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Nice

Nice

Titel: Nice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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hésité deux ou trois jours. L’appartement était
grand, la Promenade des Anglais à cent mètres et la plage à un jet de pierre.
    Il suffisait de traverser. Il y avait le jardin Masséna, les
magnolias et les palmiers. « Si vous attendez un enfant, c’est l’occasion. »
    Des souvenirs, chez Dante, alors qu’il pédale vers la rue de
la République et qu’il sait qu’il va raconter à Denise, qu’elle dira : « Tu
as répondu oui, j’espère ? »
    Elle n’a pas entendu la voix de Merani qui, dans la cour, au
temps où ils vivaient sous son toit, rue Saint-François-de-Paule, criait :
« Vincente, mais qu’est-ce que tu attends, tu dors ? Quel imbécile ! »
Le père et la mère domestiques, et Dante, chaque jour, les avait vus se
soumettre.
    Quand ils habiteraient à l’Hôtel Impérial, que pourrait-il
dire, Dante ?
    — Il ne me restera qu’à me taire, expliquait-il à
Denise.
    Elle s’énervait, elle montrait la cour de la rue de la
République :
    « Pour l’enfant, tu crois que la mer… Et tu refuserais
par fierté, pour des idées auxquelles tu ne crois même plus vraiment… C’est
comme une manie. »
    Ils avaient déménagé trois jours après la naissance de Roland.
Dante et Lebrun avaient repeint l’appartement, installé des placards dans la
cuisine, et le repas de baptême, c’était aussi la pendaison de la crémaillère.
    — Bien sûr, disait Denise à Violette, on a peu de
soleil, mais c’est grand, et puis le quartier… Je n’ai jamais aimé la rue de la
République, c’est très ouvrier. Ici, rue de France, c’est autre chose. Il y a
beaucoup de rentiers, des Anglais. Je vais avec Roland sur la Promenade, à la
plage, mais ton frère…
    Elle fermait les yeux, soupirait :
    — Il est drôle, il n’aime pas, il se sentait mieux
là-bas. Dans cette famille, il n’y a que toi qui a de l’ambition. Dante…
    Violette tendait Roland à Denise. Elle étouffait, elle se
sentait couverte d’une sueur sale, et c’était de rester là, de parler avec eux,
les uns, sordides, les autres, qui renonçaient. Elle rentra dans la salle à
manger. Ils étaient tous debout, prêts à partir. Giovanna tenait Edmond par la
main. Antoine parlait fort avec Lebrun. Les bras croisés, appuyé au buffet,
Monsieur Raybaud les regardait avec hauteur. Le père de Violette faisait
tourner sa casquette entre ses mains, se rapprochait de Louise et de Lucien.
    Violette avait sa voiture. Elle eut l’intention de dire :
« Venez, je vous ramène rue de la République. » Mais c’était plus
fort qu’elle. Elle voulait rompre encore avec eux. Les laisser à leurs sables
mouvants, leur dire à tous, à Barnoin, dont le regard insistant répétait :
« Qu’est-ce que tu fais ce soir ? Pourquoi pas avec moi ? »
À Dante, visage lisse, rond, qui souriait à Roland. Où était-il le marin de
1919 qui la prenait par la main… Et il pleuvait, ils couraient vers un fiacre,
et Violette était fière de son frère, de cette passion qu’elle sentait en lui.
Leur dire à tous qu’elle n’acceptait pas de se laisser plier comme eux. Qu’elle
était d’une autre race. Qu’elle préférait mourir seule, s’il fallait payer la
famille, la maternité d’une telle lâcheté.
    Violette traversa la salle à manger. Elle embrassa son père.
Puis elle fit face à Rafaele Sori, et de nouveau elle fut enveloppée par le
silence. Elle prit Rafaele par le bras, se tourna vers les autres :
    — Celui-là, je l’enlève, dit-elle.
    Son bras tremblait un peu comme elle le passait sous le bras
de Rafaele.
    — Vous voulez bien ? demanda-t-elle. Je vous
ramène.
    Rafaele Sori se mit à rire, et il leva la main en guise
d’au-revoir pendant que Violette l’entrainait.
19
    Ce vent qui lave. Violette Revelli roulait les glaces
baissées, le long de la route du bord de mer, vers Antibes.
    Rue de France, devant la voiture, Rafaele Sori avait retiré
son bras :
    — Je vous offrirais bien quelque chose, mais…
    Il avait fait claquer ses mains sur les poches de sa veste :
    — Pas un franc aujourd’hui. Chômeur.
    — Je vous ramène ?
    Violette ouvrait la portière, Sori secouait la tête.
    — Vous vouliez leur montrer, disait-il.
    Il s’appuyait des deux mains à la voiture, penché vers
Violette. Elle mettait le moteur en marche.
    — Un jour, continuait-il, il faudra qu’on parle, non ?
    — Téléphonez.
    Elle lui lançait un bref coup d’œil, il s’écartait,

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