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No Angel

Titel: No Angel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jay Dobyns
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Gilbert, était la boîte branchée de Mesa. Des places de stationnement étaient réservées en permanence à l’intention des gars, tout près de l’entrée où les videurs – deux colosses bâtis comme des camions de livraison – pouvaient garder un œil sur les motos.
    Bad Bob entra le premier. Je n’étais pas encore tout à fait à l’intérieur quand la musique s’arrêta d’un coup. Puis un mauvais imitateur de Michael Buffer {23} rugit dans le micro :
    — Good Time Charlie, le DJ hors la loi, vous annonce l’arrivée des Heeeelllllsss Angeeeellllllssss.
    Les projecteurs éclairèrent l’entrée à notre arrivée.
    — Baaaaaaaad Bohhhhhhhhb ! Et ses frèèèèèèèrrrres !   !   !   !   !
    La foule, nombreuse, s’ouvrit comme la mer Rouge devant Moïse. Quand les Solos entrèrent, le DJ ajouta :
    — Et leurs invités !   !   !   !   !
    La musique – « Enter Sandman », de Metallica – reprit. Ce fut comme entrer en scène, et je pensai en moi-même : il ne manque que les fumigènes.
    Même si j’avais joué dans des stades pleins de fans de football déchaînés, je dois reconnaître que cet accueil fut agréable. Pour les Angels, il fut sûrement extraordinaire. C’étaient des types qui, sans la tête de mort cousue sur leur dos, auraient été des clochards minables, seuls au bout du bar et comptant leurs pièces dans l’espoir de pouvoir s’offrir une dernière canette de Bud. Mais pour les Hells Angels les consommations étaient gratuites et les femmes faisaient la queue. Cela explique en grande partie l’attrait qu’ils exercent : en leur sein, certains types de mec parviennent à s’épanouir. Une fois membres, ils bénéficient d’un respect universel… qu’ils méritent assurément puisque, en tant que groupe, ils constituent une bande redoutable. On les traite comme des rois parce que, dans leur univers, ce sont des rois. Et comme partout où ils vont ils sont immédiatement identifiables, ils jouissent partout de ce respect. Leur univers, bulle de cuir et motos, les suit et les protège partout.
    On nous installa dans l’espace réservé aux VIP, où il y avait quelques autres Hells Angels et une bande de femmes aux tenues provocantes. Quelques-unes étaient jolies, d’autres affichaient beaucoup de kilomètres au compteur. On nous présenta.
    Ensuite on se sépara. Timmy alla régulièrement jeter un coup d’œil sur nos motos et bavarda avec les videurs, Pops parla avec Ghost, je restai avec Rudy et Bad Bob.
    — Je sais que tu fais des affaires avec Cruze, à Tucson, dit Bad Bob.
    — Tant mieux, répondit Rudy. Si tu ne le savais pas, ça voudrait dire qu’il n’est pas régulier et ça m’obligerait à ne plus travailler avec lui.
    — Faut que je sois au courant de tout ça.
    Je dis :
    — Ça c’est sûr, bordel.
    Bad Bob se rengorgea.
    — Exactement.
    Il se tourna vers moi et ajouta :
    — Je veux que vous sachiez que je vous autorise à travailler avec Cruze et n’importe qui d’autre. Du moment que je suis informé, c’est bon. Faut bien gagner sa vie.
    Un prospect donna une bouteille de bière brune à chacun d’entre nous. Le verre transpirait, les étiquettes se décollaient.
    Bad Bob but. Il récitait son texte. Nous le faisions tous.
    — On m’a dit du bien de toi, Bird. Rien que du bien.
    Une petite boule se forma dans mon estomac, mais Bad Bob sourit et elle disparut. Il semblait nous faire confiance. Un délinquant plus avisé aurait peut-être tiré les conséquences de ce qu’on lui avait dit : les personnages créés par les flics infiltrés sont parfois trop crédibles. J’espérais que ce n’était pas le cas, que nous n’avancions pas trop vite. Bad Bob poursuivit :
    — J’ai donné une liste de numéros de téléphone à Rudy. On peut vous aider. Vous pouvez nous aider.
    — Tu parles des Mongols ?
    — Exact. Mais on préfère « les gonzesses ».
    — OK. Pour ce qui est de ces salopes, je surveille tes arrières. Si on en voit, moi et mes gars – à Nogales, sur une connerie de route bordée de cactus, dans un putain de bar de Mexicali, n’importe où –, tu seras le premier informé.
    — Merci, Bird.
    — Y a pas de quoi.
    On regagna le clubhouse aux environs d’une heure du matin. Même saouls, les gars roulèrent habilement et vite. À un moment donné Stroker Dave, qui était devant nous, écarta les bras et les jambes. Il évoqua une étoile à quatre branches roulant

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