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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
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fut touchée par le charme auquel
elle s’était avérée jusqu’à présent invulnérable.
    — Oui, je vous crois. N’en parlons plus. Où allez-vous vivre.
Miss Hale ? D’après ce qu’a dit Mr Bell, j’ai cru comprendre que
vous quittiez Milton. Il est vrai que vous ne vous y êtes jamais plu, dit
Mrs Thornton avec un petit sourire austère. Malgré tout, vous ne devez pas
vous attendre à ce que je vous félicite de votre départ. Où comptez-vous habiter ?
    — Chez ma tante, répondit Margaret en se tournant vers
Mrs Shaw.
    — Ma nièce habitera chez moi à Harley Street. C’est presque
une fille pour moi, dit Mrs Shaw en posant sur Margaret un regard plein d’affection ;
et c’est avec plaisir que je suis votre obligée pour toutes les bontés que vous
avez pu lui témoigner. Si vous et votre mari venez un jour à Londres, mon gendre
et ma fille, le capitaine Lennox et son épouse, se joindront à moi, j’en suis sûre,
pour souhaiter faire tout ce qui est en notre pouvoir pour vous rendre service.
    Mrs Thornton se dit que Margaret avait montré quelque négligence
dans les informations qu’elle avait données à sa tante sur les relations entre
Mr et Mrs Thornton, à qui cette belle dame souhaitait étendre son aimable
protection. Elle répondit donc assez sèchement :
    — Mon mari est mort. Mr Thornton est mon fils. Comme
je ne vais jamais à Londres, il est peu probable que je mette à profit vos aimables
propositions.
    À cet instant précis, Mr Thornton entra dans la pièce, arrivant
juste d’Oxford.
    — John, dit sa mère, voici Mrs Shaw, la tante de
Miss Hale. J’ai le regret de t’annoncer que Miss Hale est venue nous faire
ses adieux.
    — Ainsi, vous partez, dit-il à mi-voix.
    — Oui, répondit Margaret. Nous quittons Milton demain.
    — Mon gendre arrive ce soir pour nous accompagner, ajouta
Mrs Shaw.
    Mr Thornton se détourna. Il ne s’était pas assis, et semblait
maintenant examiner quelque chose sur la table, comme s’il avait découvert une lettre
qui n’avait pas été ouverte, et qui lui faisait oublier la compagnie. Il ne sembla
même pas s’apercevoir du moment où les visiteuses se levèrent pour prendre congé.
Il s’avança cependant pour aider Mrs Shaw à descendre jusqu’à la voiture. Lorsque
celle-ci s’approcha, il se trouva debout sur le seuil près de Margaret. Il était
impossible que le souvenir du jour de l’émeute ne s’imposât à leur esprit. Dans
celui de Mr Thornton, il était associé aux propos que lui avait tenus Margaret
le lendemain, à l’ardeur avec laquelle elle avait affirmé qu’à ses yeux, il n’y
avait pas un homme dans cette foule violente et aux abois qui ne fût à ses yeux
aussi important que lui. Au souvenir des paroles méprisantes de Margaret, le front
de Mr Thornton s’assombrit, malgré l’amour éperdu qui lui faisait battre le
cœur.
    « Non, se dit-il. Je me suis exposé une fois, et j’ai tout
perdu. Qu’elle parte, avec son cœur de pierre et sa beauté ; comme elle a le
visage fermé, terrible malgré le charme de ses traits ! Elle a peur que je
ne prononce des paroles qui méritent quelque réplique sévère. Qu’elle parte. Malgré
sa fortune et sa beauté, elle aura du mal à trouver un cœur plus sincère que le
mien. Qu’elle parte ! »
    Et aucun regret ni aucune émotion ne transparurent dans sa voix
lorsqu’il lui dit au revoir ; la main tendue fut prise avec un calme délibéré
et relâchée aussi négligemment que s’il se fût agi d’une fleur fanée. Mais dans
la maison, personne ne revit Mr Thornton de la journée. Il était fort occupe ;
c’est du moins ce qu’il fit savoir.
     
     
    Margaret se trouva si totalement épuisée au terme de ces visites
qu’elle subit avec docilité les attentions de sa tante, qui ne la quittait pas des
yeux et ne cessait de la dorloter en soupirant des « je te l’avais bien dit ».
Dixon affirma qu’elle la trouvait aussi mal que le jour où elle avait appris la
mort de son père ; Mrs Shaw et elle se demandèrent s’il ne serait pas
préférable de retarder le voyage prévu pour le lendemain.
    Mais lorsque sa tante lui proposa, non sans réticence, d’attendre
quelques jours pour partir, Margaret eut une crispation de tout le corps, comme
sous l’effet d’une douleur aiguë, et s’écria :
    — Oh ! partons. Je ne peux supporter d’être ici. Je
ne me remettrai pas ici. J’ai besoin d’oublier.
    Aussi

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