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No Angel

Titel: No Angel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jay Dobyns
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commission s’était montée à cinquante mille dollars. Il demanda : sans blague ? Je répondis : sans blague et, sans compter les trajets, ça ne m’avait pris que vingt minutes.
    Mac proposa de m’accompagner, si j’avais besoin d’aide. Je répondis que j’y réfléchirais, mais que Timmy et Pops me suffisaient pour le moment.
    Il me demanda aussi quel était notre problème à l’égard des Solos. L’interdiction de porter nos couleurs, décrétée par Bad Bob, était un sujet de conversation à la mode. Elle était aussi fort désagréable. Le contrôle que les Angels exerçaient sur nous en nous privant de nos blousons fournissait des arguments à l’inculpation – il renforcerait une mise en examen dans le cadre de la loi sur le crime organisé –, mais flotter au gré du vent était horrible.
    Et le vent qui entrait par les fissures était bruyant. Pendant tout le mois de mars, on reçut des appels de Smitty, Dennis, Joby, Doug Dam, Casino Cal, Dan Danza et beaucoup d’autres encore, qui se demandaient ce qui nous arrivait, à nous et à notre club. Ils étaient plus curieux qu’accusateurs. Ils voulaient savoir pourquoi les Solos mexicains nous tiraient dans le genou. On répondit la vérité : on ne savait pas, et on s’en occupait. Mais, pour l’essentiel, on croisait les doigts. On n’était pas certains que les éléments que j’avais fournis à Bad Bob le convaincraient mais, compte tenu de ses coups de téléphone à Joanie, président du chapitre de Phoenix, il semblait qu’on eût des raisons d’espérer. Cependant, si Bad Bob et Joanie n’étaient pas convaincus, il faudrait mettre un terme à l’opération. Dans cette éventualité, plusieurs membres de l’équipe s’étaient déjà attelés à la rédaction des mandats de perquisition.
    Malgré nos inquiétudes, l’opération se poursuivit. Dans le sillage de la menace que représentait Chico, on ferma la maison de Romley Road et on en loua une – quatre chambres, piscine et tout – dans Carroll Street, quartier tranquille à la limite du territoire de Cave Creek. Revenir dans une banlieue occupée par la classe moyenne me fit plaisir. Quelque part en moi, Jay Dobyns était toujours vivant.
    Le 6 mars, j’eus un entretien avec Bob. Il dit qu’il avait tout examiné en compagnie de Joanie et qu’ils étaient convaincus. Je lui demandai si nous pouvions arborer à nouveau nos couleurs et il répondit :
    — C’est bon, les gars. Remettez vos blousons. Mais ces Solos m’emmerdent. J’en ai marre de m’occuper de vos histoires. Je vous ai soutenus, mais ça veut pas dire que je suis votre mère. C’est pas fini.
    Il ne développa pas, mais je devinais ce qui se préparait.
    On allait nous mettre sous pression.
    Le matin du 7, on rencontra Joby à l’Iron Skillet Truck Stop, à Kingman, afin de parler à nouveau de notre avenir parmi les Angels.
    On s’installa près de la vitre tandis que les moteurs puissants des semis, dehors, grondaient ou tournaient au ralenti. Il n’était pas midi, mais le soleil tapait et une lumière blanche aveuglante émanait du mince vernis de nuages. J’étais, en compagnie de Timmy, face à Joby ; JJ avait pris place entre Joby et Pops. Joby commanda des œufs, une saucisse, un toast de pain complet et du café. On prit des gaufres. Joby demanda pourquoi on était obsédés par les gaufres. JJ lui demanda ce qu’il avait contre les gaufres. Tout le monde rit.
    Le café arriva. Joby parla rapidement. Il survola les sujets comme un avion répand de l’insecticide sur les champs envahis par des insectes nuisibles. Il redoutait d’être arrêté. À Laughlin, il avait poignardé des types, avait tenté de réanimer un Angel, Fester, mais n’y était pas parvenu et avait caché son arme sous son cadavre ; il irait peut-être au Mexique si sa situation au regard de la loi ne s’arrangeait pas. Le soir de la bagarre, il était persuadé qu’il allait mourir.
    — Je ne croyais pas qu’on s’en sortirait. Je pense que c’est pour ça qu’on a gagné. Quand on y est allés, on savait qu’on serait un contre cinq, on savait qu’on était morts. Donc on n’avait pas peur, tu vois ?
    Il se tut. Il secoua la tête.
    Nos plats arrivèrent et on attaqua. Joby passa aux Solos. Il répéta tout ce qu’il m’avait dit lors de la fête de la Saint-Valentin, que nous devions rejoindre Skull Valley, que nous serions libres de poursuivre nos activités, que nous étions

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