Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
Vom Netzwerk:
plus pareil ; et cette légère instabilité
qui affectait tout lui avait causé plus de peine que si tout était devenu méconnaissable.
    — Je commence maintenant à comprendre ce que doit être le
ciel. Oh, que de paix et de grandeur dans ces mots : « Aujourd’hui comme
hier et à jamais. » L’éternité ! « De toujours à toujours, Tu es
Dieu [110] . »
Le ciel au-dessus de moi semble ne jamais devoir changer, or il le fera. Je suis
si lasse, si lasse d’être catapultée à travers toutes ces phases de ma vie où tout
bouge auprès de moi, les êtres comme les lieux. On dirait le cercle dans lequel
tournoient à jamais les victimes des passions terrestres [111] . Je suis dans l’état
d’esprit où les femmes d’autres religions prennent le voile. Je recherche la pérennité
du ciel dans la monotonie terrestre. Si j’étais catholique, et pouvais rendre mon
cœur insensible en lui infligeant un grand coup, je me ferais peut-être religieuse.
Mais je soupirerais après mes semblables ; non, pas mes semblables, car jamais
l’amour de l’espèce humaine ne pourrait remplir mon cœur à l’exclusion de toute
affection pour des individus. Peut-être doit-il en être ainsi, peut-être non. Je
ne peux en décider ce soir.
    Elle alla se coucher péniblement. Péniblement, elle se leva quatre
ou cinq heures plus tard. Mais avec le matin revinrent l’espoir et une vision des
choses plus optimiste.
    — Après tout, il est juste qu’il en soit ainsi, dit-elle
en entendant les voix des enfants qui jouaient pendant qu’elle s’habillait. Si le
monde restait immobile, il reculerait et se corromprait, à moins que ce soit là
un raisonnement biscornu. Si je fais abstraction de mes sentiments personnels et
du désagrément que j’ai à constater les changements, le progrès de tout ce qui m’entoure
est bon et nécessaire. Si je dois avoir un jugement sain et garder mon espoir et
ma confiance en Dieu, je ne dois pas tant penser à la façon dont les circonstances
m’affectent qu’à la façon dont elles affectent les autres.
    Aussi, avec dans les yeux un sourire prêt à descendre sur ses
lèvres, elle descendit au salon retrouver Mr Bell.
    — Ah, ma petite demoiselle ! Vous avez veillé tard
hier soir et vous descendez tard ce matin. J’ai une petite nouvelle à vous apprendre.
Que diriez-vous d’une invitation à dîner ? Une visite à la première heure,
très littéralement faite dans la rosée du petit matin. Savez-vous que j’ai déjà
vu le pasteur, qui est passé en allant à l’école ? Son empressement matinal
venait-il de son désir de faire à notre hôtesse un sermon sur la tempérance pour
le plus grand bien des faneurs, je ne le sais ; toujours est-il qu’il était
là lorsque je suis descendu juste avant neuf heures ; et nous sommes invités
à dîner aujourd’hui.
    — Mais Edith m’attend, je ne peux accepter, dit Margaret,
heureuse d’avoir une si bonne excuse.
    — Oui, je sais. C’est ce que je lui ai dit. J’ai pensé que
vous n’auriez guère envie d’aller là-bas. Néanmoins, au cas où vous voudriez accepter,
j’ai laissé une porte ouverte.
    — Oh, non ! s’écria Margaret. Tenons-nous-en à notre
projet de partir à midi. C’était très aimable et très généreux de la part du pasteur
et de sa femme, mais je ne saurais accepter.
    — Soit. Ne vous inquiétez pas. Je me charge d’arranger cela.
    Avant de sortir, Margaret se glissa à l’arrière du jardin du
presbytère et cueillit une petite branche de chèvrefeuille qui dépassait. La veille,
elle n’avait pas voulu cueillir de fleur, de peur d’être observée et de faire l’objet
des commentaires du pasteur et de sa femme. Mais lorsqu’elle retraversa le pré communal,
elle retrouva l’atmosphère enchantée du lieu. Les bruits habituels de la vie étaient
plus harmonieux que nulle part ailleurs, la lumière plus dorée, l’existence plus
tranquille, plus chargée de douces rêveries. Et se rappelant ses sentiments de la
veille, Margaret se dit : « Et moi aussi, je change sans cesse, tantôt
sur ce point, tantôt sur tel autre, tantôt déçue et maussade parce que tout n’est
pas exactement tel que je me l’étais représenté, et tantôt découvrant que la réalité
est bien plus belle que je ne l’avais imaginé. Oh, Helstone, jamais aucun lieu ne
me sera aussi cher que toi ! »
    Quelques jours plus tard, en y repensant, elle se dit qu’elle
était très contente

Weitere Kostenlose Bücher