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No Angel

Titel: No Angel
Autoren: Jay Dobyns
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nombreuses personnes s’agglutinèrent autour d’eux tandis qu’ils s’éloignaient du bar. Des gens se dirigèrent vers la mêlée ou s’en éloignèrent en fonction de leur allégeance : ils lui tournaient le dos quand ils pensaient à eux-mêmes, se dirigeaient vers elle quand ils pensaient à leurs frères. Les Angels dispersés convergèrent. Des Mongols reçurent des coups de marteau et de Mag-Lite qu’ils ne pouvaient voir venir. Les marteaux frappèrent les joues et les oreilles, les lampes-torches les nuques et les genoux.
    Des poignards furent dégainés, rengainés dans les vêtements crasseux des flancs et des cuisses des motards, puis dégagés, dégoulinants de sang, dans l’air recyclé du casino. Inlassablement. Inlassablement.
    Des armes à feu brillèrent et des coups de feu claquèrent.
    L’agitation était à son comble. Des visages inquiets regardaient dans toutes les directions. Quelques Mongols étaient véritablement pris de terreur. Ils progressaient lentement vers la périphérie, s’efforçant d’éviter l’Angel de faction, et se tassaient au pied d’une machine à sous. Presque tous évitaient le contact. Une fois à bonne distance, plusieurs Mongols prirent la fuite. D’autres, qui redoutaient un assaut d’adversaires plus nombreux, ôtaient leur blouson, le fourraient dans une poubelle ou dans l’espace séparant deux machines à sous.
    Les Angels tinrent bon.
    De nouveaux coups de feu retentirent.
    Les détonations créaient des espaces vides autour des tireurs. Pete Eunice ne tentait plus de négocier une trêve. Il tirait. Smitty n’avait pas d’arme, mais surveillait les arrières de Pete. Cal Schaeffer, un Angel, comptait aussi au nombre des tireurs. Personne ne le couvrait. Quand il tirait, il tendait brusquement le bras comme si sa cible était à portée de main. La flamme jaillissait du canon et la balle partait. Il pivotait sur lui-même, cherchait une nouvelle cible, puis recommençait. Le canon chantait.
    Aucun Angel n’ôta son blouson. Pas un seul. Surtout ceux qui furent tués. Le Lapin de Nesquick tenta de ranimer un de ses frères tombés, lui fit du bouche à bouche sur le plancher du casino. Ça ne marcha pas. Il cacha son arme sous le cadavre de son frère.
    L’affrontement dura moins de deux minutes et tout le monde put y assister grâce à la surveillance vidéo. Plus tard, quand je regardai les images, je fus frappé par sa triste chorégraphie. Les gens bougeaient ensemble, comme reliés par des fils invisibles. Les mains se levaient toutes en même temps, les visages se tournaient vers le même endroit, les épaules se tendaient dans la même direction. Il n’y avait pas de son et les réactions semblaient d’autant plus irréelles. Chacun bougeait comme un organisme muet, comme une cellule dans un milieu liquide grouillant de vie. C’était très étrange et presque beau.
    Non, ce n’était pas beau. Il y eut des morts – deux Angels et un Mongol –, ainsi que des dizaines de blessés qu’il fallut hospitaliser. Plus tard, un autre Angel fut abattu sur une route, de nuit, dans le désert, hors de la ville. Les touristes et les employés étaient traumatisés mais, miraculeusement, tous indemnes. Aujourd’hui encore, l’affrontement de Laughlin est le déchaînement de violence le plus grave qu’ait connu un casino dans l’histoire du Nevada, un acte éhonté, méprisant complètement l’autorité ou la menace de la peine de mort ou de l’emprisonnement, un défi lancé à ceux qui ont pour mission de protéger la population. Je le ressentis comme un défi qui m’était lancé personnellement et cela renforçait ma volonté d’utiliser Bird contre ces fils de pute et leur violence aveugle.

5
 
BARBECUE DE BISCUIT NOIR
    Avril-mai 2002
     
    Fin avril, je passai quelques jours en famille à Tucson. L’équipe de T-ball de Jack marchait bien et s’amusait, Gwen dirigeait la maison comme un quartier-maître tolérant, Dale jouait de la guitare. Elle en voulait une neuve. Je lui dis de continuer encore un peu avec la sienne. J’ajoutai qu’on lui en achèterait une – une Gibson ou ce qu’il y avait de mieux – quand on estimerait, Gwen et moi, qu’elle désirait vraiment continuer. Elle répondit qu’elle était d’accord. Daisy, notre chienne paresseuse, dormait sur un tapis, sous la véranda, ou aboyait parmi les broussailles du désert pour avertir les serpents à sonnette, les monstres de Gila et les grands
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