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Noir Tango

Noir Tango

Titel: Noir Tango Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Régine Deforges
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véranda fumer un cigare. Il faisait très sombre.
    Victoria Ocampo s’approcha de Manuel
Ortiz.
    — Cher ami, nous allons prendre congé, je
suis morte de fatigue.
    — Vous êtes sûre que vous ne voulez pas
passer la nuit ici ?
    — Oui, j’en suis sûre, monsieur
Tavernier doit être à Buenos Aires le plus vite possible. Sa femme est vraiment
dans un état grave. Léa, êtes-vous prête ?
    — Oui. Je ne prends qu’un sac, Guillermina
me rapportera ma valise à Mar del Plata.
    François prit le sac et, suivi de Victoria
et de Léa, se dirigea vers l’avion après avoir salué Manuel Ortiz, sa femme, ses
enfants et leurs invités.
    Victoria Ocampo monta la première. Les phares d’un véhicule apparurent dans la nuit. Tavernier aida Léa
puis monta à son tour. Une camionnette s’arrêta devant le perron dans un brutal
crissement de freins. Deux hommes, pistolets à la ceinture, en descendirent. François
mit le moteur en marche. L’hélice tourna. Un des hommes, l’air agité, dit
quelque chose à l’oreille de Manuel Ortiz. Celui-ci eut un geste de colère. L’avion
commença à rouler… Ortiz courut vers l’appareil, suivi de son fils et des
hommes de la camionnette, pistolet au poing… l’avion prit de la vitesse… un
coup de feu claqua… La lisière du bois approchait rapidement… le décollage se
fit au ras des arbres…
    À l’intérieur de l’avion régnait un silence
tendu, chacun s’attendant au pire. Bientôt on fut à une certaine altitude, les
passagers se détendirent.
    — Nous avons eu beaucoup de chance, dit
Victoria Ocampo d’une voix calme.
    — Oui, je n’aurais pas cru que cela se
passe aussi facilement, dit François. Comment va Daniel ?
    — Il est évanoui, répondit Léa.
    — Un médecin nous attend à Buenos Aires.
    — Comment, nous n’allons pas à Mar del
Plata ? dit Victoria.
    — Non, c’est trop près de la bande d’Ortiz.
Les nazis ont trop de complicités dans le coin. À Buenos Aires il sera plus en
sécurité. Je suis désolé, madame, de vous avoir entraînée dans cette aventure.
    — Cela ne fait rien. Je hais les nazis
et leurs complices, surtout quand ce sont des compatriotes. Si j’ai pu vous
aider à sauver ce jeune homme, tout est bien.
    L’avion atterrit
au club aéronautique du Rio de la Plata. Samuel et Sarah étaient là.
    — Daniel est avec vous ?
    — Oui.
    — Est-il gravement touché ?
    — C’est possible, il est sans
connaissance depuis notre départ.
    — Une voiture nous attend avec un
médecin.
    Avec précaution, on descendit Daniel, toujours
inanimé. On le mit dans la voiture, qui partit avec Sarah et Samuel.
    — Je n’ai pas prévenu de mon arrivée, dit,
ironique, Victoria. Je vais prendre une chambre au «  Plaza ».
    — Je vous accompagne, dit François en
ouvrant la porte du taxi qui les attendait.
    La porte de l’ascenseur
se referma sur Victoria Ocampo.
    — Enfin seuls, souffla François. Toutes
ces émotions m’ont donné soif. Que dirais-tu d’un verre de champagne ?
    — Ce ne serait pas de refus, mais tu as
vu l’heure ?… Le bar est fermé depuis longtemps.
    — Je vais arranger ça.
    Il alla parler au concierge en lui mettant
une liasse de billets dans la main.
    — Cela ne t’ennuie pas d’attendre un
peu ? Je préfère m’en occuper moi-même.
    Ensommeillée, recroquevillée dans un
fauteuil, Léa acquiesça. Appuyé au comptoir de la réception, François l’observait
avec émotion. Quelle drôle de petite bonne femme ! Pas un moment elle n’avait
flanché au cours de cette étrange soirée. Il savait que si la bande d’Ortiz
avait réussi à arrêter l’avion et trouvé Daniel, leur peau n’aurait pas valu
très cher. Il connaissait les méthodes expéditives des nazis d’Amérique du Sud.
La présence de Victoria Ocampo les avait protégés, mais jusqu’à quel point ?
Il ne leur aurait pas été difficile de fabriquer un accident d’avion, dans
lequel la grande dame aurait également trouvé la mort. Plus
de témoins…
    —  Aquí tiene su champagne. Esta
seguro que no quiere que se lo subamos [31]  ?
    —  No , gracias. Buenas
noches. [32]
    —  Buenas noches señor, Buenas
noches señorita. [33]
    L’envie qu’ils avaient l’un de l’autre ne
leur permit pas de boire le champagne frais.

25.
    Léa et Carmen Ortega finissaient de déjeuner
au grill du « Plaza ».
    — Je ne comprends pas pourquoi Daniel
est chez toi. Je ne savais pas que

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