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Nice

Nice

Titel: Nice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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fois, c’est plus sûr, si quelqu’un a voulu lui
faire porter le chapeau, il se met à l’abri.
    Ritzen et Carlo étaient un matin sur le pas de la porte de
l’une des chambres d’hôtel. Le lit, la forme, comme un renflement de matelas,
une femme couchée sur le ventre, les draps ne couvrant que les mollets, les
cheveux lui cachant le visage, les bras écartés, les mains retombant de chaque
côté du lit et c’était cela, ses mains ouvertes, comme détachées du corps, qui
faisait qu’on ne pouvait croire au sommeil. Lucienne, la bonne, l’avait
découverte :
    — Hé, l’Anglaise, hé ! l’avait-elle appelée.
    Les mains restant immobiles. Madame George était montée, s’approchant
du lit, et plus tard elle racontait à Ritzen :
    — Vous comprenez les draps, on ne dort pas comme ça,
avec les draps sur les mollets, hein, on se couvre ou on se découvre, et puis
sur le ventre, j’ai pensé, ça y est, y a quelque chose !
    Elle l’avait touchée :
    — Là, les doigts, la main.
    Madame George froissait son visage, faisait un bruit avec
les lèvres :
    — J’ai tout de suite compris, alors, je les ai appelés.
    Ritzen était venu plus tard, parce que tenir solidement
Revelli, c’était s’assurer de l’un des fils qui permettent de contrôler une
ville. Alors qu’il descendait l’escalier de l’hôtel – peinture bleue des
murs, tapis rouge usé jusqu’à la corde, rampe poisseuse – Ritzen écoutait
Carlier distraitement :
    — Le type qui a fait le coup, un type de sang-froid, il
l’a ouverte et retournée sur le matelas, pour que ça ne coule pas, croyez-moi,
avec Revelli vous perdez votre temps, ce n’est pas lui, on a voulu lui lancer
ce crime dans les jambes, mais il a déjà pris ses précautions.
    Ritzen n’avait pas perdu son temps. Il avait fait mine de
croire à la culpabilité de Luigi, puis d’être sensible aux alibis :
    — Ah, ton frère, tu as passé la nuit chez Vincente
Revelli, ah bon, ça change tout !
    Enfin, il s’était levé :
    — Entre nous, Revelli, l’alibi, l’histoire de ton
frère, ça ne vaut rien, les jurés n’hésiteraient pas, souteneur, patron de
bistrot, gigolo, parce que avec la vieille d’Aspremont, tu vois le tableau ;
alors ton alibi familial, on sait bien qu’entre frères chez les macaronis on se
soutient. Si je voulais te coincer, il n’y a pas un avocat qui te sortirait de
là !
    Il avait posé sa main sur l’épaule de Revelli :
    — Mais Luigi, je suis sûr que ce n’est pas toi, ton
alibi, je l’accepte, on a voulu te jouer un tour de salaud, qui ? À toi de
savoir, on peut conclure une alliance. Après tout, ce que tu fais, c’est légal.
    Revelli, définitivement dressé, fidèle, obéissant.
    Hier soir, Ritzen l’avait rencontré au Casteù, Revelli
montrant la petite salle :
    — J’ai refusé tous les militaires, y en a qui ont fait
le mur c’est sûr, ils seront pas ici, croyez-moi.
    Les troupes étaient arrivées dans l’après-midi, traversant
la ville, de la gare aux casernes, les cuirassiers ouvrant le défilé, suivis
par la musique du 7 e génie et le drapeau des régiments de chasseurs
et l’infanterie coloniale.
    Le général Tourmelin commandant la région militaire avait confié
à Ritzen :
    — Le président verra que nous sommes prêts, ici c’est
la frontière, vous comprenez, Ritzen ? Les Italiens, avec eux, sait-on
jamais ? Après tout, ils sont toujours les alliés de Berlin et de Vienne,
leurs démonstrations d’amitié, moi ? Picquart a raison d’envoyer ces
troupes, puisque le duc de Gênes sera là avec Fallières, autant faire une
démonstration de force, ce n’est jamais inutile.
    Le président de la République, Armand Fallières, était
arrivé le matin du 25 avril en gare de Nice, accompagné du général Picquart, ministre
de la Guerre, du ministre de la Marine et de Clemenceau.
    Vidal le préfet, avait été inquiet toute la semaine,
rencontrant Ritzen chaque jour :
    — Vous êtes sûr que les syndicats ou les socialistes… ?
Une manifestation contre Clemenceau, et vous et moi, Ritzen, nous trinquons.
    Ritzen était tranquille. Quelques bavardages, quelques
inscriptions sur les murs dénonçant : « l’assassin des travailleurs »,
« le Napoléon des flics » tout cela était facile à contenir. Il avait
convoqué Sauvan. Le charpentier avait refusé de s’asseoir, Ritzen se contentant
de l’avertir :
    — Je vous fais coffrer si je le

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