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No Angel

Titel: No Angel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jay Dobyns
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de nous empêcher de les infiltrer facilement. Ou bien Bad Bob était naïf, ou il était acculé au point de nous appuyer dans tout l’État une semaine après nous avoir reçus pour la première fois à Mesa. Ce fut exactement ce qu’il fit.
    Nous exploitions une des rares faiblesses des Angels. Compte tenu de ce qui s’était passé à Laughlin, ils avaient besoin d’alliés et de recrues potentielles. Ils ont vu en nous des gens comme eux, des types durs, prudents, aimant le business et prêts à recourir à la violence. La menace des Mongols était réelle et les Angels, quoique prêts à affronter leurs adversaires, étaient rassurés de pouvoir compter sur des alliés. Au bout du compte, les Angels savaient reconnaître ce qui leur convenait, et on leur convenait.
    Le lendemain de notre première visite à Mesa, je veillai à téléphoner immédiatement chez moi. Dès que je me levai, j’ouvris mon téléphone et composai le numéro. Je dis à mes enfants que je regrettais d’avoir été obligé de m’absenter la veille au soir. Je leur expliquai qu’ils étaient ce qui, pour moi, comptait le plus au monde, et que je ne leur aurais jamais coupé la parole si ça n’avait pas été une question de vie ou de mort. Je leur dis que je les aimais, et que j’étais leur père avant tout. Je n’eus pas la candeur d’ajouter que je faisais tout ça pour eux, mais j’eus celle de croire à mes mensonges.
    Je demandai à Gwen de m’excuser d’avoir dû lui parler comme si elle était un mafieux.
    — Ne t’en fais pas, chéri. Ce n’est pas la première fois. Je sais que ça ne sera pas la dernière. En plus, comme je te l’ai déjà dit, ça me plaît bien.
    — Moi aussi j’aime entendre ta voix quand je suis en compagnie de ce genre de types.
    — Il n’y a que de cette façon que je peux te rendre visite au travail.
    Elle rit. Gwen rit systématiquement à ses blagues, qu’elles soient drôles ou non. C’est quelque chose que j’ai toujours aimé chez elle.
    À juste titre ou pas, je l’ai toujours tenue à l’écart de mes activités professionnelles. J’avais besoin d’être sûr que ma famille était distincte de ma profession, que les deux ne se mêleraient jamais. Je n’avais pas le cœur de leur faire partager les secrets horribles que le monde m’avait confiés et j’avais besoin de croire que je me battais pour les familles honnêtes telles que la mienne. La nécessité d’un refuge s’imposait et c’était exactement le rôle que ma famille jouait pour moi.
    J’avais envie de retourner auprès d’elle, mais nous devions d’abord effectuer un achat d’armes préparé par Rudy. Il n’était absolument pas lié aux Angels, mais il faisait partie du spectacle et on sauta en selle.
    Le vendeur habitait Apache Junction. Le quartier était une banlieue négligée, terne, parsemée d’ordures, et c’est encore lui faire trop d’honneur. Pas une seule pelouse. Mobile homes déglingués. Caillasse, déchets et poussière. Terrains immenses et sans valeur. Un de ces endroits désolés à la limite de l’idée qu’on se fait de l’Amérique, mais qui sont pourtant absolument américains.
    Vers dix-sept heures, Carlos, Timmy, Rudy et moi on s’arrêta devant un mobile home blanc. Carlos était en queue. Il perdit légèrement le contrôle de sa moto, dérapa avant de s’arrêter et faillit renverser ma machine. Pas de mal : on rit. Rudy se prit la tête entre les mains. Il ne se faisait pas à la maladresse des membres de son équipe sur une bécane. Je ne pouvais pas le lui reprocher.
    Devant le mobile home, il y avait une BMW325i récente, aux plaques d’immatriculation couvertes de boue, illisibles, ainsi que trois voitures sur des parpaings. Un canapé miteux, taché, occupait la véranda. Un homme, le torse nu, un pentagramme tatoué autour de son nombril proéminent, une main au majeur tendu placée sur son cœur, un collier de lettres apparemment sataniques autour de son cou, était allongé dessus. Il était sans connaissance. Il portait au poignet droit le bracelet en plastique d’un hôpital.
    Rudy le présenta.
    — C’est Nathan.
    Une femme ouvrit la porte.
    — Salut, Rudy.
    — Salut, ma jolie.
    Ma jolie était le dernier mot qui me serait venu à l’esprit face à cette accro classique à la meth : visage ridé, dents bousillées, yeux enfoncés dans les orbites, cheveux blonds décolorés, ventre tombant sur la ceinture de son jean

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