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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
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il s’agissait d’un homme qui avait manifesté son obligeance, elle était disposée
à le traiter avec la plus grande civilité.
    Mr Thornton fut beaucoup plus surpris et déconcerté qu’elle.
Au lieu d’un ecclésiastique d’un certain âge, il vit s’avancer posément vers lui
une jeune fille très différente de celles qu’il avait l’habitude de voir. Elle était
vêtue avec simplicité : un petit chapeau de paille de qualité et élégant, garni
de rubans blancs ; une robe de soie foncée sans aucune garniture ni volant ;
un grand châle indien qui tombait en longs plis sur elle et qu’elle portait drapé
avec la grâce d’une impératrice. Il ne comprit pas qui elle était en rencontrant
son regard franc et simple où il ne lut ni confusion ni embarras. A l’évidence,
sa présence ne troublait pas le moins du monde cette belle créature, dont le teint
d’ivoire pâle ne se colora pas du rose de la surprise. Il avait entendu dire que
Mr Hale avait une fille, mais il s’était imaginé que c’était une enfant.
    — Mr Thornton, sans doute ! dit Margaret après
une pause très brève, pendant laquelle il ne trouva rien à dire. Asseyez-vous, je
vous en prie. Mon père m’a accompagnée à la porte il n’y a pas une minute, mais
malheureusement, on ne l’a pas prévenu de votre visite, et il est parti régler une
affaire. Il sera de retour sans tarder. Je suis désolée que vous ayez eu le désagrément
de devoir vous déplacer deux fois.
    Mr Thornton avait l’habitude d’être en position d’autorité,
mais Margaret parut d’emblée prendre les rênes. Un instant avant qu’elle n’apparaisse,
il s’impatientait déjà, contrarié de perdre son temps un jour de marché ; or
maintenant, il s’assit calmement comme elle l’en priait.
    — Savez-vous où est allé Mr Hale ? Je pourrai
peut-être le retrouver ?
    — Il est parti chez un certain Mr Donkin dans Canute
Street, le propriétaire de la maison que mon père a l’intention de louer à Crampton.
    Mr Thornton connaissait la maison en question. Il avait
vu l’annonce et était allé la visiter, à la demande de Mr Bell, qui l’avait
prié de donner à Mr Hale toute l’assistance possible. Poussé par l’intérêt
qu’il portait à un pasteur ayant abandonné sa charge dans de telles circonstances,
il avait pensé que la maison de Crampton serait parfaite pour les Hale ; mais
maintenant qu’il voyait Margaret, son maintien de reine et sa beauté altière, il
se sentait honteux d’avoir imaginé qu’elle leur conviendrait, malgré une certaine
vulgarité à laquelle il avait été sensible.
    Margaret ne pouvait rien à son apparence ; mais sa courte
lèvre supérieure ourlée, son menton solide, rond et retroussé, son port de tête,
sa façon de bouger si résolument féminine, donnaient toujours à ceux qui ne la connaissaient
pas une impression de supériorité. Pour l’heure, elle était fatiguée et aurait préféré
rester silencieuse et se reposer comme son père le lui avait recommandé ; mais
naturellement, elle se devait de se comporter en femme du monde et de dire quelques
phrases courtoises à cet étranger dont la mise, il fallait bien l’avouer, n’était
ni très élégante, ni impeccable après qu’il avait affronté la cohue des rues de
Milton. Elle aurait souhaité qu’il parte, comme il en avait suggéré la possibilité,
au lieu de rester assis là, à répondre par phrases brèves à toutes ses remarques.
Elle avait ôté son châle, l’avait posé sur le dossier de son fauteuil, et se tenait
face à Mr Thornton, face à la lumière. Sa beauté le frappa de plein fouet :
ce cou rond, blanc et flexible qui s’élevait au-dessus de son buste à la fois souple
et épanoui ; ces lèvres, qui bougeaient si peu lorsqu’elle parlait que son
expression froide et sereine n’en était nullement modifiée, non plus que la courbe
harmonieuse et hautaine de ses sourcils ; ces yeux, sombres et doux, qui fixaient
les siens avec une franchise tranquille et réservée. Avant la fin de leur conversation,
il en était presque arrivé à la conclusion qu’elle lui déplaisait, s’efforçant de
corriger ainsi le sentiment de mortification qu’il éprouvait en constatant qu’il
la regardait avec une admiration difficile à réprimer, tandis qu’elle le considérait
avec une indifférence hautaine et le prenait, pensait-il, pour ce que, dans son
irritation, il s’imaginait être : un

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