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Nice

Nice

Titel: Nice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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porte était encore recouverte de
panneaux de bois peint en vert. Il frappait, essayait d’ouvrir, une voisine,
depuis sa fenêtre au premier étage, criant qu’il n’y avait jamais personne si
tôt le matin « eux, c’est la nuit, disait-elle. Ils ont pas besoin de
travailler dans la journée. Laissez-les là, y a quelqu’un qui vient vers midi ».
    — Tu y vas ? demanda Lisa.
    Un simple coup d’œil qu’elle lui lançait, qu’il fuyait,
fermant la porte de la cuisine, mais Lisa l’ouvrait, le suivait dans le
couloir, disait :
    — Tu sais qu’avec lui…
    Un soir, comme ils allaient se coucher, c’était il y a
environ quatre ou cinq années, Luigi avait frappé à la porte, débordant d’affection,
disant qu’il voulait voir les enfants, entrant dans la chambre, se penchant sur
leur lit, donnant un coup de poing dans l’épaule de Dante qui était encore
levé. « C’est Dante ? Il faut que tu viennes, moi je te trouve ce que
tu veux, tu veux travailler à la ville ? Tu n’as qu’à dire, Merani,
Rancaurel, je leur parlerai de toi, charpentier, chaudronnier de la ville,
huissier à la mairie, quand tu auras fait ton service, tu l’auras ta place à la
ville. Ils se fatiguent pas, ils gagnent, viens voir ton oncle. » Luigi ne
possédait pas encore le Castèu. Il avait quitté le Casino de la Jetée au moment
de partir à l’armée mais il avait été exempté et n’avait pas repris. « Je
me débrouille », disait-il en clignant de l’œil. Les cheveux bouclés, le
visage rond, il avait le corps nerveux. Il s’habillait comme un monsieur, des
vêtements légèrement serrés à la taille. Il montrait à Vincente et à Dante, un
rasoir mécanique « tous les jours, disait-il, je me rase tous les jours,
c’est un cadeau, une Américaine. Là-bas… ». Il passait ses doigts sur sa
joue, « là-bas, ils se rasent même deux fois par jour ». Il ne
gardait plus qu’une mince moustache comme un trait noir.
    Il s’était assis sur le bord de la table.
    — Je vais leur faire des cadeaux à tous, à Noël.
    Lisa restait près de Vincente et il l’ignorait, ne parlant
qu’à son frère, changeant tout à coup de voix.
    — Regarde.
    Il avait sorti de sa poche une montre de gousset, en or,
avec une longue chaîne, il la remontait, écoutait le battement, le faisait
entendre à Vincente, tendait la montre à Lisa mais elle se détournait,
s’éloignant, sortant de la cuisine, fermant la porte derrière elle pour ne pas
entendre, pour ne pas se laisser aller à la colère. C’était le frère de
Vincente. Plus tard, quand Vincente s’était allongé près d’elle, sur le lit,
elle avait attendu qu’il se mette à parler, expliquant que Luigi lui avait
laissé cette montre en dépôt, il avait une dette à régler ce soir, le
mont-de-piété était fermé, eux pouvaient la déposer s’ils avaient besoin.
Vincente avait donné la moitié des économies, celles cachées au-dessus du
fourneau dans une boîte à biscuits en métal. Il avait cherché le corps de Lisa,
la touchant du bout des doigts, mais elle s’était tournée, se mettant sur le
côté, à l’extrême bord du lit, cet argent qu’elle économisait, ces pièces
qu’elle laissait tomber pour écouter leur bruit sur le métal, qui lui
permettaient de payer aux enfants le cirque, quand les forains montaient leur
tente place d’Armes, qu’à coups de masse, à sept ou huit hommes, frappant en
cadence, ils enfonçaient les piquets. Et Lisa écoutait les battements de son
cœur, choc de la masse sur le piquet.
    — Qu’est-ce que tu as ? demandait Vincente. Il a
laissé la montre, elle est en or.
    — Il t’a volé, je sens qu’il t’a volé.
    L’un et l’autre, à voix étouffée pour ne pas réveiller
Antoine et Violette, ils s’étaient affrontés, insultés, Lisa tassée ne bougeant
pas, Vincente se levant, disant qu’il porterait la montre dès le matin, qu’elle
retrouverait cet argent qu’il gagnait, qu’il ne buvait pas, et il allait lui
aussi se mettre à boire, comme tous, pourquoi lui, seulement lui, à ne rien se
payer, Gancia rentrait ivre et sa femme…
    — Tu ne trouveras plus personne, avait dit Lisa, en se
levant à son tour.
    L’un des enfants avait bougé et Lisa et Vincente s’étaient
recouchés. Le matin, il était passé au mont-de-piété, faisant la queue devant
les comptoirs grillagés, tendant la montre et l’employé la retournait,
l’écoutait, accrochait une

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