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No Angel

Titel: No Angel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jay Dobyns
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disparut.
    J’étais invincible.
     
    Le débriefing eut lieu devant le Patch, dans la voiture de Slats. Nous étions seuls. Il me donna une bière, en ouvrit une, la but et en ouvrit une autre.
    — Ça n’allait pas, dit-il.
    — Sans blague.
    — Non, je veux dire que ce n’était pas tellement bon. Tu m’as mieux vendu ça au Carré.
    Je n’en crus pas mes oreilles.
    — Franchement, Joe, je ne me souvenais pas de ce qu’on avait dit au Carré. Mais ça a marché, hein ?
    — On verra. Tu as collé un Tricostéril sur ce fumier, on verra si ça cicatrise.
    — Ça cicatrisera. Tu sais que Bob va tout arranger.
    — J’espère, bordel.
    — Ça marchera.
    Il but la moitié de sa bière en deux gorgées.
    — Mais, Jay, faudra que ça change, dans l’avenir. Je ne supporte plus ce stress de vol de nuit. Faut que tu t’en tiennes au programme.
    — Merde, Joe, quand m’en suis-je écarté ?
    — Tu t’en écartes tous les putains de jours, Jay. Tous les putains de soirs on se dit : c’est ce soir que Dobyns va péter un câble et qu’on va partir en mission de sauvetage. Merde, Jay, on prend des paris.
    J’ignorais ça.
    — Nom de Dieu, Joe, un jour c’est : il me faut plus ; et le lendemain c’est : calme-toi. Qu’est-ce que tu veux au juste ? Je donne tout ce que j’ai, Joe, je vois pas comment je pourrais faire plus. C’est comme ça que je marche ! Tu le savais dès le départ ! C’est toi qui m’as engagé !
    — Écoute, Jay, je sais que tu es sous pression, mais ce n’est rien comparativement à ce que j’affronte. Je t’ai recruté, mais je peux aussi poinçonner ton ticket.
    — Pardon ?
    Il prit une profonde inspiration.
    — En réalité, tu ne représentes que dix pour cent de ce tableau. Toi, JJ, Timmy et Pops. Ces dix pour cent sont capitaux, mais il y a tout le reste. Il faut que je m’occupe de toutes vos merdes mais aussi des preuves matérielles, de la surveillance, des problèmes techniques, du budget, des approbations, des procédures, de la gestion du personnel. Faut que je masse les couilles de tous les supérieurs et que je frotte le dos de tous les subordonnés. Si tu crois que tu es le pivot de cette opération, tu te trompes.
    J’étais abasourdi. J’allumai une cigarette. C’était comme si Slats avait intercepté une passe qui m’était destinée et qu’il me fallait maintenant défendre.
    — Joe, tu gères peut-être cent pour cent de tout ça, mais tu ne travailles pas plus dur que moi. Bon sang, tu ne prends pas plus de décisions que moi. Et tu rentres chez toi le soir, tu dors dans ton lit avec ta femme, et les chambres de tes enfants sont sur le même palier ! Tu sais depuis combien de temps je n’ai pas passé toutes les nuits de la semaine avec Gwen et les mômes ? Putain, je n’en ai plus la moindre idée ! Non. Je dors dans une maison de merde et, la moitié du temps, les types sur qui on enquête roupillent dans le salon ! Alors que tu comptes l’argent et rédiges des rapports, je suis face à un mec qui me butera s’il apprend qui je suis vraiment ! Donc j’ai pas tellement envie de savoir si c’est dur pour toi !
    J’ouvris la portière, descendis et la claquai. Je jetai ma canette de bière vide le plus loin possible.
    Je ne comprenais pas ce qui avait pris à Slats. Je n’avais pas respecté le script, et alors ? Je parlais avec quelqu’un, nom de Dieu. On ne peut jamais prévoir ce que dira ou fera l’autre… il fallait que je réagisse sur le moment. C’était mon boulot, bordel !
    Je mis longtemps à me calmer. J’eus beaucoup de mal à comprendre ce qui avait motivé Slats. Je finis par conclure que c’était une question de contrôle. Il croyait que les rênes de Black Biscuit lui échapperaient si mon comportement devenait de moins en moins prévisible.
    Je n’en avais rien à faire. C’était mon opération et, de mon point de vue, il pouvait aller au diable.

28
 
L’IRON SKILLET
    Mars 2003
     
    Je racontai à Timmy et Pops ma dispute avec Slats. Ils n’en revenaient pas. Timmy, surtout, était furieux, parce que c’était sa carrière et non, contrairement à Pops, un travail alimentaire. Il demanda :
    — Pourquoi devrait-on prendre tous ces risques pour quelqu’un qui pense qu’on ne fait pas du bon travail ?
    Je haussai les épaules.
    — Tu sais… tu réussis, personne ne s’en souvient, mais tu te plantes et personne n’oublie.
    Timmy hocha la tête.
    — Tu as

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