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No Angel

Titel: No Angel
Autoren: Jay Dobyns
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fuyant.
    Les Mongols s’abreuvaient au bar. Ils étaient partout. Assis sur les tabourets et droits dans leurs bottes. Ils portaient du cuir et de la toile de jean. Ils gonflaient la poitrine comme des oiseaux exotiques. Leur dos frissonnait comme celui des chevaux. Ils étaient comme ils sont toujours : paranoïaques, prêts à répondre aux provocations et conscients de leur aptitude à intimider.
    À l’extrémité opposée du bar, un petit groupe de Hells Angels de San Francisco essayait de boire. Les Angels de Bay Area sont très orgueilleux, puisque leurs origines remontent à la grande époque, qu’ils sont les héritiers de Sonny Barger en personne, des célèbres runs de Bass Lake, du PCP et d’Altamont*.
    La présence des Angels contrariait les Mongols… c’était leur territoire. Les Angels de Frisco le savaient et avaient donc envoyé discrètement un appel à l’aide, auquel Smitty répondit. Il se rendit au Harrah’s incognito, sans blouson ni badges, en simple type ordinaire visitant les lieux, essayant de voir quelle table était favorisée par la chance. Il alla boire un verre au bar. Un groupe de Mongols se tenait près de lui. Il entendit des bribes de conversations. Je ne peux qu’imaginer les insultes qu’ils disaient… mais ce n’est pas difficile. Les Mongols traitaient sûrement les Angels de « gonzesses », de « pédés », de « losers », d’« enculés ». Je suis sûr que Smitty entendit et qu’il n’apprécia pas. Il se força à sourire largement, but sa bière, essuya la mousse déposée sur sa moustache. Puis il se tourna vers l’extrémité du bar, où ses frères de Frisco faisaient bloc. Un groupe de Mongols tournait autour d’eux. Ça ne pouvait pas durer comme ça.
    Il s’éloigna lentement du bar puis, après avoir disparu dans la foule, courut jusqu’au Flamingo. Il demanda à John « Cowboy » Ward, à Rodney Cox et au Lapin de rassembler les troupes. Il remit son blouson. Les Angels disparurent puis revinrent, un peu plus excités, un peu plus rouges de colère, un peu plus armés. Dix minutes s’écoulèrent. Sur le parking, ils lancèrent les moteurs des motos.
    Grondement.
    Ils prirent le Strip, parfois deux sur la même machine, dévalèrent la côte aboutissant à l’entrée du Harrah’s, abaissèrent les béquilles et coupèrent les moteurs. Rares étaient ceux qui parlaient. Ils étaient une trentaine.
    Ils pénétrèrent en courant dans le hall et tournèrent à droite. Les clés et les objets métalliques suspendus à leur ceinture tintèrent. À la hauteur du restaurant, ils se séparèrent et se dispersèrent parmi les machines. Dix d’entre eux se dirigèrent vers le bar et leurs frères de San Francisco naufragés.
    Les Mongols se comportèrent comme des rats dans une inondation. Les mouvements devinrent saccadés. La tension était telle qu’on aurait pu récupérer de l’adrénaline pour en vendre. Hank et Mary Citizen, qui jouaient, comptaient au nombre des motards en mauvaise posture. Quelques-uns virent ce qui se passait. D’autres pensèrent : qu’est-ce que c’est que ce… ? D’autres encore s’éclipsèrent en hâte. Plusieurs Hells Angels s’assirent sur les tabourets d’une rangée de machines à sous, sortirent des objets de leur blouson et de leurs bottes. Des objets brillants ou ternes, en bois ou en métal. Quelques-uns émettaient des cliquetis, d’autres étaient silencieux.
    Des mots furent prononcés. Pete Eunice, de Dago, qui s’était montré si charmant avec nous, tenta de négocier une trêve. Mais il n’y mit pas beaucoup d’énergie.
    Les Hells Angels comprennent instinctivement des choses qui échappent aux autres clubs. Ils savent que l’action est la personnalité. On peut avoir tous les badges qu’on veut, s’en couvrir la poitrine… dire au monde qu’on a tué pour son club, qu’on a sucé la chatte d’une femme pendant ses règles, qu’on est un violeur et qu’on saute les gonzesses en groupe, qu’on est sergent d’armes, président, qu’on a reçu une balle ou qu’on s’est fait dérouiller pour son club, qu’on a eu l’occasion de trahir et qu’on ne l’a pas fait, qu’on a tabassé un flic… mais ces petits morceaux de tissu ne signifient rien si l’on ne sait pas comment – ou quand – donner des coups de pied ou de poing, tirer ou jouer du couteau.
    Celui qui commença, Ray Ray Foakes, un Angel, donna un coup de pied dans la poitrine d’un Mongol. De
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