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Néron

Néron

Titel: Néron Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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des femmes. Il va plaire aux bourreaux. Elle s’est moquée de moi quand je l’ai interrogée. Maintenant, elle va vomir tout ce qu’elle sait. Qu’on la déchire morceau après morceau, qu’on ne lui laisse que la langue pour qu’elle puisse encore parler !
    Je ne veux pas accabler les lâches, ceux qui livrèrent leurs parents quand ils entendirent approcher les bourreaux. Lucain fut l’un d’eux. Il dénonça sa mère, Acilia.
    Tant d’autres qui avaient juré qu’ils étaient prêts à mourir pour faire succomber Néron s’avilissaient en livrant les noms de leurs plus proches amis dont beaucoup ignoraient tout de la conspiration, mais, en les dénonçant, ces lâches espéraient gagner le pardon, la clémence de Néron, un peu de cette vie qui, tout à coup, leur paraissait le plus précieux des biens.
     
    Je veux oublier ces chevaliers, ces sénateurs, ces consuls, pour ne me souvenir que d’Epicharis, une femme, une affranchie sur laquelle les bourreaux s’acharnèrent, arrachant sa peau en étroites lanières, retournant et tailladant ses lèvres, brisant ses dents, puis ses genoux, ses bras, lui brûlant les seins et le sexe.
    Mais, quand la nuit de ce premier jour de torture tomba, Epicharis n’avait pas livré un seul nom. Les bourreaux la jetèrent sur le sol de sa cellule, tas de chair meurtrie, âme fière et noble.
    Le lendemain, elle avait à peine bougé, car tous ses membres étaient disloqués et les bourreaux durent la charger sur une chaise afin de la conduire à de nouveaux supplices.
    Comment fit-elle, Epicharis, pour accrocher la bande de tissu qui soutenait ses seins brûlés aux montants de la chaise, et, pesant de tout le poids de son corps, utiliser ce tissu comme un lacet pour s’étrangler ?
    Néron hurla que les bourreaux l’avaient trahi, qu’ils étaient complices de la morte, qu’ils l’avaient eux-mêmes étouffée afin qu’elle ne parlât pas.
    Et les bourreaux furent à leur tour enchaînés en attendant d’être poussés dans l’arène, livrés aux fauves.
     
    La plèbe espérait qu’on lui offrirait des coupables, quels qu’ils fussent.
    On se souvenait du grand carnage de chrétiens qui avait suivi l’incendie de Rome. On ne se satisfaisait plus des chants, des déclamations, des accords des cithares et des lyres. On voulait des corps jetés en pâture aux lions, des chairs qui grésillent, enflammées sur les croix, des combats de gladiateurs.
    C’était ainsi, en de grands jeux offerts par les vainqueurs, que se terminaient le plus souvent les luttes que se livraient dans les palais et les villas les grands de Rome. Et le plus humble, le moins averti des citoyens, le plus méprisé des esclaves savait que l’une de ces guerres était en cours.
    Sur le plateau de l’Esquilin, là où on les châtiait, les torturait, les exécutait, les ensevelissait, les esclaves avaient vu des nobles agenouillés attendant que le glaive s’abattît sur leur nuque.
    Ils avaient reconnu parmi ces condamnés l’ancien consul Lateranus qui, s’étant avancé d’un pas résolu jusqu’au lieu de supplice, avait regardé sans proférer un mot le tribun Statius qui allait lui trancher la tête.
    Ce tribun avait lui aussi fait partie de la conspiration, mais, comme le préfet du prétoire, Faenius Rufus, il était d’autant plus implacable dans la répression qu’il craignait à chaque instant que quelqu’un ne le dénonçât.
    Alors ces hommes tuaient avec une sorte de frénésie.
    On les voyait, à la tête des troupes que Tigellin avaient fait disposer sur toutes les murailles de la ville et jusque dans les rues, s’affairer, donner rageusement des ordres pour qu’on fouillât les maisons, qu’on arrêtât tous les suspects.
    Il suffisait d’un regard, d’un mot, d’un nom jeté par un délateur pour se retrouver couvert de chaînes, conduit dans les cachots ou sur l’Esquilin, voué à la torture ou à la mort immédiate.
    Et chaque fois la plupart de ces prisonniers livraient de nouveaux noms, et les troupes conduites par Faenius Rufus arrêtaient, enchaînaient, rassemblaient de longues colonnes de prisonniers que l’on faisait entrer dans les jardins impériaux où on les interrogeait, les condamnant le plus souvent aux supplices et à la mort.
    Faenius Rufus tremblait que quelqu’un ne le désignât et, pour écarter les soupçons, il se montrait aussi cruel que Néron et Tigellin.
    Mais qui pouvait échapper à Néron dans cette ville

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