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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
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termina par une visite à Mary Higgins.
Elle fut assez surprise de trouver là Nicholas Higgins, déjà rentré de son travail.
Les jours allongeaient et elle n’avait pas remarqué l’heure tardive. Lui aussi,
d’après ses manières, semblait avoir avancé un peu plus sur le chemin de l’humilité ;
il était plus calme et moins péremptoire.
    — Alors comme ça, le vieux monsieur est parti voir du pays ?
demanda-t-il. C’est ce que m’ont dit les petiots. C’est des malins, ces chtiots-là.
Je me demande même s’ils sont pas plus malins que mes filles, encore que ça soit
peut-être pas la chose à dire, vu qu’il y en a une dans la tombe. Il doit y avoir
quelque chose dans le temps qu’il fait qui donne aux gens l’envie de se promener.
Mon patron, à la fabrique là-bas, il est parti je sais pas où, loin d’ici.
    — Est-ce pour cette raison que vous êtes rentré si tôt ce
soir ? demanda innocemment Margaret.
    — Vous savez beaucoup, vous ! dit-il avec dédain. Moi
j’ai pas deux faces, une pour mon patron, l’autre pour son dos. J’ai attendu que
toutes les horloges de la ville sonnent avant de quitter mon ouvrage. Non !
Ce Thornton, il mérite peut-être qu’on se bagarre avec, mais il mérite pas qu’on
profite de lui. C’est vous qui me l’avez eue, la place, et je vous remercie de votre
peine. C’est pas une mauvaise fabrique, chez Thornton, par les temps qui courent.
Lève-toi, mon gamin, et récite ton joli cantique à Miss Margaret. C’est ça,
bien d’aplomb sur tes jambes, et le bras droit tendu comme les gars dans les foires.
Un, tu t’arrêtes ; deux, tu bouges plus ; trois, prêt ; quatre, vas-y !
    Le petit garçon récita un cantique méthodiste dont la langue
était beaucoup trop difficile pour qu’il la comprenne, mais dont le rythme bien
cadencé avait charmé son oreille, et qu’il répéta avec l’ample phrasé d’un membre
du Parlement. Lorsque Margaret eut applaudi comme il convenait, Nicholas en réclama
un autre, et un autre encore, à la grande surprise de la jeune fille, qui découvrit
que, contre toute attente, et inconsciemment, il en venait à s’intéresser à ces
mêmes choses sacrées qu’il repoussait auparavant avec mépris.
    Elle rentra chez elle après l’heure habituelle du thé, mais avec
la satisfaction de se dire qu’elle n’avait fait attendre personne, et de pouvoir
laisser libre cours à ses pensées pendant qu’elle se reposait, sans avoir à observer
un proche avec inquiétude en se demandant si elle devait se montrer grave ou gaie.
Après avoir pris le thé, elle décida d’examiner un gros paquet de lettres et de
mettre de côté celles qu’elle voulait jeter.
    Dans cette correspondance, elle retrouva quatre ou cinq missives
de Mr Henry Lennox relatives aux affaires de Frederick ; elle les relut
soigneusement avec la seule intention, au début, de voir quelles chances ténues
avait son frère de faire accepter sa version des événements. Mais lorsqu’elle eut
terminé sa lecture et pesé le pour et le contre, les petites touches personnelles
révélatrices que contenaient les lettres s’imposèrent à son attention. Manifestement,
à en juger par leur ton formel, l’intérêt que Mr Lennox pouvait éprouver pour
l’objet de cette correspondance portait la trace de sa relation avec Margaret, qu’il
n’avait jamais oubliée. C’étaient des lettres habiles, Margaret le vit tout de suite ;
mais aucune chaleur, aucune spontanéité ne se dégageaient d’elles. Elles valaient
cependant la peine d’être conservées, aussi les mit-elle précieusement de côté.
Lorsqu’elle eut terminé, elle resta un long moment à rêver, et la pensée de son
père absent l’obséda étrangement ce soir-là. Elle se reprocha presque d’avoir ressenti
sa solitude (et par conséquent l’absence de son père) comme un soulagement ;
mais ces deux jours l’avaient ragaillardie ; elle sentait en elle un regain
d’énergie et d’optimisme. Des projets qui récemment lui semblaient des tâches pénibles
prenaient maintenant des couleurs plus agréables. Les écailles morbides étant tombées
de ses yeux, elle voyait d’un œil plus réaliste sa situation et son rôle. Si seulement
Mr Thornton acceptait de lui rendre son amitié d’autrefois ; si seulement il
voulait bien venir de temps en temps pour distraire son père comme avant, même si
elle ne le voyait plus, elle avait le sentiment que ses perspectives

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