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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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figure se rembrunit, et d’une voix forte il s’écrie :
    — Par quel hasard chez moi ?
    « La malheureuse n’en entendit pas davantage, nous rapporte un témoin de la scène, elle se trouva mal, il fallut l’emporter. On prétend que le lendemain, elle reçut le brevet d’une pension de douze cents francs. »
    Quant à la petite mariée, la réception terminée, elle ne voulut pas recevoir son mari – cette nuit-là ni les autres – et, en dépit des ordres réitérés de Napoléon, refusera de suivre le prince d’Arenberg à Bruxelles.

    Il est assez étrange de constater que seuls deux personnages tiennent alors tête au maître : la nouvelle, frêle et toute jeune princesse d’Arenberg, et un faible prêtre, paré il est vrai d’un titre prestigieux : S.S. le pape. Si les États vassaux ou inféodés avaient accepté d’appliquer le blocus contre l’Angleterre – et comment auraient-ils pu résister ? —, il n’en avait pas été de même de Pie VII. Le conflit avait commencé à la fin de l’année 1805, exactement le 13 novembre 1805. Ce jour-là, Pie VII avait envoyé à Napoléon cette lettre qui avait creusé le fossé entre « les deux moitiés de Dieu » !
    « Nous vous le disons franchement, depuis notre retour de Paris, nous n’avons éprouvé qu’amertume et déplaisir ; nous ne trouvons pas chez Votre Majesté le retour de sentiments que nous nous croyions ! en droit d’attendre de sa justice. Ce que nous devons à nous-mêmes, c’est de réclamer à Votre Majesté l’évacuation d’Ancône, et nous ne verrions pas, si un refus nous était opposé, comment le concilier avec la continuation des bons rapports avec le ministre de Votre Majesté. »
    Ancône ? Le Pape en était là ? Lettre insensée, ridicule, s’était exclamé l’Empereur qui avait répondu en ne se donnant même pas la peine de parler d’Ancône, mais en se déclarant suzerain de la Ville Éternelle.
    — Toute mon ambition est tournée vers l’Italie, avait précisé Napoléon : c’est une maîtresse dont je veux que personne ne partage les faveurs. Le pape sera mon vassal...
    Son vassal ! Le Pape n’était pas seulement le chef de l’Église, mais aussi un prince souverain et indépendant. C’est par ce temporel – ces prétentions temporelles, disait Napoléon – que le conflit devait s’envenimer.
    La nomination de Joseph n’avait pas arrangé les choses. Selon Pie VII, les rois de Naples, avant de s’asseoir sur leur trône, devaient solliciter l’investiture de Rome ! Puis le Pape s’étant élevé contre la mainmise par l’Empereur sur Ponte-Corvo et Bénévent – fiefs du Saint-Siège, bien que faisant partie du royaume de Naples. Napoléon avait haussé les épaules et écrit à Rome : « Votre Sainteté aura pour moi dans le temporel les mêmes égards que je lui porte pour le spirituel... Votre Sainteté est souveraine de Rome, mais j’en suis l’empereur... »
    « Il n’existe pas d’empereur de Rome, réponditPie VII, il ne peut pas en exister sans que le Souverain Pontife soit dépouillé de l’autorité souveraine qu’il exerce à Rome. »
    Dès qu’il eut pris la décision du blocus continental, Napoléon trouva tout naturel que les États du Pape entrassent dans le système fédératif. Il prenait Sa Sainteté pour un chef douanier...
    — Comme prince temporel, expliqua l’Empereur à Talleyrand, le Pape fait partie de ma confédération, qu’il le veuille ou non. S’il fait un arrangement avec moi, je lui laisserai sa souveraineté ; s’il n’en fait pas, je m’emparerai de toutes ses côtes.
    Pie VII estimait n’avoir aucun motif pour se considérer l’allié de celui qu’il avait couronné. Le successeur de saint Pierre ne s’arrogeait pas le droit d’expulser les Anglais de Rome et de fermer ses ports au commerce britannique. Un commerçant des bords de la Tamise ou de la Seine possédait, à ses yeux, l’un comme l’autre, la qualité de chrétien – et c’était là tout ! Pour Napoléon, le Pape, en se considérant à la fois comme le père des fidèles et le roi de Rome, ne suivait pas le chemin que « Jésus-Christ mourant sur une croix » lui avait tracé.
    — Si le Pape n’en passe point par où je veux, déclara Napoléon au Nonce, Mgr Arezzo, je supprimerai son domaine temporel, mais je le respecterai toujours comme chef de l’Église. Il n’y aucune nécessité à ce que le Pape soit souverain de Rome. Les

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