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No Angel

Titel: No Angel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jay Dobyns
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joie perverse à parler à Gwen alors que je n’aurais pas dû. Comme la balle qui m’avait autrefois traversé la poitrine, la voix de Gwen suscitait en moi un sentiment d’invincibilité.
    Gwen dit :
    — Tu fumes.
    Je gardai le silence. Je tirai une bouffée et soufflai la fumée.
    — Ça m’ennuie. C’est dégoûtant.
    L’emphysème dû au tabac avait tué son père. Elle était sérieuse.
    — Je sais. Qu’est-ce qu’il y a ?
    — Rien. Jack et Dale voulaient s’assurer que tu viendrais ce week-end. Je ne répondis pas immédiatement, afin de faire croire que je recevais des instructions.
    J’acquiesçai, puis :
    — Bien.
    Au bout du fil, Gwen fredonna le thème de Jeopardy. Je dis :
    — C’est d’accord, Big Lou. Il y a rien qui me plairait davantage. Absolument rien. Tu peux compter sur moi.
    — Bon. À ce week-end. Je t’aime.
    — Ouais. Moi aussi.
    Gwenn fit un bruit de baiser et raccrocha. Je poursuivis :
    — Bon. Ils comprendront pas ce qui leur arrive. Je te contacterai quand je serai prêt. Ouais. À plus.
    Je fermai le téléphone et le posai sur le bar. Quand je me tournai à nouveau vers les gars, Trigger me passa un joint. Je le pris, mais ne le portai pas à mes lèvres. Ma cigarette n’était pas finie. Trigger demanda :
    — Qui c’était ?
    Je leur parlai de Big Lou et leur fis mon numéro sur mon entreprise de recouvrement, Imperial Financial. Tout en parlant, je tirais sur ma cigarette et gesticulais tant qu’ils oublièrent le joint. De toute façon, on était tous plus ou moins saouls. Je portai le joint à mes lèvres, sans tirer dessus, et sortis une carte de visite. Je la donnai à Rudy, qui la tendit à Bad Bob. Il la regarda puis la glissa dans une poche intérieure. Pops dévorait le joint des yeux.
    — Bird, tu vas garder ce pétard toute la soirée ou tu vas partager ?
    J’ôtai le joint d’entre mes lèvres, soufflai un reste de fumée de Marlboro et le passai à Pops, qui me couvrit en tirant tranquillement une longue bouffée.
    Les vrais flics ne peuvent pas se droguer, sauf si c’est une question de vie ou de mort. Si, à un moment donné, un avocat apprend qu’ils ont consommé de la drogue, qu’ils ont eu des relations sexuelles extraconjugales, qu’ils se sont mis en colère ou que, d’une façon ou d’une autre, ils se sont conduits comme des connards, il peut discréditer leur témoignage. En fin de compte, nous étions des menteurs professionnels qui se faisaient sans cesse passer pour ce qu’ils n’étaient pas, et les avocats, même les plus stupides, ne manquaient jamais de le rappeler au jury. Mais Pops, notre collaborateur extérieur, qui n’avait rien d’un membre des forces de l’ordre à part entière, était notre exception sur le plan des stupéfiants. Il se trouvait dans une zone grise et participait modérément afin de servir nos intérêts.
    Bad Bob dit :
    — Ça a l’air d’être un bon boulot, Bird.
    — Ouais, bon, ça paie les factures. Ça permet d’arroser la pelouse et tout ça.
    — C’est chouette. Moi aussi j’ai un bon boulot.
    Je savais que Bad Bob travaillait chez un concessionnaire d’automobiles. Trigger passa le joint à Bad Bob, qui tira énergiquement dessus. Il avait l’air de s’ennuyer. Tout d’un coup, il dit :
    — Allons au Spirits.
    On sortit, on se mit en selle et on lança les moteurs.
    Rudy n’avait pas menti : les gars de Mesa roulaient comme des dingues téméraires sous crack. Jésus-Christ lui-même n’aurait pas mieux conduit une moto, ni plus vite, ni plus précisément. Conformément à ce qu’avait décrit Rudy, ils restaient à cinquante centimètres de la roue qui les précédait… et souvent moins. Quand les motards de tête s’inclinaient dans un virage, ceux qui se trouvaient trois bécanes derrière penchaient déjà l’épaule. Ils évoquaient un serpent traquant un lapin dans son terrier. Ils grillaient les feux et ne tenaient aucun compte de la circulation. Les lapins – tous ceux qui ne pilotaient pas une Harley-Davidson chromée, tous ceux qui étaient enfermés dans la « cage » d’une voiture ou d’un camion, tous ceux qui avaient la malchance d’être piétons, tous ceux qui n’étaient pas Hells Angels – fuyaient, terrifiés. On roulait comme si les autres n’avaient aucune importance, et c’est toujours ainsi que les Hells Angels roulent, parce que les autres, effectivement, ne comptent pas.
    Le Spirits, dans le nord de

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