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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
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sortir de la voiture, traverser la cour
et se faire à chaque instant gifler le visage par le linge mouillé séchant sur des
cordes tendues entre les maisons.
    Dans l’esprit de Mrs Shaw se déroulait une petite lutte
entre l’amour de son confort et les convenances que devait observer une dame de
son âge ; mais ce fut le premier qui l’emporta ; après avoir recommandé
maintes fois à Margaret de faire bien attention à elle et de ne pas attraper une
de ces fièvres qui rôdent toujours en pareils endroits, sa tante l’autorisa à se
rendre sans elle en un heu où elle était souvent allée auparavant sans prendre la
moindre précaution ni demander la permission.
    Nicholas était absent ; il n’y avait que Mary et un ou deux
des petits Boucher. Margaret se reprocha de ne pas avoir choisi un moment plus propice
pour sa visite. Mary avait un esprit très fruste, malgré un cœur chaleureux et bienveillant ;
dès qu’elle eut compris le propos de la visite de Margaret, elle se mit à pleurer
et à sangloter avec si peu de retenue que Margaret trouva inutile de dire les mille
et une petites choses auxquelles elle avait songé pendant le trajet en voiture.
Il ne lui restait plus qu’à essayer de réconforter la jeune fille en évoquant la
vague possibilité de retrouvailles plus tard, ailleurs, et à la prier de dire à
son père qu’elle souhaitait vivement qu’il vienne la voir, s’il en avait le temps,
ce soir-là après avoir terminé son travail.
    Au moment de partir, elle s’immobilisa, regarda autour d’elle
et hésita quelques instants avant de dire :
    — J’aimerais avoir une petite chose qui me rappelle Bessy.
    Cela stimula aussitôt la générosité de Mary. Que pouvait-on lui
donner ? Lorsque Margaret choisit une petite tasse ordinaire qu’elle se rappelait
avoir toujours vue au chevet de Bessy, au cas où elle voudrait y tremper ses lèvres
fiévreuses, Mary protesta :
    — Prenez donc autre chose de mieux ! Ça vaut même pas
quatre pence !
    — Ça ira très bien, dit Margaret.
    Et elle partit très vite, pendant que le plaisir d’avoir quelque
chose à donner illuminait encore le visage de Mary.
    « Et maintenant, il faut aller chez Mrs Thornton, pensa
Margaret. Il le faut. » Mais à cette idée, elle pâlit et se raidit. Elle eut
bien du mal à trouver les mots pour expliquer à sa tante qui était Mrs Thornton
et pourquoi elle devait lui dire adieu.
    Cette fois-ci, Mrs Shaw descendit de la voiture, et on les
introduisit dans le salon, où un feu venait d’être allumé. Mrs Shaw s’enveloppa
dans son châle et frissonna.
    — Quelle pièce glaciale, dit-elle.
    Elles durent attendre un moment avant que Mrs Thornton fasse
son entrée. Maintenant que Margaret partait loin d’elle, elle s’était quelque peu
radoucie à son égard. Elle se souvenait du courage dont elle avait fait preuve à
diverses reprises et dans divers endroits, encore plus que de la patience avec laquelle
elle avait supporté la fatigue de soucis prolongés. Elle se montra plus aimable
qu’à son habitude lorsqu’elle la salua ; elle laissa même percer dans ses manières
un soupçon de tendresse en remarquant le visage pâle, gonflé de larmes, et le tremblement
dans la voix que Margaret essayait de maîtriser.
    — Permettez-moi de vous présenter ma tante, Mrs Shaw.
Je quitte Milton demain, je ne sais pas si vous en étiez informé. Mais je tenais
à vous revoir une dernière fois, Mrs Thornton, pour vous prier d’excuser mes
manières lors de notre dernière rencontre, et pour vous dire que je suis sûre que
vos intentions étaient bonnes, bien que nous nous soyons fort mal comprises.
    Mrs Shaw parut extrêmement surprise par les propos de Margaret.
Des remerciements pour des bontés ! Des excuses pour de mauvaises manières !
Mais Mrs Thornton répondit :
    — Je suis bien aise que vous me rendiez justice,
Miss Hale. En vous adressant des remontrances, je n’ai écouté que mon devoir.
J’ai toujours désiré jouer avec vous le rôle d’une amie. Je suis bien aise que vous
me rendiez justice.
    — Alors, dit Margaret, qui rougit profondément en prononçant
ces mots, voulez-vous me rendre justice aussi, et croire que si je ne peux ni ne
veux vous donner d’explication sur ma conduite, je n’ai pas agi de la façon inconvenante
que vous vous étiez imaginée.
    Margaret parlait d’une voix si douce, ses yeux se faisaient si
implorants que pour une fois, Mrs Thornton

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