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Nice

Nice

Titel: Nice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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tu
avertiras maman et tu me retrouveras là-bas pour me dire.
    Je devenais espion, messager, je sauvais mon père, je
traversais plusieurs fois la cour de l’hôtel sans apercevoir le soldat.
     
    — Ils les ont arrêtés pas loin du cantonnement,
expliquait Antoine plus tard. Un mouchard, sûrement. Rafaele avait les journaux
avec lui, les types de l’O.V.R.A. les ont trouvés tout de suite.
    Ma tante Giovanna sortait de la pièce, Edmond et moi nous restions
avec les hommes, les yeux secs.
    — Giovanna, expliquait Antoine comme pour s’excuser,
ils ont déjà tué Francesco, maintenant Rafaele, les deux frères, c’est dur.
    Mon père empruntait le vélo d’Antoine et je le suivais sur
les chemins ravinés des collines de Saint-Pancrace. Nous montions lentement
dans l’obscurité, dans le bruissement des feuilles et de l’eau des rigoles. Les
Italiens avaient établi depuis quelques jours le couvre-feu parce qu’on avait
abattu, place du Pin, un de leurs officiers, mitraillé des camions sur les
bords du Paillon.
    — Ça va, chuchotait mon père ? Reste près de moi.
Tu me vois ?
    Nuit argent au sommet de la colline. Mon père pédalait
devant moi et je le suivais perdant parfois sa silhouette derrière les oliviers
qui dissimulaient un tournant. Il faisait tinter sa sonnette, un seul son, je pédalais
plus vite pour le rejoindre, mes sens avivés par l’émotion. Le vent frais, qui
débordait de la vallée du Var, recouvrait les collines par lesquelles, évitant
la ville, nous rejoignions le Nord, Gairaut et la maison de Carlo Revelli.
    Il paraissait nous attendre, silencieux pourtant, les
pommettes rosies, se taisant encore quand mon père avait fini de raconter.
    — Qu’est-ce que tu veux ? demandait-il enfin.
    — Je voulais te dire, oncle. Sori, c’est toi qui lui
avais procuré ses papiers, alors il fallait t’avertir.
    Carlo, avec sa canne, faisait glisser vers mon père une
boite de cigares, en sortait un, le montrait.
    — Tu sais qu’ils viennent de Suisse ? C’est un
officier italien de la Commission d’Armistice qui me les rapporte. Ils m’ont
chargé de récupérer des ferrailles pour eux. Tu en veux un ?
    Mon père secouait la tête.
    — Ça te choque que je fasse des affaires avec eux ?
Tu sais qui j’ai rencontré à la Commission ? Un Revelli, de Ceva, du
Piémont, Giuseppe Revelli, capitaine d’Alpini, un cousin à nous.
    — Viens Roland, disait mon père.
    Carlo Revelli appuyait sa canne sur mon épaule.
    — Ecoute, Dante. Vous m’avez pas averti quand vous avez
commencé à distribuer votre journal antifasciste aux soldats ? Sori,
c’était mon ouvrier ? Tu me compromettais. Maintenant tu arrives, parce
que tu attends une aide. C’est vrai. (Il souriait.) Vous avez besoin de moi. Il
faut quelqu’un qui puisse leur dire, celui-là, vous n’allez pas le garder à la
villa Lingwood. Tu la connais la villa ?
    Un parc, le gravier blanc des allées, les pelouses jaunies,
fouillis de hautes herbes, parce que depuis la guerre le jardinier ne vient
plus. Les géraniums et les lauriers sont morts dans leurs jarres, de part et
d’autre de l’escalier. Mais les portes de la villa sont ouvertes. On a poussé
Rafaele Sori et le vieux soldat au brassard dans une cave. Les hommes de
l’O.V.R.A. vont revenir.
    — Moi, j’ai une chance de le faire sortir, tu entends,
continue Carlo, d’empêcher qu’ils te prennent, toi et Antoine.
    Brusquement Carlo se levait, laissait tomber sa canne :
    — Je regarde autour de moi, qu’est-ce que je vois ?
Personne qui comprend. Personne. Ni toi ni mon fils Alexandre. Il te ressemble.
Ni ton père. Vincente il a toujours été en dehors de tout. Vous parlez, c’est
tout ce que vous savez faire. Putana ! vous savez pas encore qu’on se bat
tout seul, que personne vous aide ? Que si on n’est pas malin on crève ?
Alors vous avez des idées, vous les défendez. Et vous venez ici.
    Carlo se tournait vers moi.
    — Ramasse ma canne, toi !
    Il s’y appuyait.
    — Votre résistance, comme vous dites, vos petits
journaux, Le Patriote, parti communiste, Front national, Combat, j’en oublie ? Tu crois que je ne sais pas tout ça ? Je donne de
l’argent moi. L’argent, je le gagne en vendant de la ferraille. Je vais leur vendre
morceau par morceau le Palais de la Jetée, tu entends, ils n’ont qu’à demander !
Et vous, les héros, vous n’êtes bons qu’à vous faire coffrer, à crever. Je vais
donner à

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