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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
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un léger sentiment
de déception lorsqu’elle en avait fini la lecture. Il ne comptait pas se rendre
à Milton. Ou du moins, il n’en parlait pas. Eh bien, elle serait patiente. Tôt ou
tard, les brumes se dissiperaient. Les dernières lettres de Mr Bell ne lui
ressemblaient guère : très courtes et plaintives, elles avaient une touche
d’amertume inhabituelle. Il n’attendait rien de l’avenir, semblait plutôt regretter
le passé et être las du présent. Margaret le soupçonna d’être souffrant, mais lorsqu’elle
lui demanda des nouvelles de sa santé, il répondit par un mot bref, disant qu’il
existait un mal passé de mode appelé le spleen ; qu’il en souffrait et qu’il
lui laissait décider si cette maladie était mentale ou physique ; mais qu’il
aimerait pouvoir grogner tout son saoul sans être obligé d’envoyer un bulletin de
santé à chaque fois.
    En conséquence, Margaret s’interdit désormais de poser la moindre
question sur sa santé. Un jour, Edith évoqua par hasard un fragment de conversation
qu’elle avait eue avec Mr Bell lors de sa dernière visite, et qui laissa penser
à Margaret qu’il caressait l’idée de l’emmener voir son frère et sa nouvelle belle-sœur
à Cadix à l’automne. Elle assaillit Edith de questions jusqu’à ce que cette dernière,
lassée, déclarât qu’elle ne pouvait se rappeler autre chose ; tout ce qu’il
lui avait expliqué, c’était qu’il estimait devoir aller là-bas et entendre de la
bouche de Frederick tous les détails sur la mutinerie ; et que ce serait pour
Margaret une bonne occasion de faire la connaissance de sa belle-sœur ; que
pendant les grandes vacances, il faisait toujours un voyage et qu’il ne voyait pas
pourquoi il n’irait pas en Espagne tout aussi bien qu’ailleurs. C’était tout. Edith
espérait que l’insistance que Margaret mettait à la questionner n’indiquait pas
qu’elle songeait à les quitter. Alors, comme elle n’avait rien de mieux à faire,
elle se mit à pleurer : elle le savait bien, qu’elle avait beaucoup plus d’affection
pour Margaret que Margaret n’en avait pour elle. Margaret la consola de son mieux,
mais il lui était impossible d’avouer à sa cousine combien l’idée de ce voyage,
même si elle n’était qu’un simple château en Espagne *, la charmait et la
ravissait. Dans l’humeur où elle se trouvait, Edith regarderait tout plaisir pris
loin d’elle comme un affront tacite ou, à tout le moins, une preuve d’indifférence.
Aussi Margaret dut-elle garder pour elle sa joie, et ne put trouver de soupape de
sécurité qu’en demandant à Dixon, lorsqu’elle s’habilla pour le dîner, si elle ne
serait pas bien aise de voir monsieur Frederick et sa nouvelle épouse.
    — Elle est papiste, n’est-ce pas ?
    — A ce que je crois... Oh, oui, certainement, répondit Margaret,
que l’idée refroidit un instant.
    — Et ils habitent en pays papiste ?
    — Oui.
    — Alors, j’ai le regret de vous dire que malgré tout l’attachement
que j’éprouve pour monsieur Frederick, je suis encore plus attachée à mon âme. Je
serais dans un état de terreur perpétuelle, Miss, à l’idée d’être convertie.
    — Oh, dit Margaret, il n’est pas question que j’y aille ;
et si j’y vais, je ne suis pas une si grande dame que je ne puisse me passer de
vous. Non ! Ma bonne vieille Dixon, vous aurez un long congé si nous y allons.
Mais il y a tant de « si » dans cette affaire !
    Ce discours déplut fort à Dixon. D’abord, elle détestait que
Margaret l’appelât sa « bonne vieille Dixon » lorsqu’elle était d’humeur
expansive. Elle savait que Miss Hale avait coutume d’appeler « vieux »
tous ceux qu’elle aimait bien, et que c’était une marque d’affection ; mais
Dixon n’aimait pas qu’on lui appliquât ce terme car, n’ayant guère dépassé la cinquantaine,
elle s’estimait dans la fleur de l’âge. Ensuite, elle n’aimait pas qu’on la prît
si facilement au mot. Malgré la terreur que lui inspirait l’Espagne, elle éprouvait
une certaine fascination pour ce pays, l’Inquisition et les mystères papistes. Aussi,
après s’être éclairci la voix, comme pour montrer sa bonne volonté à surmonter ses
objections, elle demanda à Miss Hale si, pourvu qu’elle prenne soin d’éviter
de voir un prêtre ou d’entrer dans l’une de leurs églises, elle courrait un grand
danger d’être convertie. Monsieur Frederick, à

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