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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
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comparée à cette créature infortunée
que nous avons sous les yeux, notre Margaret sans appui, sans foyer, sans amis,
allongée, immobile sur ce divan comme sur une tombe dont elle serait la statue de
pierre ? Je vous garantis que Mrs Shaw va venir. Veillez à ce qu’une pièce,
ou ce dont elle a besoin, soit prête pour elle d’ici demain soir. Je ferai en sorte
qu’elle vienne.
    En conséquence, Mr Bell écrivit une lettre, dont
Mrs Shaw déclara avec bien des larmes qu’elle était semblable en tout point
à ce qu’eût pu écrire le général lorsqu’il sentait venir une attaque de goutte,
ajoutant qu’elle la conserverait toujours précieusement. Si Mr Bell lui avait
donné le choix en la sollicitant ou en la priant comme si un refus était possible,
peut-être ne se fût-elle pas déplacée, malgré sa sincère affection pour Margaret.
Il fallait un ordre sévère qui faisait fi de toute courtoisie pour vaincre sa vis
inertiae, et la décider à laisser sa camériste l’expédier après avoir préparé ses
bagages. Edith, tout en bonnets, châles et larmes, vint jusqu’en haut des marches
tandis que le capitaine Lennox conduisait sa mère jusqu’à la voiture :
    — N’oublie pas, maman, que Margaret doit venir s’installer
chez nous. Cosmo ira à Oxford mercredi et tu nous feras dire par l’intermédiaire
de Mr Bell quand nous devons t’attendre. Si tu as besoin de Sholto, il pourra
prendre le train à Oxford pour aller à Milton. N’oublie pas, maman, que tu dois
ramener Margaret.
    Edith retourna dans le salon. Mr Henry Lennox se trouvait
là, occupé à couper les pages d’un nouvel exemplaire de la Review . Sans lever
la tête, il déclara :
    — Si vous n’avez pas envie que Cosmo reste si longtemps
loin de vous, Edith, j’espère que vous me laisserez aller à Milton pour me mettre
à la disposition de ces dames.
    — Oh, je vous remercie. Je suis certaine que le vieux
Mr Bell fera tout ce qui est en son pouvoir ; il se peut qu’il n’y ait
pas besoin d’aide supplémentaire. À ceci près que l’on ne s’attend guère à rencontrer
beaucoup de savoir-faire * chez un professeur d’université. Chère, très chère
Margaret ! Quel plaisir de l’avoir à nouveau parmi nous ! Vous étiez grands
amis jadis.
    — Ah oui ? dit-il d’un ton indifférent, faisant mine
de s’intéresser à un passage de la Review .
    — Ma foi, peut-être pas, je ne sais plus. Je n’avais d’yeux
que pour Cosmo. Mais le hasard fait tout de même bien les choses : il a fallu
que mon oncle meure au moment précis où nous revenons nous installer dans notre
ancienne maison et sommes prêts à recevoir Margaret. La pauvre ! Quel changement
ce sera pour elle, après Milton ! Je vais faire retapisser sa chambre avec
de l’indienne, pour qu’elle la trouve toute pimpante à son arrivée. Cela lui remontera
un peu le moral.
    Mrs Shaw entreprit son voyage dans le même esprit généreux ;
elle redoutait de temps à autre la première rencontre et se demandait comment elle
se passerait ; mais en général, elle faisait des projets pour inciter Margaret
à quitter au plus vite « cet horrible endroit », et réintégrer l’univers
agréable et douillet de Harley Street.
    — Grand Dieu ! dit-elle à sa femme de chambre, regardez
ces cheminées ! Ma pauvre sœur ! Je ne crois pas que j’aurais eu une minute
de répit à Naples si j’avais pu m’imaginer une ville pareille. Je serais venue la
chercher ainsi que Margaret.
    Intérieurement, elle se dit qu’elle avait toujours pris son beau-frère
pour un homme faible, mais que c’était seulement maintenant, en voyant contre quel
lieu il avait échangé la charmante maison de Helstone, qu’elle prenait toute la
mesure de sa faiblesse.
    L’état de Margaret n’avait pas changé. Toujours aussi blanche,
elle ne bougeait ni ne parlait ni ne pleurait. On lui avait annoncé que sa tante
Shaw allait arriver, mais elle n’avait exprimé ni surprise, ni plaisir, ni déplaisir
à cette idée. Mr Bell, qui avait retrouvé son appétit et qui appréciait les
efforts de Dixon pour le flatter, insista en vain auprès de Margaret pour qu’elle
goûte les ris de veau à la sauce aux huîtres. Elle secoua la tête avec la même obstination
tranquille que la veille et il fut obligé de se consoler de son refus en mangeant
à lui tout seul le plat entier. Elle fut cependant la première à entendre s’arrêter
le fiacre qui amenait sa

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