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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
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même des visages connus dans les rues car, si la matinée leur avait paru
interminable, et s’ils avaient l’impression que le jour eût dû céder la place au
calme de l’obscurité, ils arrivèrent néanmoins à Londres à l’heure la plus animée
d’un après-midi de novembre. Il y avait longtemps que Mrs Hale n’était pas
revenue dans la capitale, et elle se redressa, presque comme une enfant, pour regarder
les différentes rues qu’ils traversaient, observer les boutiques et les équipages,
et pousser des exclamations.
    — Tiens, mais c’est chez Harrison ! J’y ai acheté l’essentiel
de mon trousseau. Mon Dieu, comme c’est changé ! Il y a des vitrines immenses,
plus grandes que celles de chez Crawford à Southampton. Et puis, ça par exemple !
Non, ce n’est pas lui, mais si ! Margaret, nous venons juste de croiser
Mr Henry Lennox ! Dans laquelle de ces boutiques peut-il bien aller ?
    Margaret se pencha vivement puis recula aussi vite, amusée par
la vigueur de sa réaction. Ils étaient maintenant à cent mètres ; mais
Mr Lennox paraissait être un vestige de Helstone – associé à une matinée ensoleillée,
une journée fertile en rebondissements, et elle préférait le voir sans être vue
et sans qu’ils aient l’occasion de parler.
    La soirée, passée à ne rien faire dans une chambre à l’un des
derniers étages d’un hôtel, fut longue et pesante. Mr Hale sortit pour aller
voir son libraire et rendre visite à un ou deux amis. Tous les gens qu’ils croisaient,
que ce soit à l’hôtel ou dans les rues, paraissaient se hâter vers quelque rendez-vous,
attendre quelqu’un, ou être eux-mêmes attendus. Eux seuls semblaient être étrangers,
tristes et sans amis. Pourtant à moins d’un kilomètre de là, Margaret connaissait
chaque maison ; elle savait que, par égard pour sa tante Shaw, elle et sa mère
y seraient les bienvenues si elles s’y présentaient en toute insouciance, ou en
toute tranquillité d’esprit. En revanche, si elles arrivaient chagrines, en quête
de sympathie pour les soucis complexes qui les accablaient, leur présence serait
fâcheuse partout, car ces maisons étaient celles de relations familières mais non
d’amis véritables. La vie à Londres est un tourbillon tel qu’elle n’admet pas même
une heure de ce silence plein de compassion qui fut celui des amis de Job lorsque,
s’asseyant à terre près de lui, ils restèrent ainsi durant sept jours et sept nuits.
Aucun ne lui adressa la parole, au spectacle d’une si grande douleur [16] .

 
     
     
     
     
     
     
     
     
    CHAPITRE
VII
     
    Nouveaux horizons, nouveaux visages
     
     
     
    La brume
obscurcit le soleil
    Et de
tous côtés nous sommes cernés
    De maisons
naines, noires de fumée.
    Matthew
Arnold [17] .
     
     
    Le lendemain après-midi, à une trentaine de kilomètres de Milton-Northern,
ils bifurquèrent vers la petite ligne de chemin de fer menant à Heston. La ville
elle-même n’était qu’une longue rue aux maisons disséminées, parallèle au rivage.
Elle avait un certain caractère, bien distinct des petites stations balnéaires du
Sud de l’Angleterre, qui diffèrent encore de celles du continent. On y semblait
plus soucieux d’efficacité qu’ailleurs. Il y avait plus de métal sur les carrioles
et moins de cuir et de bois dans le harnachement des chevaux ; les gens dans
les rues, venus pour flâner et se distraire, n’avaient pas pour autant l’esprit
inactif. Les couleurs paraissaient plus grises, plus durables, moins gaies et moins
décoratives. Même les paysans ne portaient pas le sarrau : ce vêtement empêchait
de se mouvoir rapidement et risquait de se prendre dans les machines, aussi l’habitude
de l’utiliser s’était-elle perdue. Dans des villes analogues du Sud de l’Angleterre,
Margaret avait vu les commerçants, lorsqu’ils n’étaient pas occupés au magasin,
prendre l’air sur le pas de leur porte et jouir du spectacle de la rue. Ici, quand
les clients leur laissaient quelque loisir, ils trouvaient à s’occuper dans leur
boutique : fût-ce à dérouler et ré-enrouler des rubans qui n’en avaient nul
besoin, se dit Margaret. Toutes ces différences la frappèrent lorsque, avec sa mère,
elle partit le lendemain en quête d’un meublé.
    Leurs deux nuits à l’hôtel ayant coûté à Mr Hale plus cher
qu’il ne l’avait prévu, ils prirent le premier logement propre, plaisant et immédiatement
disponible qu’ils

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