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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
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temps où Miss Hale se trouvait ici, apparemment abandonnée
et obligée d’affronter seule tant de soucis ? poursuivit Mrs Thornton.
    La réponse à sa question ne l’intéressait cependant pas assez
pour qu’elle l’attendît. Elle sortit de la pièce pour prendre quelques dispositions
d’ordre domestique.
    — Ils vivaient à l’étranger. Ils ont quelques droits sur
elle, je leur reconnais cette justice. La tante l’a élevée, et sa cousine et elle
sont comme deux sœurs. Mais ce qui me contrarie, voyez-vous, c’est que j’aurais
souhaité la prendre auprès de moi comme ma fille ; et je suis jaloux de ces
gens qui ne semblent pas se rendre compte du privilège légitime dont ils jouissent.
Ce serait différent si c’était Frederick qui la réclamait auprès de lui.
    — Frederick ! s’exclama Mr Thornton. Qui est-ce ?
De quel droit...
    Il s’arrêta net, conscient de l’excessive véhémence de sa question.
    — Frederick ? répéta Mr Bell, surpris. Mais n’êtes-vous
pas au courant ? C’est son frère. N’avez-vous pas entendu parler...
    — Je n’ai jamais entendu son nom. Où est-il ? Qui est-il ?
    — J’ai tout de même dû vous parler de lui quand la famille
est venue s’installer à Milton. C’est le fils qui a été mêlé à cette fameuse mutinerie.
    — C’est la première fois que j’entends parler de lui. Où
habite-t-il ?
    — En Espagne. Il risque d’être arrêté s’il remet les pieds
sur le sol anglais. Le pauvre ! Il va être bien peiné de ne pouvoir assister
à l’enterrement de son père. Nous devrons nous contenter du capitaine Lennox ;
car je ne vois pas d’autre parent à inviter.
    — J’espère être autorisé à y assister ?
    — Mais certainement, et nous vous en serons reconnaissants.
Vous êtes un brave garçon, au fond, Thornton. Hale avait de l’affection pour vous.
L’autre jour, à Oxford, il m’a parlé de vous. Il regrettait de vous avoir si peu
vu ces derniers temps. Je vous suis très obligé pour tout le respect que vous lui
témoignez.
    — Mais parlons de Frederick : ne vient-il jamais en
Angleterre ?
    — Jamais.
    — N’était-il pas là au moment de la mort de Mrs Hale ?
    — Non. Vous savez, j’étais là moi-même. Je n’avais pas revu
Hale depuis des années, et si vous vous en souvenez, je suis venu... Non, c’est
quelque temps après que je suis venu. Mais le pauvre Frederick n’était pas là au
moment de la mort de sa mère. Qu’est-ce qui a pu vous faire penser le contraire ?
    — J’ai vu un jeune homme se promener avec Miss Hale
un jour, et je crois que c’était à ce moment-là, répondit Mr Thornton.
    — Oh, c’était sûrement le jeune Lennox, le frère du capitaine.
C’est un avocat, et les Hale ont entretenu avec lui une correspondance suivie.
Mr Hale m’avait dit qu’il pensait que Mr Lennox viendrait, je me souviens.
Savez-vous..., poursuivit Mr Bell, qui se retourna en fermant un œil pour concentrer
toute la force de l’autre sur le visage de Mr Thornton, qu’il scruta avec attention
... que je m’étais imaginé jadis que vous éprouviez quelque tendresse pour Margaret.
    Mr Thornton ne sourcilla ni ne répondit.
    — Et ce pauvre Hale aussi. Pas tout de suite, et pas avant
que je lui aie mis la puce à l’oreille.
    — J’ai admiré Miss Hale, comme tout le monde. C’est
une belle créature, répondit Mr Thornton, pris au dépourvu par l’interrogatoire
opiniâtre de Mr Bell.
    — C’est là tout ce que vous avez à dire ? Vous êtes
capable de parler d’elle de ce ton pondéré, comme d’une « belle créature »
et rien d’autre, comme de quelque chose qui attire l’œil. J’espérais trouver en
vous assez de noblesse pour lui rendre hommage avec votre cœur. Mais je crois...
en fait je sais qu’elle vous aurait repoussé. Cependant, l’aimer sans être payé
de retour vous aurait exalté davantage que tous ceux, quels qu’ils soient, qui n’ont
jamais eu l’occasion de l’aimer. « Une belle créature », par exemple !
A vous entendre, on croirait que vous parlez d’une jument ou d’une chienne.
    Les yeux de Mr Thornton étincelèrent comme deux escarboucles.
    — Mr Bell, dit-il, avant de parler, souvenez-vous que
tout le monde n’est pas aussi libre que vous d’exprimer ses sentiments. Changeons
de sujet.
    Car bien que son cœur eût bondi, comme s’il répondait à l’appel
d’une trompette, en entendant chacune

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