Noir Tango
pas été tuée
sur le coup. Nous avons retiré sept balles, elle a perdu beaucoup de sang et
tout risque d’hémorragie interne n’est pas écarté, à part ça, elle est en vie. Pour
le moment, elle dort.
— Je peux la voir ?
— Non, rentrez chez vous…
— Il n’en est pas question, je veux
rester auprès d’elle. Il faut que je sois près d’elle quand elle ouvrira les
yeux, sinon elle aura trop peur.
Le médecin sourit malgré sa fatigue.
— Je vais vous faire porter un peu de
café chaud… Enfin, quand je dis café, c’est façon de parler…
— Merci docteur.
— Il a raison, tu devrais rentrer
dormir, ce n’est pas la peine qu’on soit là tous les deux à attendre.
— Rentre si tu veux, je reste là.
— Comme tu voudras, je reste aussi.
Après avoir bu l’ersatz de café apporté par
une religieuse, ils somnolèrent appuyés l’un contre l’autre jusqu’à l’arrivée
de l’inspecteur de nuit.
— Avez-vous une idée sur ce qui est
arrivé ? Hier on tire sur votre sœur, avant-hier sur une amie, c’est
beaucoup pour une simple coïncidence.
— Oui, sans doute, mais je n’en ai
aucune idée.
— Vous êtes bien sûre ?
Pourvu qu’elle ne rougisse pas !
— Absolument.
Le policier soupira, découragé.
— Quand pourrai-je la voir ?
— Cela ne dépend pas de moi. Moi aussi
j’aimerais la voir et lui poser quelques questions. Où étiez-vous hier ?
— Je vous l’ai déjà dit, au « Tabou ».
— N’avez-vous rien remarqué de suspect ?
— Non, il faisait très sombre, je n’ai
vu la voiture qu’au dernier moment.
— Était-ce la même que celle d’hier ?
— Je n’en sais rien… une traction avant
noire…
— Des tractions avant noires, on ne
trouve que ça sur le marché, c’est la voiture des truands et des hommes
politiques.
— Ce n’est pas la même chose ? demanda
Franck d’un air candide.
L’inspecteur haussa les épaules.
Tard dans l’après-midi, Léa fut autorisée à
voir Laure.
— Ma chérie…
— Elle ne vous entend pas, elle est
dans le coma.
— Cela va durer longtemps ?
— Une heure comme des mois, on ne sait
pas.
— Est-ce que je peux rester auprès d’elle ?
— Oui, si vous le voulez. On va vous
mettre un lit pliant.
— Merci, ma sœur.
Allongée sur l’étroite
couchette, Léa, comme la veille, n’arrivait pas à dormir. Elle se leva et
sortit fumer une cigarette dans le couloir. Sur sa chaise, le policier s’était
assoupi. La vue du policier lui rappela celui en faction devant la chambre de
Sarah. Sarah qu’elle aurait dû aller voir dans l’après-midi… et François, il
devait être fou d’inquiétude…
— Je vous dis, monsieur, que l’heure
des visites est passée depuis longtemps… Les malades dorment… Je vous en prie, monsieur…
Une minuscule bonne sœur trottinait à la
suite de Tavernier.
— Léa !
Elle stoppa net l’élan qui la poussait vers
lui. Le policier, réveillé, mit la main à son pistolet.
— Monsieur, que faites-vous ici ? C’est
interdit.
— Mademoiselle Laure Delmas est une amie,
je viens prendre de ses nouvelles.
— Revenez demain.
— Non, je dois parler à mademoiselle, fit-il
en désignant Léa.
— Vous connaissez cet homme ?
— Oui.
— Allez lui parler dans le hall.
Léa avait envie de refuser, mais la
perspective d’un esclandre entre le représentant de la loi et son amant l’arrêta.
Celui-ci lui prit le bras.
— Comment va Laure ?
— Elle n’a pas repris connaissance, ils
espèrent la sauver.
— Tu dois partir immédiatement.
— Il n’en est pas question, je ne peux
pas la laisser.
— Mais tu ne comprends pas que c’est
toi qu’ils ont voulu tuer ? Ils ont pris Laure pour toi à cause du
tailleur.
— Quel tailleur ?
— Le bleu, celui que tu portais l’autre
soir.
— Ah !…
— Tu commences à comprendre ?
— Mais pourquoi voudrait-on me tuer ?
— Parce que tu es proche de Sarah.
— Je suis proche mais je n’ai rien à
voir avec ce qu’elle veut entreprendre.
— Mais ça, ils ne le savent pas. Nous
avons retrouvé la trace de la voiture, nous sommes sur le point d’intercepter
un des tueurs. J’espère qu’il nous mettra sur la piste des chefs du réseau. Mais
en attendant, tu dois disparaître. Ils ne vont pas tarder à savoir qu’ils se
sont trompés de cible.
— S’ils en savent autant que tu le dis,
je ne serai en
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