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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
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inerte.
    — Cours, cours ! dit Margaret dans un souffle. Le train
est là. C’était Leonards, non ? Cours, je t’en prie ! Je me charge de
ton sac.
    Et elle lui saisit le bras pour le pousser en avant de toutes
ses faibles forces. La porte d’un compartiment était ouverte, il y sauta et au moment
où il sortait la tête pour crier :
    — Dieu te bénisse, Margaret !
    Le train partit et elle resta seule, debout sur le quai.
    Elle se sentait si mal et si défaillante qu’elle fut contente
de pouvoir aller dans la salle d’attente des dames pour s’asseoir un instant. Au
début, elle chercha seulement à reprendre sa respiration. Quelle précipitation !
Quelle odieuse alerte ! Frederick l’avait échappé belle ! Si le train
n’avait été à quai à ce moment-là, l’homme se fût relevé, eût appelé à l’aide afin
de faire arrêter Frederick. S’était-il relevé ? Elle s’efforça de se rappeler
si elle l’avait vu bouger, s’il avait pu être sérieusement blessé. Elle s’aventura
sur le quai, toujours bien éclairé mais complètement désert. Elle alla jusqu’au
bout et l’examina sur toute la longueur, non sans appréhension. Il n’y avait personne ;
alors elle se réjouit d’avoir eu le courage de venir regarder, car sinon, des images
terribles eussent hanté ses rêves. Ce qui ne l’empêcha pas de se sentir si faible
et si effrayée qu’elle se sentait incapable de rentrer chez elle à pied ; de
fait, la route semblait bien sombre, vue de la gare brillamment éclairée. Elle attendrait
que passe le train dans l’autre sens et y prendrait place. Mais si Leonards la reconnaissait,
l’ayant vue en compagnie de Frederick ! Elle regarda autour d’elle avant de
s’aventurer vers le guichet pour y prendre son billet. Il y avait là quelques agents
des chemins de fer qui discutaient entre eux à voix haute.
    — Alors, Leonards a encore trop bu ! dit l’un d’eux,
qui semblait le chef. S’il veut conserver sa place cette fois, il aura besoin de
tout le piston qu’il prétend avoir !
    — Où est-il passé ? demanda un autre tandis que Margaret,
qui leur tournait le dos, comptait sa monnaie avec des doigts tremblants, sans oser
se retourner avant d’avoir entendu la réponse.
    — Je ne sais pas. Il était là il n’y a pas cinq minutes.
Il parlait d’une chute qu’il avait faite et jurait comme un charretier. Il voulait
m’emprunter de l’argent pour prendre le prochain train pour Londres. Il m’a fait
toutes sortes de promesses d’ivrogne, mais pour ça, il s’est brossé ! Je lui
ai dit de s’occuper de ses affaires et il est sorti par la porte principale.
    — Je vous parie qu’il est au cabaret le plus proche !
dit le premier. Et c’est aussi là que serait ton argent, si tu avais eu la sottise
de lui en prêter.
    — Tu m’as bien regardé ! Je savais bien ce qu’il voulait
dire quand il m’a parlé de Londres ! Figurez-vous que j’ai jamais revu la couleur
des cinq shillings qu’il m’a empruntés...
    Et ils continuèrent leur conversation.
    Margaret avait hâte à présent que son train arrive. Elle alla
se réfugier à nouveau dans la salle d’attente des dames, s’imaginant à chaque bruit
entendre le pas de Leonards, à chaque éclat de voix un peu fort, l’entendre parler.
Mais personne ne s’approcha d’elle et quand le train arriva, un porteur, dont elle
n’osa regarder le visage tant que le train ne se fut pas ébranlé, l’aida poliment
à monter dans un compartiment. Alors seulement, elle vit que ce n’était pas Leonards.

 
     
     
     
     
     
     
     
     
    CHAPITRE
VIII
     
    Tranquillité
     
     
     
    « Dors,
mon aimée, dans ton lit froid
    Tu n’y
seras plus dérangée !
    Adieu
pour la dernière fois.
    Dors
pour ne plus te réveiller
    Que lorsque
je t’aurai rejointe . »
    Docteur
Ring [82] .
     
     
    Après tout ce bruit et l’effroi causé par cet esclandre alarmant,
la maison semblait anormalement calme à Margaret. Son père avait veillé à faire
préparer un repas pour son retour, puis s’était à nouveau installé dans son fauteuil
habituel pour retomber dans l’une de ses douloureuses rêveries éveillées. A la cuisine,
Dixon avait Mary Higgins à gronder et à commander. Ses réprimandes, pour être chuchotées,
n’en n’étaient pas moins virulentes ; elle eût en effet estimé irrévérent de
parler à voix haute tant qu’une morte reposait dans la maison. Margaret avait décidé
de ne

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