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No Angel

Titel: No Angel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jay Dobyns
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armés… Ne pas le faire n’aurait pas été seulement une stupidité, mais une faiblesse. C’est un cliché, certes, mais il est d’autant plus vrai pour les agents infiltrés : on ne fait qu’une fois une première impression.
    Je répondis :
    — Ghost, sans vouloir te manquer de respect, mec, je me sépare jamais de mes flingues, même chez les Hells Angels. Ça n’a rien de personnel, c’est seulement qu’on est exactement comme vous.
    Ghost regarda par-dessus mon épaule. J’ajoutai :
    — Mes gars diront la même chose.
    Carlos, Timmy et Pops acquiescèrent solennellement.
    Ghost plissa le front et inclina la tête. Je ne pus voir l’expression de ses yeux parce qu’il portait, malgré la nuit, des lunettes noires enveloppantes. J’avais des lunettes de vue identiques, à verres non teintés, qui étaient pratiques pour rouler de nuit. Il éloigna la main posée sur ma poitrine et grogna :
    — Hon-hon.
    Je continuai :
    — Il n’y a pas que les Hells Angels qui ont des ennemis, mec. Nous aussi on en a. Si tu tiens absolument à ce qu’on laisse nos armes, on attendra tranquillement notre président ici. Tu sais que Rudy ne peut pas en porter une, et si ces pédés de Mongols vous attaquaient, faudrait qu’on soit près de lui pour le protéger.
    — OK, Bird, mais c’est pas moi qui fais…
    — … les règles, dit une voix au-delà du seuil.
    C’était Bad Bob.
    Robert Johnston Jr., un mètre quatre-vingt-quinze et cent vingt kilos, occupait la totalité de l’encadrement de la porte. Je me souvins de son casier : arrestation pour extorsion, agression, mise en danger de la vie d’autrui, condamnations pour association de malfaiteurs, participation à une entreprise de crime organisé et, naturellement, possession d’arme à feu en liberté conditionnelle. Son apparence racontait une autre histoire. Il avait un bouc marron et jaune soigneusement taillé, de longs cheveux châtains, sains et ondulés, qui couvraient ses épaules. On voyait qu’il était fier de son aspect. Il évoquait le mauvais frère, disparu depuis longtemps, de Barry Gibbs. Sa poitrine était puissante et ses mains aussi grosses que des gants de baseball. Son blouson, orné avec goût de dizaines de badges, dévoilait son torse. Il nous regarda, un large sourire aux lèvres.
    Il répéta :
    — C’est moi qui fais les règles.
    Ses yeux marron, aux paupières tombantes, semblaient en avoir trop vu. Moi aussi j’avais parfois l’impression d’en avoir trop vu, mais je n’avais pas les paupières tombantes ni les yeux marron. Les miens étaient bleus et lumineux. Face à Bad Bob, je me dis : c’est un Hells Angel, combien de fois a-t-il vraiment craint pour sa vie ? Pas autant que moi. Bad Bob ajouta :
    — C’est bon, Ghost. Ces types sont OK. Ce sont nos invités.
    Il écarta ses longs bras et on gravit tous l’escalier.
    Quand tout le monde fut entré dans la pièce principale, Trigger poussa plusieurs verrous derrière nous. Il me sembla que c’était moins pour nous enfermer que pour empêcher le monde extérieur d’entrer. Nous avions franchi des étapes qu’il nous serait impossible de parcourir en sens inverse. La sensation de l’inconnu était presque paralysante… presque. On avait gardé nos armes, évidemment, mais elles garantissaient seulement que nous pourrions nous défendre.
    J’allumai une cigarette pour masquer ma peur. Je me dis que c’était comme ça. Je ne savais pas comment ni d’où ça viendrait, ni si ça arriverait maintenant ou plus tard, mais je fus soudain convaincu que je mourrais dans un clubhouse des Hells Angels.
    Nous étions à l’intérieur.
    Il y avait un bar contre l’un des murs et, près de lui, une petite scène triangulaire. Une tête de mort de trois mètres de long était peinte sur une cloison ; le mur voisin était couvert de trophées et de souvenirs. Juke-box, deux télés, HELLS ANGEL en néon rouge. Les fenêtres étaient condamnées avec des planches ou obstruées par des stores aux lames verticales rouges et blanches. La pièce avait la même odeur qu’un bar. Steppenwolf passait sur le juke-box.
    Une personne au moins avait été tuée sur le plancher du clubhouse de Mesa. Dans les mois qui suivirent, l’ATF apprit enfin pourquoi Mesa Mike avait décidé de trahir ses frères. Le 25 octobre 2001, Cyntia Garcia, femme d’une quarantaine d’années, faisait la fête avec les gars. Pendant la nuit, saoule, elle eut le front

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