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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
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endroit pour venir à Milton.
    Il déplia son journal à nouveau d’un air déterminé devant lui,
comme s’il entendait décourager toute autre conversation. Quant à Mr Bell,
il laissa son esprit retourner tout naturellement à sa première préoccupation, qui
était la meilleure façon d’annoncer la nouvelle à Margaret.
    Elle se trouvait à une fenêtre du premier étage lorsqu’elle le
vit descendre de voiture, et devina la vérité d’instinct, en un éclair. Elle resta
au milieu du salon comme arrêtée dans son premier élan, qui était de se précipiter
en bas, et devint toute blanche et figée, comme si cette pensée paralysante l’avait
pétrifiée.
    — Oh, ne me dites rien ! A votre visage, je le devine.
Vous auriez envoyé quelqu’un, vous n’auriez jamais laissé papa seul, s’il avait
été vivant ! Oh, papa, papa !

 
     
     
     
     
     
     
     
     
    CHAPITRE
XVII
     
    Seule ! Seule !
     
     
     
    « Quand
se tait brusquement une voix bien-aimée
    Qui était
pour vous seul douceur et harmonie,
    Quand
le silence tremble et bat autour de vous :
    Un mal
nouveau que vos larmes n’osent troubler,
    Quel
espoir, quel secours, ou quelle mélodie
    Pourra
donc l’empêcher de pénétrer vos sens ? »
    Mrs Browning [99] .
     
     
    Le choc avait été grand. Margaret tomba dans un état de prostration
qui ne se manifesta ni par des sanglots ni par des larmes, et ne trouva même pas
le réconfort des mots. Étendue sur le divan, les yeux clos, elle ne parlait que
lorsqu’on lui adressait la parole, et répondait par des murmures. Mr Bell était
déconcerté. Il n’osait la laisser seule, ni lui demander de revenir avec lui à Oxford,
alors que c’était l’un des projets qu’il avait formés pendant son voyage à Milton ;
l’épuisement physique de Margaret était manifestement trop grand pour qu’elle puisse
supporter pareille fatigue, et excluait totalement de l’exposer au spectacle qu’elle
devrait affronter à son arrivée. Mr Bell, installé devant la cheminée, réfléchissait
au meilleur parti à prendre. Près de lui, Margaret était étendue, immobile, presque
inanimée. Il ne voulut pas la quitter, même pour le repas que Dixon avait préparé
pour lui en bas, et qu’elle le priait, hospitalière malgré son chagrin, de bien
vouloir prendre. Il se fit monter une assiette. En temps normal, il était plutôt
difficile, fin gourmet, et reconnaissait chacune des saveurs sur sa langue, mais
ce jour-là, le poulet à la diable avait un goût de sciure. Il en coupa une part
en petits morceaux qu’il sala et poivra pour Margaret ; mais lorsque Dixon,
suivant ses instructions, voulut la faire manger, la jeune fille refusa d’un hochement
de tête, laissant entendre que dans son état, la moindre bouchée l’étoufferait au
lieu de la nourrir.
    Mr Bell poussa un grand soupir, se redressa, déplia ses
vieux membres robustes ankylosés par le voyage, et suivit Dixon hors de la pièce.
    — Je ne peux pas la laisser. Je dois écrire à Oxford pour
m’assurer que les préparatifs de l’enterrement sont en cours : on peut se passer
de moi jusqu’à mon retour. Mrs Lennox ne pourrait-elle venir auprès de Margaret ?
Je vais lui écrire pour lui dire qu’elle doit le faire. Margaret a besoin de la
présence d’une intime auprès d’elle, ne serait-ce que pour lui parler et provoquer
une bonne crise de larmes.
    Dixon pleurait, assez pour deux au reste. Mais après s’être essuyé
les yeux et raffermi la voix, elle réussit à expliquer à Mr Bell que
Mrs Lennox était trop près de son terme pour entreprendre un voyage maintenant.
    — Dans ce cas, je suppose que nous devons nous tourner vers
Mrs Shaw ; elle est rentrée en Angleterre, n’est-ce pas ?
    — Oui, Monsieur, elle est revenue ; mais je ne pense
pas qu’elle souhaite quitter Mrs Lennox dans sa situation intéressante, répliqua
Dixon, qui n’avait guère envie de voir une étrangère s’installer dans la maison
et partager avec elle le soin de veiller sur Margaret.
    — Une situation intéressante ! Du diable si...
    Mr Bell réfréna son exaspération et la fin de sa phrase
se perdit dans une quinte de toux.
    — La dernière fois que pareil événement intéressant s’est
produit, à Corfou, je crois, Mrs Shaw ne s’est pas plainte d’être à Venise,
ou Naples ou l’une de ces villes papistes. Et quelle importance peut avoir la situation
intéressante de cette petite dame prospère

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