, de nous laisser aller dans un pays qui nous convienne, en compagnie dudit prince. »
    Et la reine avec une inconscience ahurissante écrit de son côté : « Que le grand-duc obtienne de l’Empereur qu’on donne au roi, mon époux, à moi-même et au prince de la Paix, le nécessaire pour vivre tous trois ensemble, en un lieu convenable à notre santé, sans autorité et sans intrigues. »
    Murat, qui a refusé de reconnaître Ferdinand VII, fait dès le lendemain occuper Madrid et suggère à Charles IV de reprendre – provisoirement – sa couronne et d’adresser à Napoléon cette mise au point : « J’ai été forcé d’abdiquer, mais pleinement confiant, à l’heure qu’il est, dans la magnanimité et dans le génie du grand homme qui s’est toujours montré mon ami, j’ai pris la résolution de me conformer en tout à ce que ce grand homme décidera au sujet de mon sort, de celui de la reine et de celui du prince de la Paix. J’adresse à Votre Majesté ma protestation contre les événements d’Aranjuez et contre mon abdication. Je me remets et me confie entièrement au coeur et à l’amitié de Votre Majesté. »
    Murat – bien sûr – espère, grâce à cet imbroglio, obtenir de son impérial beau-frère la couronne d’Espagne. Napoléon n’y pense nullement et le rappelle en ces termes au grand-duc de Berg et de Clèves : « Je songerai à vos intérêts particuliers, n’y songez pas vous-même... Qu’aucun projet ne vous occupe et ne dirige votre conduite : cela me nuirait, et vous nuirait encore plus qu’à moi. » L’Empereur estime que son beau-frère ne comprend strictement rien à la question et le spécifie en ces termes : « Monsieur le Grand-Duc de Berg, je crains que vous ne me trompiez sur la situation de l’Espagne, et que vous ne vous trompiez vous-même... Ne croyez pas que vous attaquez une nation désarmée, et que vous n’ayez que des troupes à montrer pour soumettre l’Espagne. La révolution d’Aranjuez prouve qu’il y a de l’énergie chez les Espagnols. Vous avez affaire à un peuple neuf : il en a tout le courage et il aura tout l’enthousiasme que l’on rencontre chez des hommes que n’ontpoint usés les passions politiques. L’aristocratie et le clergé sont les maîtres de l’Espagne. S’ils craignent pour leurs privilèges et pour leur existence, ils feront contre nous des levées en masse, qui pourront éterniser la guerre. J’ai des partisans ; si je me présente en conquérant, je n’en aurai plus. Le prince de la Paix est détesté parce qu’on l’accuse d’avoir livré l’Espagne à la France... »
    Et le pseudo-Ferdinand VII ?
    « Le prince des Asturies, ajoute l’Empereur, n’a aucune des qualités qui sont nécessaires au chef d’une nation : cela n’empêchera pas que, pour nous l’opposer, on en fasse un héros. Je ne veux pas que l’on use de violence envers les personnages de cette famille : il n’est jamais utile de se rendre odieux et d’enflammer les haines. »
    Napoléon n’apprécie guère les initiatives prises par « le Sabreur » : « Je n’approuve pas le parti qu’a pris Votre Altesse impériale de s’emparer aussi précipitamment de Madrid. Il fallait tenir l’armée à dix lieues de la capitale... Votre entrée à Madrid, en inquiétant les Espagnols, a puissamment servi Ferdinand... Ne brusquez aucune démarche ; je puis attendre à Bayonne, je puis passer les Pyrénées, et, me fortifiant vers le Portugal, aller conduire la guerre de ce côté. » On le voit, les projets de Napoléon ne sont pas arrêtés. Il croit nécessaire de chasser les Bourbons d’Espagne « pour être sûr du trône de France », mais que faire, ensuite, de ce pays qui semble chaque jour se désagréger davantage ?
    — Deux partis se présentent à moi, explique-t-il. Ou m’emparer de toute l’Espagne et y établir un prince de mon sang, en prenant pour prétexte de venger la révolte d’un fils contre son père, d’un sujet contre son roi, ou m’approprier et réunir à la France la province septentrionale de l’Espagne en traitant avec Ferdinand VII et le reconnaissant, sous la condition de cet abandon, roi d’Espagne et des Indes.
    C’est le premier parti – le moins sage – qui va l’emporter : l’annexion de toute l’Espagne. Napoléon adresse alors ces lignes fameuses à son frère Louis, roi de

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