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Nice

Nice

Titel: Nice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Elle montrait,
au-delà des palmiers. L’Esterel, zébrure noire sur fond rouge.
    Dante resta ainsi quelques minutes, les yeux au niveau du
sol, pendant que, devant l’escalier de marbre, se garaient les voitures,
carapaces qui, dans la lumière rasante, prenaient des teintes feu ou émeraude.
Il apercevait, au moment où les chauffeurs ouvraient les portières, les
chevilles des femmes, puis la robe longue retombait, miroitement de soie sur le
gravier blanc.
    Gustav Hollenstein accueillait ses invités, disait, et
Dante, sans le voir, reconnaissait la voix, l’accent :
    — Soyez les bienvenus au Grand Hôtel des Iles.
    Il embrassait la main d’Elisabeth d’Aspremont.
    — Quel site ! disait-elle. Un palais des Mille et
Une Nuits.
    Merani devant la façade, s’exclamait :
    — Bravo, Hollenstein ! Votre architecte a réussi.
    Il s’interrompait.
    — Vous connaissez mon fils ? Charles.
    Charles Merani était râblé, avec un visage brun où l’on
apercevait d’abord les yeux très mobiles.
    — J’ai un salon pour les jeunes gens, continuait Hollenstein,
danses modernes, jazz… Tenez.
    Il prenait Charles Merani par le bras, le présentait à
Nathalie qui s’avançait. « Ma fille », disait-il, et il la regardait
brusquement comme s’il la découvrait aussi – Nathalie, songeuse, la tête
penchée, un large bandeau de velours noir serrant son cou, soulignant sa
gracilité qu’accusaient aussi la robe blanche, le nu des bras et des épaules,
le chignon qui la grandissait. Austère et douce, Nathalie souriait, s’éloignait
avec Charles Merani, entrait dans le salon où des jeunes gens dansaient dans la
seule lumière des projecteurs du parc. Leurs reflets violents ciselaient les
cuivres des cymbales et des saxophones. Nathalie hésitait à quitter Charles
Merani qu’elle dominait de la tête. Elle s’approchait de Mafalda Revelli qui
s’était assise avec son frère à l’une des tables donnant sur la terrasse.
    — Vous ne dansez pas ? demandait-elle.
    Mafalda, le visage poupin, les cheveux courts, ondulés, une
fleur sur le côté gauche du front, deux grosses perles à ses oreilles, rougissait,
mettant la main ouverte sur son cou.
    — Si, si, répondait-elle.
    Charles Merani l’invitait. Elle se levait, un peu forte dans
sa robe mi-longue ornée de dentelles. L’orchestre commençait un charleston.
    — Je ne danse pas, dit Alexandre Revelli.
    Il hésita, puis, Nathalie Hollenstein restant debout près de
la table, il se leva. Il se tenait un peu voûté, comme si sa taille le gênait
ou bien qu’il voulût la dissimuler ; il se frottait les mains, puis croisait
les bras, les plaçait derrière le dos. Nathalie se mit à rire. À deux ou trois reprises,
Alexandre se passa rapidement la main dans ses cheveux qui bouclaient et qu’il
portait assez longs.
    — Qu’est-ce qu’il y a ? dit-il, en regardant
autour de lui comme Nathalie continuait à rire.
    — Rien, mais vous remuez toujours les bras.
    — Moi ?
    Il regarda ses mains, les enfonça dans ses poches, puis les
en retira. Enfin il se mit à rire.
    — Le massier, commença-t-il, vous ne savez pas ce que
c’est ? Aux Beaux-Arts…
    Il fit un geste d’indifférence.
    — Je bouge encore les mains, dit-il. Oui, je fais de
l’architecture. Alors, le massier, dans un atelier, recueille les fonds.
    — Vous ne voulez pas ? interrogea Nathalie,
l’interrompant.
    Elle montrait les palmiers, les lauriers.
    Ils passèrent sur la terrasse, puis descendirent dans le
parc, suivant la grande allée éclairée. Ritzen, qui arrivait de Nice et cherchait
à se garer parmi les voitures, vit ces deux jeunes gens, l’un gesticulant,
l’autre, grande silhouette fière dans sa robe blanche, qui riait, portant la
main à son chignon pour s’assurer qu’il ne se défaisait pas.
    Ritzen monta les escaliers rapidement. Il était en retard.
Les invités se pressaient devant les buffets, longs soubassements blancs d’où
fusaient les lignes rouges et bleues des œillets et des iris.
    — Excusez-moi, dit Ritzen à Hollenstein.
    — Est-ce le commissaire principal ou l’adjoint au maire
d’Antibes qui est en retard ? demanda Merani en prenant Hollenstein et
Ritzen par les épaules.
    — Le policier, le policier, dit Ritzen. Mais dans
quelques mois, la retraite.
    — Vous nous manquerez, continuait Merani. Vous nous
reviendrez comme député. J’en suis sûr.
    Hollenstein s’écartait, rejoignait Carlo Revelli et

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