No Angel
avait une attitude détendue qui inquiétait et attirait en même temps. Gundo, un de mes camarades de l’académie, de dix ans mon aîné, était un infiltré de la vieille école, très compétent, l’agent classique, sans histoires, que tout le monde – les bons comme les méchants – ne pouvait qu’apprécier.
Tandis que je briefais mes collègues en compagnie de Slats et de Timmy, JJ et Pops se chargèrent de recevoir et d’équiper les trois « nouveaux » Solos. Ils obtinrent des motos de location, des chambres de motel et, surtout, créèrent les blousons et leur donnèrent un aspect authentique. Nous voulions que les gars soient prêts à agir dès leur arrivée dans l’Arizona, à savoir le 28 janvier.
En outre, j’équipai de nouveaux accessoires la maison de Phoenix, dans Romley Road. Mon iguane d’un mètre vingt de long, Spike, ne recevait pas l’affection dont il avait besoin de la part du clan Dobyns, donc je l’y emmenai. Quand Spike fut installé dans la maison, je compris qu’il lui fallait un ami. Un des agents de l’équipe vendait un boa constrictor sans nom de deux mètres cinquante de long. Je l’achetai cent dollars, avec son énorme vivarium en verre.
On soigna nos contacts. Un soir, Timmy et Pops firent une sortie avec Bad Bob et les gars de Mesa. Bob annonça que la drogue serait interdite au sein du clubhouse : ni vente, ni achat, ni consommation. Les gars dirent que c’était bon. Bob expliqua qu’il en circulait trop depuis quelque temps. Puis Bob prit Timmy et Pops à part et leur demanda :
— À propos, les mecs, vous avez des plans ?
Apparemment, la règle ne s’appliquait pas à lui. Timmy me raconta plus tard qu’il avait dû étouffer un rire en toussant dans son poing, et Pops ajouta qu’il n’en avait pas cru ses oreilles.
Il ne se passa pas grand-chose jusqu’à l’arrivée du cirque en ville, le 28.
Slats déroula l’équivalent d’un tapis rouge pour infiltrés à l’intention des Solos intérimaires : steak, Coca glacé et casino improvisé au Carré… tables de craps et de blackjack, roulette. Je tentai de persuader JJ de porter un costume de danseuse, mais elle me répondit d’aller me faire foutre.
On joua des pièces de vingt-cinq cents, on rit et on mangea. Vers dix heures, je proposai d’aller faire un tour. Tout le monde fut d’accord.
Alors qu’on se mettait en selle, Slats cria :
— Tenez-vous tranquilles. On a une semaine chargée.
— Pigé.
— Pas de clubhouses. Que des endroits sûrs.
— Pigé.
— Personne ne vous couvre.
— Pigé.
On partit.
Je savais que les gars étaient prêts à tout, donc j’enfreignis immédiatement les ordres de Slats. On prit le chemin du Desert Flame, boîte de strip-tease dont le propriétaire était Big Time Mike, un nouveau prospect de Mesa.
On débarqua à sept, dont JJ.
Big Time Mike demanda :
— Ça va ?
— Big Time ! Je te présente mes frères : Jesse, Footy et Gundo.
Big Time nous demanda ce qu’on prendrait et on passa la commande.
Après nous avoir servis, il dit :
— Vous devriez aller à Mesa, les mecs. Il y a des gars qui adoreraient vous voir.
Sans me laisser le temps de répondre, il téléphona, parla avec eux puis raccrocha.
— C’est réglé. Ils vous attendent.
— Cool, mec.
Je pris Gundo et Footy à part.
— Qu’est-ce que vous en dites ? On n’ira pas si vous ne vous sentez pas encore sûrs de vous. Vous avez entendu Slats… il ne veut pas qu’on fasse ce genre de truc.
Tous deux répondirent, sans hésiter :
— Connerie, on y va.
Je posai la même question à Jesse et JJ, qui furent également d’accord. Timmy et Pops étaient toujours prêts à voir les gars. Je dis à tout le monde qu’on ne resterait pas plus d’une heure et demie. Entrer et sortir, serrer les paluches, voir ce qui se passait, ce genre de choses. Quand on se mit en selle, je regardai mes gars. On n’avait pas besoin d’une connerie d’équipe de couverture. On était l’équipe de couverture. Une pièce pleine d’Angels ne pouvait rien contre nous. Mon assurance monta en flèche.
Alex Davis, un Angel de Mesa, nous accueillit à la porte et nous fit entrer. C’était un petit groupe : Nick Nuzzo, Mark Krupa, Casino Cal, Paul Escheid et un prospect que je ne connaissais pas. Nick passa derrière le bar, nous servit à boire et porta un toast aux Solo Angeles.
Puis il proposa :
— Allons à côté.
Il faisait allusion
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