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No Angel

Titel: No Angel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jay Dobyns
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J’ouvris l’attache d’un de mes Glock et le tirai d’un centimètre, à tout hasard. Comme d’habitude à cette époque, je n’avais pas d’équipe de couverture. De toute façon, Slats n’aurait pas approuvé ce que je faisais et ne m’aurait pas fourni de soutien. Joby aurait pu revenir, m’abattre d’un coup de fusil, et personne ne s’en serait aperçu avant plusieurs jours.
    Joby sortit de la pièce en vérifiant le fonctionnement de la culasse d’un petit pistolet gris. Il dit :
    — Ça fera l’affaire, mais faudra que tu sois près.
    — T’en fais pas. C’est mon intention.
    — Il a encore un numéro, mais il a pas de papiers. Quand tu auras fini, rapporte-le pour qu’on s’en débarrasse correctement.
    Il me donna l’arme. Je vérifiai la sécurité et la fourrai dans ma poche revolver. Je dis qu’il était temps que je parte, que je le contacterais et que je rentrerais dans quelques jours.
    Il me prit par les épaules, me serra fort contre lui, me donna de grosses claques dans le dos et, m’éloignant de lui, il me regarda droit dans les yeux.
    — Il faut que vous rentriez. Tous.
    — T’en fais pas, mon frère. On reviendra.

37
 
 

    25 juin 2003
     
    On est allés dans le désert et on a fait ce qu’il fallait.

38
 
LA HAINE ET L’ARGENT
    26 et 27 juin 2003
    Assis dans notre mobile home, je fumais à la chaîne. Timmy, debout près de la porte, respirait calmement. Je n’ai toujours pas compris comment il est parvenu à garder son calme pendant tous ces mois de travail stressant.
    Pops n’était plus avec nous. Nous étions allés faire ce qu’il fallait, puis nous avions demandé aux gars de passer nous voir. Feignant d’être désemparée et de ne pas savoir ce qui se passait, JJ avait téléphoné plusieurs fois à Bobby. On leur avait dit qu’on avait fait ce qu’il fallait mais que Pops n’était plus là. Il ne reviendrait pas. Cela ne leur avait pas plu.
    Je me répétais inlassablement : ça va marcher, ça va marcher, ça va marcher. Pendant ces moments tendus d’attente, j’étais persuadé d’en faire trop, de plonger hors des limites, comme je l’avais fait autrefois à l’université pour attraper un ballon impossible à saisir, avant d’atterrir sur un bouquet de cactus. Je redoutais des issues inimaginables mais en même temps j’étais certain que j’atteindrais mon but… que je deviendrais un Hells Angel, au bout de cette saga étrange et terrible.
    Donc on attendit. Le temps devint glacial et figeait toute créature vivante.
    Je tripotais un de mes Glock. Je pensais : oui, ils vont me tuer. Je suis mort. Je me souvins que j’avais eu la même sensation le jour où Bad Bob m’avait attiré dans un coin de la terrasse de ce restaurant. C’est sûrement ce qui allait arriver. Ce serait terminé. J’avais battu Slats sur le fil, j’avais vendu la marchandise avant qu’il puisse fermer la boutique, mais c’était peut-être sans importance. J’ignorais comment réagiraient les gars de Skull Valley. Après avoir vu ce que nous avions fait pour eux, Joby, Teddy et Bobby se rendraient-ils soudain compte qu’ils étaient complices d’un meurtre qu’ils ne souhaitaient pas et qu’ils n’avaient aucun besoin de commettre ? Penseraient-ils qu’ils nous avaient laissé trop de marge de manœuvre et qu’il fallait nous recadrer ? Ou bien nous donneraient-ils nos insignes sur-le-champ, nous faisant ainsi des membres à part entière ? C’étaient les deux seules issues. Ils ne pouvaient plus nous faire lanterner, je ne l’accepterais pas.
    Mon téléphone sonna. Je coupai la sonnerie. Gwen m’avait laissé des messages pendant toute la journée. Je n’avais pas envie de la rappeler. Je pris une profonde inspiration, écrasai une cigarette fumée jusqu’au filtre et en allumai une autre. Je décidai d’accepter mon destin. Ce soir, Jay Dobyns mourrait… sinon au sens propre, du moins au sens figuré. Si je devenais un Hells Angel, même un Hells Angel infiltré, il faudrait que je cesse d’être Jay Dobyns. Mon mariage serait vraiment terminé ; mes enfants, que j’aimais plus que tout moins d’un an auparavant, seraient privés de leur père tandis que je m’abandonnerais totalement à l’univers des motards. Dans le mobile home, pendant que j’attendais Teddy et les gars, Black Biscuit résumait ma réussite personnelle. J’étais prêt à renoncer à tout le reste.
    Je tirais et relâchais les culasses de

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